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Au Bayern comme ailleurs, Douglas Costa a vite conquis son monde

Alexandre Juillard

Mis à jour 20/10/2015 à 00:36 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Arrivé sur la pointe des cramps au Bayern Munich, Douglas Costa a presque réussi à faire oublier les deux artificiers munichois, Franck Ribéry et Arjen Robben, en l'espace de trois mois. Portrait de l'ailier brésilien qui était jugé trop frêle pour le haut niveau dans sa jeunesse.

Douglas Costa dans les bras de Thomas Müller lors de Bayern-Hambourg

Crédit: Panoramic

C’est un homme de peu de mots. Mais son regard, glacial, en dit long sur son envie de réussir. Envers et contre tous. Car depuis qu’il tape dans un ballon, Douglas Costa de Souza, a dû se battre pour faire carrière. Et d’abord contre les préjugés. Les recruteurs ont longtemps vu son physique chétif, pour ne pas dire malingre, comme un frein à son épanouissement footballistique. Tous s’accordaient pourtant à dire que le petit avait quelque chose, que son démarrage explosif et son redoutable pied gauche, avaient de quoi déstabiliser une défense. Et pourtant, personne n’osait lui donner sa chance.
A tel point que son club formateur, le Grêmio Porto Alegre, lui a même gentiment demandé d’aller faire un tour dans un autre club lorsqu’il était adolescent. "Nous l’avons prêté à un de nos clubs filiales de la région, se rappelle Julinho Camargo, l’un de ses ex entraîneurs. Un jour, nous le retrouvons pour un tournoi. Avant de jouer contre nous, il nous avait prévenu, il nous disait : 'vous allez voir ce que je vous réserve'. Il était remonté comme un coucou. J’ai dit à mes gars de bien le surveiller, parce qu’on savait qu’il avait du talent. Lors du match, il nous a tout fait, il nous a battus à lui tout seul. Après avoir inscrit un but, il a couru vers moi et m’a dit : 'vous voyez ce que je suis capable de faire. Donnez-moi une autre chance'. Il m’a bluffé. On l’a alors rapatrié au club et on l’a préparé au très haut niveau."
Le Grêmio a bien conscience qu’il tient là une pépite. Dans la droite lignée de Ronaldinho ou d’Anderson (ex-joueur de Manchester United, à qui tout le Brésil promettait une carrière majuscule), deux des nombreux joyaux sortis de son centre de formation. Mais pour qu’il puisse donner sa pleine mesure, il faut l’engraisser, ou plutôt l’épaissir. Car sans puissance, tout devient plus compliqué. A 15 ans, Douglas Costa pèse 43 kilos. C’est trop peu, trop mince, trop frêle. Il va suivre alors un programme d’exercices spécifiques (beaucoup de musculation) et d’un régime alimentaire à base de protéines et suppléments. Trois ans plus tard, lorsque Douglas monte sur une balance, elle affiche désormais 64 kilos, soient 21 kilos de plus. La transformation est radicale et l’ailier brésilien explose. Au club, il devient vite le chouchou du public dès ses premiers matches (en 2008). En deux saisons, il joue 38 matches et inscrit 7 buts, sans compter ses gestes techniques réalisés à une vitesse supersonique.

Quand le Shakhtar coiffe l'Inter au poteau

Douglas Costa est l’un des meilleurs joueurs de sa génération (1990), c’est en toute logique qu’il est appelé en sélection de jeunes du Brésil. En 2009, lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans qui se déroule en Egypte, les recruteurs du monde entier commencent à s’intéresser de près à l’équilibriste brésilien. Les grandes écuries européennes prennent contact avec son entourage et la direction du Grêmio. En bon club brésilien, le Grêmio, qui n’a pas beaucoup d’argent dans ses caisses, est prêt à laisser partir son joueur au plus offrant et au plus rapide. L’Inter fait une première offre, mais les Italiens se font coiffer sur le poteau par le Shakhtar Donetsk. Presque pas hasard. L’anecdote est savoureuse.
Franck Henouda, l’agent franco-algérien qui est l’un des hommes de confiance du club ukrainien, a raconté à ESPN.com.br ce jour où il a découvert Douglas Costa : "J’étais au Brésil, avec deux observateurs du club. Nous étions venus voir d’autres joueurs. Nous étions tous les trois attablés dans un restaurant à Sao Paulo. On lève le nez et on voit que passe à la télévision un match de la Coupe du monde des moins de 20 ans : Brésil-Australie. On a commencé à regarder, la nourriture est arrivée et pourtant on ne l’a pas mangé, car on était scotchés devant l’écran. Douglas Costa leur a tout fait. Il était exceptionnel. Là, on s’est dit qu’il fallait agir vite. On s’est mis en contact avec le président du Grêmio. On lui fait une offre (environ 6 millions d’euros) qu’il a tout de suite été accepté et on a signé Douglas Costa." Au nez et à la barbe de l’Inter, mais aussi du Manchester United d’Alex Ferguson, lui aussi impressionné par la technique tout en mouvement de Douglas.
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Douglas Costa

Crédit: AFP

C’est donc en Ukraine, que le Brésilien est allé parfaire sa formation. Il n’est pas perdu à Donetsk, puisqu’il peut compter sur les nombreux Brésiliens du club pour faciliter son intégration dans son nouveau pays. Et puis, il comprend rapidement que Mircea Lucescu est un entraîneur qui lui veut du bien. Mais il est aussi un excellent formateur. Douglas Costa va passer cinq saisons en Ukraine, récompensées par cinq titres de champion et cinq Coupes nationales. Il inscrit 38 buts en 203 matches. Mais après cinq saisons de bons et loyaux services, l’envie d’ailleurs se fait pressante. Il ira même jusqu’à déclarer en fin de saison dernière : "je veux rejoindre le Chelsea de Mourinho. Il me veut et me l’a fait savoir. J’en ai marre de jouer ici, je veux changer d’air." Quelques mois plus tard, Douglas Costa est bien parti du Shakthar, mais pour rejoindre l’ennemi intime de Mourinho : Pep Guardiola.
Tous les entraîneurs du monde rêvent de pouvoir compter sur un tel joueur
L’entraîneur catalan adore Douglas Costa depuis que son Barça l’a croisé en Ligue des Champions. Il aime ses arabesques et ses talents de funambule sur son côté. Pep, qui a toujours adoré les ailiers, les vrais, sait que le Brésilien peut devenir l’un des meilleurs au monde dans se registre-là. Lucescu l’a bien formé puisque Douglas est capable de jouer à droite comme à gauche. A gauche, il déborde. A droite, il repique souvent dans l’axe. Mais qu’il soit à gauche, ou à droite, Douglas Costa, qui est doté d’un démarrage exceptionnel, est capable de dribbler dans un mouchoir de poche. Explosivité, vitesse, agilité, tonicité, technique, changement de rythme, son répertoire est impressionnant. Et que dire de son pied gauche : souple, précis, élastique et puissant. En quelques matches à peine, les Munichois sont tombés amoureux de Douglas Costa. Un joueur moderne qui allie vitesse et technique. Un joueur intelligent, au sens tactique développé, qui tire également les coups de pied arrêtés à la perfection.
Comme tout Brésilien, Douglas Costa adore faire le spectacle et tenter des gestes improbables. L’un d’eux a même fait le tour du web : un insolent et spectaculaire coup du sombrero à la Jay-Jay Okocha contre Leverkusen (3-0). Lui qui a été acheté pour remplacer au pied levé les fragiles Ribery et Robben en viendrait presque à leur voler la vedette. Alors après ce geste, Robben l’a gentiment recadré : "Il est bien sûr doué techniquement et c'est un Brésilien typique. Mais il doit faire attention: ces gestes techniques sont beaux, mais on n’est pas au cirque non plus !" Jaloux ou pas, le néerlandais est en tout cas bluffé par la rapidité d’adaptation du Brésilien. Pep Guardiola, lui, est bien content de l’avoir fait venir (pour 30 millions d’euros environ) en Bavière : "Tous les entraîneurs du monde rêvent de pouvoir compter sur un tel joueur. Il est jeune, il a encore besoin de temps. Mais à l’avenir, il peut devenir l’un des meilleurs joueurs du monde. Pas le meilleur, parce que le meilleur joue à Barcelone. Mais il peut devenir l’un des cinq meilleurs joueurs du monde."
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Douglas Costa félicité par Kingsley Coman

Crédit: AFP

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