Accueil chaleureux, bières et places pour dormir : ma nuit chez une famille allemande à Dortmund

Peu enthousiasmé par les déplacements de supporters, j'ai cédé pour ce quart de finale dans le stade mythique de Dortmund. J'ai parcouru le trajet avec des membres de l'antenne parisienne des groupes de supporters de l'ASM. Aux alentours de 19h50, lorsque les premières rumeurs sur l'attaque du bus des joueurs de Dortmund émergeaient sur Twitter, notre priorité était tout autre : nous étions sceptiques sur notre arrivée au Signal Iduna Park en temps et en heure car des travaux avaient ralenti puis dévié notre trajet en bus depuis Paris. Ce stress provoqué a vite basculé vers une inquiétude sur la tenue du match.

Je n'ai cessé de consulter frénétiquement le hashtag #bvbasm et plus spécifiquement le compte du Borussia Dortmund. L'hypothèse d'un match retardé a d'abord eu l'effet d'un soulagement. La déviation prise par le bus risquait en effet de condamner le premier quart d'heure... Mais très vite, cela m'a paru futile lorsque j'ai vu le nom de Marc Bartra apparaître pour désigner le membre de la délégation de Dortmund touché et évacué à l'hôpital.

Avant même notre arrivée au stade, la nouvelle du report était évidemment tombée. Et, très vite, il fallait préparer une alternative. Les différents responsables des cars de supporters monégasques ont cogité pendant une heure et demie afin de prendre une décision quant à la poursuite ou non de l'aventure une journée supplémentaire. Partis à deux bus, nous nous apprêtions à rentrer sans la moitié de la troupe. Déterminé à rester, je m'étais déjà projeté sur la recherche d'un hôtel, sans savoir que le hashtag #bedforawayfans avait déjà ému les réseaux sociaux.

C'est donc par ce biais qu'avec trois autres supporters de l'ASM, nous nous sommes retrouvés invités à passer la nuit chez une famille installée à environ quatre kilomètres du Signal Iduna Park. Le père de famille a même pris le temps de venir chercher notre petit groupe sur le parking. D'autres supporters n'ont pas manqué de lui rendre hommage en l'ovationnant. Bien que fan de Dortmund, il nous a expliqué que ce geste avait été spontané. "C'est ça l'Europe, non ?" s'est-il exclamé.

L'accueil a été fabuleux, facilité par sa maîtrise du français mais aussi les origines françaises de sa femme, alors que nous ne maitrisons que les bases de l'allemand. A vrai dire, tout était prêt pour nous : serviettes propres, bières pour certains, et, comme annoncé dans le tweet, de la place pour dormir dans de bonnes conditions. Comme à l'hôtel, voire mieux avec la discussion chaleureuse.

Au centre des débats, évidemment, l'attaque. Mais nous avons surtout échangé sur tout et rien. Plein de bonnes intentions, ils nous ont offert le petit-déjeuner au petit matin. Après un bref tour de Dortmund en voiture, nous nous sommes quittés en nous promettant de rester en contact, quelle que soit l'issue du match mercredi. "Je ne vous souhaite pas le meilleur pour ce soir", nous a tout de même glissé, malicieusement, la mère de famille avant notre départ.