"Des joueurs ne sont pas faits pour Monaco car ils ont besoin d'un public pour les galvaniser"

Dans l'univers du football professionnel, Monaco est un ovni. Un club à part. Y jouer est une expérience qui sort du commun. Rares sont les clubs aussi prestigieux et avec un tel palmarès qui comptent aussi peu de soutien. Il n'y a ainsi quasiment qu'à Monaco où l'on entend ce genre de phrase : "A domicile, on n'est pas vraiment poussé. Là, il y a davantage de public, c'est mieux pour nous" (ndlr : Yannick Ferreira Carrasco à Metz, le 10 avril dernier). Bienvenu sur le Rocher…

Alors bien sûr face à la Juventus ce mercredi pour ce quart de finale retour de la Ligue des champions, il y aura du monde dans l'enceinte monégasque. Mais ce qui surprend, c'est que l'ASM arrive depuis tant d'années maintenant à rester au plus haut niveau et avoir les résultats qu'on lui connait avec aussi peu de soutien populaire. Ce n’est pas une évidence : "Il y a des joueurs qui ne s'y habituent pas, qui n'arrivent pas à se motiver dans un contexte pareil", nous révèle Guy Lacombe, qui est passé sur de nombreux bancs et sur celui de l'ASM de 2009 à 2011.

Certes, les footballeurs ne jouent pas au football pour autrui. Sentir un peuple derrière soi comme à Liverpool ou à Marseille permet cependant à certains de se surpasser. De ne pas se relâcher sur quelques matches ou des périodes. "J'ai vu des joueurs qui n'étaient pas faits pour Monaco car ils avaient besoin d'un public pour les galvaniser, enchaîne Lacombe, finaliste de la Coupe de France 2010 avec l'ASM. De tous les temps, il y a des joueurs qui ne se sont pas adaptés."

Sur le Rocher, le côté électrisant des grands rendez-vous, vous oubliez un peu ! "J'ai joué des matches importants à Monaco, bon, ce n'est pas comme à Paris…", sourit Lacombe. "Quand vous arrivez au Parc des Princes et que c'est plein, c'est très impressionnant. C'est galvanisant - je souhaite à tout le monde de connaître les joies de la victoire à Paris – mais c'est aussi vite compliqué dès que vous connaissez des difficultés." Le manque de ferveur à Monaco n'a en effet pas que de mauvais côtés.

Réussir à Monaco n'est d'ailleurs pas impossible. Sept titres de champion de France, une finale de C1 (2004) ou encore cinq Coupes de France sont là pour le rappeler. Les clefs du succès se trouvent en fait ailleurs. Dans le recrutement notamment. "C'est un club qui ressemble à Paris pour ça : il faut prendre des grands joueurs.Un joueur moyen ne peut pas s'imposer à Paris. A Monaco, c'est la même histoire. Il faut faire un choix pertinent, ce que Monaco a souvent fait", confirme Lacombe, qui souligne aussi la qualité du centre de formation monégasque. La cohésion du groupe ou le "projet commun", un facteur déjà décisif dans tout sport collectif, prend aussi encore un peu plus d'importance à l'ASM.

Jouer à Monaco est donc une expérience hors norme. Il faut aussi y maitriser le contexte extra sportif. "A Monaco, il y a des attractions, un environnement particulier où il y a moins de 2CV que de Bentley ", sourit Lacombe. Mais dans une carrière, passer sur le Rocher et y réussir peut être une étape clef. "Si vous réussissez à Monaco en tant que joueur avant 25-26 ans, vous êtes costauds. Après, vous pouvez aller partout", conclut celui qui est aujourd'hui entraineur national et responsable de la formation des cadres techniques à la DTN. L'ovni monégasque a ses charmes. Et a su pour le moment les exploiter. Reste à savoir ce que cela pourrait donner avec un fervent public derrière. Mais là, c'est une autre histoire.