Sans faire de bruit, l'Italie a rattrapé l'Angleterre et l'Allemagne

Le nouveau contrat record de droits TV pour l'Angleterre, le Clasico épicentre du monde footballistique pour l'Espagne, les stades remplis à ras bord pour l'Allemagne. Toutes des choses dont l'Italie rêve, elle qui était la référence des championnats il y a encore une dizaine d'années. Néanmoins, après une longue période de crise, la Serie A a amorcé son renouveau. Toujours pas d'affiche référence, d'enceintes flambant neuf ou de revenus doublés ou triplés, non, juste des résultats en net progrès sur la scène européenne et un socle national qui se renforce.

Quoi de mieux que le ranking UEFA par pays en guise de baromètre ? Celui qui permet de définir le nombre de places qualificatives en Ligue des Champions et Ligue Europa pour les 54 nations. Un classement dominé par l'Italie de 1986 à 1999 avec un intérim d'un an de l'Allemagne de l'Ouest en 1990. Mais depuis l'entrée dans le nouveau millénaire, c'est une chute sans fin avec en point d'orgue de cette crise, la lutte acharnée avec le Portugal il y a deux ans pour sauver la 4ème place et l'honneur. Revenir sur les talons du trio de tête paraissait alors hors de propos. Et pourtant, en l'espace de deux saisons, un gros rapproché a été effectué. En atteste le classement actuel qui prend en compte la période 2011-2016

Espagne 91.142

Allemagne 71.320

Angleterre 69.159

Italie 65.439

La Juve finaliste de la Ligue des Champions et le duo Napoli/Fiorentina demi-finalistes de l'Ligue Europa ont permis d'établir le deuxième meilleur score de la saison 2014/15 derrière une Espagne qui survole la concurrence. Passer devant l'Allemagne ou l'Angleterre d'ici la fin de la saison semble compliqué, mais faisable à partir de l'été prochain. Il suffit d'établir une projection sur la période 2012-2017, rappelons au passage que la 3ème place permettrait de récupérer un billet supplémentaire pour la Ligue des Champions.

Espagne 70.285

Allemagne 56.070

Italie 54.070

Angleterre 53.909

Il y a de quoi être confiant, même si un autre baromètre nous force à rester prudent : le classement par équipes qui définit les chapeaux des tirages au sort. Dans le Top 10, l'Italie est représentée par la Juve 8ème et le Napoli 16ème. Parallèlement, l'Espagne place cinq équipes contre quatre pour le duo Angleterre/Allemagne. La Serie A paie l'absence de Top clubs réguliers, par exemple, la Roma traîne à une lointaine 57ème place derrière l'Apoel Nicosie et le Viktoria Plzen. La conséquence de plusieurs années sans Europe, une situation que connaîtront le Milan et l'Inter.

Mais soyons patients, Rome ne s'est pas fait en un jour, ni Naples et encore moins Turin. On peut l'affirmer, la Juve a acté son retour dans la cours des grands avec la finale de juin dernier. Malgré ses difficultés en championnat (elle se reprend petit à petit), sa victoire à Manchester en ouverture de cette édition de Ligue des Champions a confirmé sa nouvelle dimension. Les finances sont solides et dépendent de moins en moins de la manne des droits télé. Bref, aucune inquiétude pour l'avenir de la Vieille Dame. On pouvait en revanche avoir des doutes concernant les autres cadors transalpins, mais ils commencent à être effacés.

Chahutée par n'importe quel adversaire, la Roma de Garcia entrevoit tout de même la qualification pour les 8èmes de finale. Mais le plus important reste cette constance qu'elle a su acquérir en championnat avec une présence quasi ininterrompue dans le Top 3 du classement depuis l'été 2013. Des efforts importants ont été fournis de la part des dirigeants américains pour pouvoir lutter sur deux fronts et les recrutements de Dzeko et Salah démontrent que l'appeal des giallorossi augmente en flèche. Mieux encore, aucun joueur clé n'est parti cet été. Acheter sans devoir vendre, c'est un palier de passé.

Situation différente au Napoli qui réussit à très bien vivre malgré des apparitions sporadiques en Ligue des Champions. Ceci est possible grâce à une programmation minutieuse, chaque centime est compté et chaque choix mûrement réfléchi. La période Benitez mi-figue mi-raisin aura tout de même permis d'attirer des grands noms que Sarri se charge désormais de faire parfaitement coexister. Les démonstrations de force en Ligue Europa montrent que ce club a également la fibre européenne. La ville de Naples si souvent décriée peut au contraire être un véritable fer de lance dans le développement de son club.

D'un point de vue de la programmation, le trio Juve-Roma-Napoli se détache du lot et a tout pour faire partie des nouveaux cadors européens à court et moyen terme. Un trio qui pourrait devenir un quatuor. Malgré la situation économique extrêmement délicate de l'Inter, Erick Thohir a banni la politique de l'austérité et recruté à tour de bras (Jovetic, Murillo, Miranda, Perisic, Kondogbia, etc… Bref, du beau monde). C'est une réussite, les nerazzurri sont en tête du championnat, et si le scudetto n'est pas l'objectif déclaré, ils sont parfaitement dans les temps pour une qualification en C1.

Enfin, un jour ou l'autre le Milan va bien finir par se reprendre. Des résultats en nette amélioration sur la scène européenne, des investisseurs étrangers sérieux, des mécènes autochtones prévoyants. Le vent tourne, ne manque plus qu'une vraie remise en question de la Ligue et de la fédération pour relancer le système. Croisons donc les doigts pour que les hauts dirigeants se rendent enfin compte de l'incroyable potentiel de la neuvième industrie d'Italie, la plus importante pour le peuple italien.