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Les chamailleries au point de penalty ? "Une dérive de l'époque où chacun veut son but"

Martin Mosnier

Mis à jour 26/10/2017 à 17:09 GMT+2

LIGUE 1 – Depuis un mois, la Ligue 1 a vu fleurir sur ses pelouses des disputes entre coéquipiers au point de penalty. Ce n'est pas nouveau mais ces situations se multiplient. Pourquoi ? Tentatives de réponse.

Cavani et Neymar (PSG)

Crédit: Getty Images

C'est une chamaillerie vieille comme le monde. Un réflexe de cour d'école. Faute dans la surface, penalty et une foule de prétendants qui se pressent autour de la balle. Pourquoi le confisquer aux autres ? Pour un moment de gloire, un duel ultime face au gardien. Le plaisir simple, la raison d'être de ce jeu : marquer un but. Être la star de la cour de récré, être celui qui fait basculer la rencontre, ajouter une croix sur son tableau de statistiques personnelles. Le penalty fait des envieux et ce petit jeu n'est plus réservé aux enfants ou aux terrains amateurs.
Cavani et Neymar, Dabo et Hamouma, Mariano et Depay : ces dernières semaines, la Ligue 1 fut le théâtre de trois chamailleries pour un penalty. Pour trois raisons différentes :
  • Neymar – Cavani : une histoire de statut
Neymar arrive dans son nouveau club. Il est la nouvelle star du PSG et de la Ligue 1. Etoile la plus brillante de la galaxie PSG, il estime être dans son bon droit et réclame la balle face à l'OL le 17 septembre dernier. Problème, Edinson Cavani, serial buteur depuis plusieurs saisons et spécialiste maison du penalty, ne compte pas s'effacer sans rien dire. Guerre de coqs, guerre d'ego, chacun cherche à marquer son territoire au cœur d'un effectif cinq étoiles. Si l'Equipe a évoqué une histoire de primes et de gros sous, difficile d'imaginer que l'argent est la motivation première dans le feu de l'action.
  • Dabo – Hamouma : une histoire de famille
En l'absence de Jonathan Bamba face à Metz, Romain Hamouma est désigné comme tireur numéro 1. Mais Bryan Dabo lui confisque la balle : "J'ai pensé à toute ma famille qui était dans le stade et à ma chérie", se justifie le milieu de terrain.*
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Finis les soucis : Garcia va désigner un tireur de penalty à Saint-Etienne

  • Mariano – Depay : une histoire de stats
Memphis Depay est désigné pour tirer les penalties à Troyes en l'absence de Nabil Fekir. Mais Mariano Diaz ne l'entend pas cette oreille. Lyon mène déjà 0-3 sur la pelouse de l'ESTAC, la rencontre est dans la poche mais l'ancien Madrilène n'est pas heureux parce qu'il n'a pas marqué. Or, il ne vit pour cela : le but. Le penalty reste le moyen le plus simple d'y parvenir mais Depay ne lâche rien et s'offre un triplé.

Pourquoi une telle multiplication cette saison ?

"C'est l'époque", se résigne Frédéric Antonetti. "Aujourd'hui, on individualise tout, on se concentre sur les statistiques : le but, la passe décisive, l'avant-dernière passe, le nombre de ballons touchés. C'est une dérive : tout le monde veut son but." Quand Unai Emery déclare en conférence de presse : "Nous allons aider Neymar à gagner le Ballon d'Or", il valide la thèse selon laquelle les intérêts personnels passent au-dessus de ceux de l'équipe. Cette république des joueurs débouche sur des comportements qui peuvent aller contre l'intérêt collectif. Par exemple, se disputer un penalty entre coéquipiers.
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Emery : "Aider Neymar à gagner le Ballon d'Or"

Pourquoi c'est problématique ?

D'abord, et avant tout, parce que dans 66% des cas constatés cette saison en L1, l'embrouille débouche sur un raté (Cavani et Dabo). Elle électrise les débats et ne diffuse pas franchement la sérénité que nécessite l'exercice. "C'est un comportement de cour d'école", constate encore Antonetti. "Or, on est dans un monde professionnel régi par des règles. On se doit de donner l'exemple aux enfants." Voir deux coéquipiers se chercher des poux devant les caméras, ça fait franchement désordre pour des clubs soucieux de gérer leur communication de A à Z.

Comment y faire face ?

  • Etablir une hiérarchie claire
Frédéric Antonetti nous donne son remède miracle : "Il faut désigner clairement des tireurs prioritaires", préconise-t-il. "Il faut faire des concours à l'entrainement pour voir le plus efficace. J'avais un numéro 1. Si la faute était commise sur lui, il pouvait donc sentir une gêne ou être blessé, c'était au numéro 2 de tirer. Si l'ordre n'est pas respecté, l'entraîneur doit sanctionner sportivement le fautif." L'ancien coach lillois se souvient avoir réglé une brouille entre Junior Tallo et Sofiane Boufal et sanctionné le premier pour ne pas avoir respecté les consignes.
  • Choisir un attaquant emblématique qui ne fait pas débat
Personne n'a osé disputer un penalty à Jean-Pierre Papin à Marseille ou à Zlatan Ibrahimovic à Paris. Si le géant suédois était resté au PSG, Neymar aurait sans doute sagement attendu son tour.
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Zlatan Ibrahimovic a dû s'y reprendre à deux fois pour inscrire son penalty face à l'OL..

Crédit: AFP

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