Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

"Il ne faut pas se limiter au sportif, sinon on n'y arrivera pas"

Julien Huet

Publié 17/11/2017 à 09:57 GMT+1

LIGUE 1 - Xavier Pierrot, le stadium manager du Groupama Stadium, détaille la nouvelle politique de l'Olympique Lyonnais : remplir son stade, quitte à baisser parfois très franchement les tarifs.

Les supporters de Lyon en Ligue 1 2016-2017

Crédit: Getty Images

Comment aviez-vous décidé de fixer à 10€ le prix des places dans tout le stade pour la rencontre devant Metz ?
Xavier Pierrot : Le match avait été fixé par la Ligue un dimanche à 15h, en pleine vacances scolaires en plus. Dès qu'on avait connu cette date, on s'était dit qu'on allait faire un test avec un prix très familial. On avait donc décidé de casser les prix. En interne, on avait fait des paris sur l'affluence. Personne n'avait envisagé le guichet fermé, encore moins à quatre jours du match.
Quelles leçons avez-vous tiré de l'affluence (53 921) ?
X.P. : On a été ravis que l'opération se soit bien déroulée. Nous avions aussi un autre test contre Everton avec des places à 15€ sur la volée haute et, malgré des restrictions de vente très fortes, cela nous avait permis de remplir les trois-quarts de celle-ci. A l'OL, le principe est maintenant d'essayer de remplir le plus souvent et le plus possible cette volée haute. Avec une nouvelle opération à 15€, on espère approcher les 50 000 spectateurs dimanche contre Montpellier, ce qui est un très bon chiffre. Tout ceci signifie que la demande est au rendez-vous quand le prix est attractif.
Geronimo Poblete et Nabil Fekir lors de Lyon - Metz en Ligue 1 le 29 octobre 2017
En terme d'image, le bénéfice avait été immédiat...
X.P. : L'objectif était double. Remplir sur un match qui n'est pas une affiche et montrer que nous sommes à l'écoute, contrairement à ce qu'on entend parfois. Financièrement, on a gagné en terme de chiffres d'affaires mais on a perdu en terme de marge car il y avait des coûts en plus. Mais ce n'était pas la priorité qui était de raisonner sur le moyen et le long terme.
Justement, avant Metz, vous espériez que certains profitent de l'opération pour découvrir le stade. Cela a-t-il été le cas ?
X.P. : On confirme que plusieurs milliers de spectateurs qui n'étaient jamais venus au Groupama Stadium ont profité de la tarification pour venir pour ce match. Et ils ont même depuis racheté des billets pour les prochaines rencontres ! Contre Lille, les places seront à 9€ pour les étudiants car le match sera en semaine. On teste plein de choses. On essaie d'être imaginatif car l'objectif est bien de faire mieux en terme de remplissage de stade. Même si l'affluence moyenne est très bonne en Ligue 1 puisque nous sommes au-delà des 40 000 (41 461, Ndlr). Si on peut faire mieux, on ne va pas s'en priver.
Le noyau dur des supporters viendra toujours si la tarification est adaptée
Que pensez-vous des propos d'Anthony Thiodet quand il déclare qu'il "faut arrêter de dire qu'il faut jouer uniquement sur le levier prix" et qu'il "ne faut pas vendre uniquement du football' ?
X.P. : Il a raison sur le principe pour attirer un public moins "hardcore" (sic). D'où, par exemple, notre nouvel éclairage LED qui nous permet de faire des petits shows avant et après les matchs. Mais je ne peux pas être aussi d'accord avec sur lui sur l'élasticité entre le prix et la demande. Les résultats d'affluence contre Metz et Everton prouvent bien qu'on arrive à faire venir plus de monde quand la tarification est adaptée.
Quels sont les autres leviers ?
X.P. : Quand les résultats sont bons, c'est plus facile de faire venir du monde. Mais le noyau dur des supporters viendra toujours si la tarification est adaptée. Et il faut un accueil de top niveau, un confort maximal et un vrai sentiment de spectacle autour du stade : les animations d'avant-match avec de la musique au virage nord et le village famille au sud, le spectacle dans les gradins...
Bruno Genesio (Lyon) en Ligue 1 2017-2018
L'ambiance est importante ?
X.P. : Elle est très importante. Il faut trouver le juste milieu entre la sécurité et l'animation. A Lyon, on travaille avec nos groupes de supporters et cela se passe très bien. Le Kop Virage Nord fête cette saison ses 30 ans et cela crée un vrai spectacle dans les tribunes. Contre Metz, mon fils m'a confié qu'il avait plus regardé le virage que le match en deuxième mi-temps ! Il ne faut pas se limiter au sportif, sinon on n'y arrivera pas. C'est là où je rejoins Anthony Thiodet : nous ne sommes pas à l'abri d'un mauvais match ou d'un mauvais résultat, notre rôle est donc de développer tout ce qu'il y a autour de la rencontre.
On a plus le droit de compenser le confort de la maison par le live
Quid des nouvelles générations ?
X.P. : Il faut que le stade soit l'équivalent de ce que vous trouvez chez vous et, en plus, vous vivez le live. On a plus le droit de compenser le confort de la maison par le live. Il faut être bien installé, pouvoir choisir son angle de ralenti sur son application, avoir des sanitaires de qualité… Quand vous regardez un mauvais match chez vous, vous pouvez zapper. Dans les tribunes, ce n'est pas pareil. Rien ne remplace l'ambiance d'un stade et, en plus, vous participez vous-même au spectacle.
Au niveau du confort, que souhaitez-vous améliorer en priorité à l'OL ?
X.P. : On améliore petit à petit la buvette. Mais ça ne marche pas comme aux Etats-Unis où les gens y sont sans arrêt. On doit mieux répondre à l'énorme pic d'affluence à la mi-temps. De gros travaux sont prévus dans les tribunes Est et Ouest pour faire des frites directement dans le stade, ce qui n'était pas possible avant. On s'est amélioré sur la qualité, on travaille de près avec notre prestataire. Et on essaie de développer la livraison à la place.
Le stade est très rarement à guichets fermés, est-ce une déception ?
X.P. : Non car nous sommes en phase avec le business-model initial. Nous avions toujours dit que la volée haute ne serait pas tout le temps ouverte. Et quand on voit l'engouement extraordinaire pour un match contre la lanterne rouge, il faut s'en réjouir car d'autres clubs pratiquent des prix attractifs et n'ont pas cette réussite. D'ailleurs, même le staff n'en revenait pas : Bruno (Genesio) était ravi d'avoir autant de monde derrière l'équipe pour les pousser à gagner à l'époque un quatrième match d'affilée.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité