Tempo infernal pour la valse des entraîneurs

En 2016, Michel, alors entraîneur de l'Olympique de Marseille, "aidait" la Ligue 1 à établir un nouveau record. A l'issue de sa séparation tumultueuse avec l'OM, l'Espagnol devenait le onzième entraîneur à quitter son poste en cours de saison. Le chiffre était inédit dans le championnat de France. Il est pourtant menacé cette saison. Après le départ quasiment assuré de Marcelo Bielsa, ils sont déjà quatre techniciens à avoir quitté leur poste à la veille de la 16e journée de L1.

Cette saison, les départs d'entraîneurs se font sur un rythme inédit. Après quinze matches, Philippe Hinschberger (Metz) et Christian Gourcuff (Rennes) ont tous deux été renvoyés, alors qu'Oscar Garcia (Saint-Etienne) a présenté sa démission et que Marcelo Bielsa fait face à une procédure de licenciement. Lors de la saison record 2015-2016, ils n'étaient que deux - hors présaison - à avoir quitté leur poste au même stade : Hervé Renard, limogé du LOSC après la 13e journée, et... Marcelo Bielsa, démissionnaire de l'OM après la 1ere journée de championnat.

L'exercice 2015-2016 avait été particulièrement tumultueux pour les coaches de L1. Hors Renard et Bielsa, Jean-Marc Furlan (Troyes), Hubert Fournier (OL), Rolland Courbis (Montpellier), Philippe Montanier (Rennes), Ghislain Printant (Bastia), Claude Robin (Troyes), Dominique Arribagé (Toulouse), Willy Sagnol (Bordeaux), et, donc, Michel (OM) avaient tous quitté leur poste, la majorité sous la contrainte. L'OM et Troyes avaient même réalisé l'exploit de changer deux fois d'entraîneur en cours de saison.

Le rythme effréné de la saison actuelle avait déjà été approché lors de l'exercice 2016-2017. Après quinze journées, ils étaient déjà trois (Franck Passi, Sylvain Ripoll et Frédéric Antonetti) à avoir été renvoyés. Quatre si l'on compte Laurent Blanc, limogé pendant la présaison au profit d'Unaï Emery. La cadence s'était ensuite ralentie.

Cette saison, il est plus difficile d'imaginer le rythme baisser. Une poignée d'entraîneurs semblent menacés. Sans intention de leur porter malheur, citons Lucien Favre, 18e avec Nice malgré sa 3e place l'an passé ; Pascal Dupraz, dont le message ne semble plus passer à Toulouse, ou encore Jocelyn Gourvennec, en difficulté à Bordeaux mais qui respire après la victoire face à Saint-Etienne (3-0). Difficile pourtant de voir Bordeaux se séparer de son entraîneur, à l'instar de Guingamp avec Antoine Kombouaré. D'autant que certaines déclarations, comme celles de Jean-Pierre Rivère, président de l'OGC Nice ("le départ de Favre n'est pas envisageable") tendent à conforter ces techniciens dans leurs fonctions. Attention tout de même à l'écueil du mois de décembre, théâtre du départ de deux entraîneurs en moyenne sur les quatre dernières saisons...

Le métier d'entraîneur est-il alors devenu encore plus instable qu'à l'accoutumée ? L'observatoire du football CIES établissait en 2016 la durée moyenne d'un entraîneur sur un banc en France à seize mois. La Ligue 1 était, en ce sens, le championnat le plus stable d'Europe pour les techniciens. Force est de constater, dans le cas des quatre entraîneurs déjà limogés, que la durée s'est raccourcie. Bielsa, assis cinq mois sur le banc du LOSC, et Oscar Garcia, parti après six mois, n'ont fait qu'un passage éclair dans le championnat de France. Les quatre techniciens déjà partis n'ont, en moyenne, passé qu'un an à leur poste.

De là à établir que les carrières de coach se raccourcissent en L1, il n'y a qu'un pas qu'il est difficile de franchir. Patrice Garande, en poste depuis 2012 à Caen, ou Leonardo Jardim, à Monaco depuis 2014, peuvent en témoigner. En attendant, le temps reste orageux pour les entraîneurs, et pas seulement en France. En Angleterre, pays de Sir Alex Ferguson (26 ans à United) et Arsène Wenger (21 ans à Arsenal), cinq techniciens ont déjà quitté leur poste.