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Tottenham - ASM : Valère Germain revient à Londres, et il a un vieux compte à régler

Didier Balayer

Publié 13/09/2016 à 23:51 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Muet jusqu’à présent en Ligue 1, mais buteur en tour préliminaire de Ligue des Champions (doublé contre Fenerbahce), Valère Germain veut lancer sa saison à Londres, où il avait connu une sacrée désillusion il y a un an et demi. A l'époque où son histoire d'amour avec l'ASM était pour le moins contrariée...

Valère Germain et Falcao

Crédit: AFP

Surtout, ne lui parlez pas du Nord de Londres, du Melia White House Hotel situé on Albany Street, encore moins d’Arsenal ou de son gigantesque Emirates Stadium…. Il parait qu’il n’aime pas ça. Tout juste, pouvez-vous lui faire constater que son statut à l’ASM a bel et bien changé. Et c’est peu de le dire… Car contrairement à certaines apparences qui le présentent comme le petit prince "chéri" de la Principauté, Valère en a bavé. Comme jamais.
A qui la faute ? En partie au staff technique toujours en place qui l’a placardisé il y a près de deux saisons. D’ailleurs, Leonardo Jardim, aussi brillant qu’il puisse être dans son coaching et sa manière de manager, peut parfois également se bloquer, voire s’entêter dans certains de ses choix. Question de vision, de perspective aussi… Fin février 2015, le natif de la cité phocéenne en a ainsi fait l’amère expérience lorsque le Portugais l'a privé d’un huitième de finale aller sublime remporté sur la pelouse d’Arsenal (1-3).
Placé hors groupe pour cette rencontre de légende, Valère assiste alors depuis la tribune au triomphe monégasque. Après ce coup d’éclat incroyable, une ombre passe dans la zone d’interview de l’Emirates. C’est Germain, visage livide, tête basse, alors que ses partenaires viennent de réaliser le coup parfait en terre londonienne.
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Valère Germain (AS Monaco)

Crédit: Panoramic

Quand on a été formé par un club, on finit par faire partie des meubles
"Durant la seconde partie de cette saison, j’ai très peu joué, expliquait-il à France Football. Quelques fins de match par-ci, par-là. À Arsenal, pour le huitième de finale, j’étais dans la tribune alors que des joueurs qui venaient d’arriver étaient sur le banc. Je travaillais à l’entraînement en me disant que cela pouvait changer à tout moment, mais ça ne changeait pas. À partir de là… (…) J’ai souvent entendu dire que, quand on a été formé par un club, on finit par faire partie des meubles. Je voyais des joueurs arriver, et j’étais toujours considéré comme le petit jeune du centre alors que j’ai vingt-cinq ans aujourd’hui. Il fallait qu’on me voit autrement, qu’on change de point de vue sur moi".
Concernant les deux joueurs que ne citent pas l’élégant Valère Germain, il s’agit du Brésilien Matheus Carvalho et le Burkinabè Alain Traoré, tous deux arrivés – à la surprise générale – lors du mercato hivernal. Deux erreurs de casting, deux éléments médiocres qui prennent finalement place sur le banc de touche pour ce huitième de finale. Un non-sens pour certains proches du club…
A partir de ce moment-là, s’installe une relation de défiance entre le staff portugais et le joueur. "Vis-à-vis de moi, les Monégasques sont reconnaissants, nous confiait en mars 2015 le principal intéressé. Ils n’oublient pas que j’étais là depuis le début. Les six premiers mois en Ligue 2, c’était galère, mais j’étais là. Ils sont conscients que j’ai toujours tout donné (…) J’aime ce club. Après il ne faut pas se focaliser là-dessus… Mais peut-être aussi que les gens se reconnaissent au travers de mon parcours. Ils me disent souvent que je suis Monaco, que j’incarne cette ville ! Quelque part, je les représente (…) Oui, j’aimerais rester toute ma vie à Monaco. Mais je ne suis pas débile non plus ! Si on me dit la saison prochaine qu’on va m’écarter et que je ne vais faire que les entraînements... Alors là oui, ça change quelque chose".

Complicité avec Falcao

Quelques semaines après ces déclarations, Germain prend la poudre d’escampette. Un départ, mais pas vraiment un exil, puisque le joueur "n’abandonne" la Principauté que pour quelques dizaines de kilomètres. Un prêt qui lui permet de faire le plein de confiance après une saison pénible vécue sous le maillot de l’ASM. "Ce départ ? Il en avait tellement besoin. Il fallait qu’il voit autre chose", glisse un intime.
Résultat : sous les couleurs de l’OGC Nice, il revit et inscrit la bagatelle de 14 buts. Mais ces statistiques plutôt remarquables pour la L1 ne semblent pas changer la donne pour Jardim. A la reprise fin juin, ce dernier ne lui donne d’ailleurs aucune garantie sur son temps de jeu à venir pour cet exercice 2016-2017. Des doutes et un scepticisme ambiant qui poussent le principal intéressé à envisager un nouveau départ de la Principauté. Le Betis Seville et Southampton se manifestent alors.
Mais sa complicité avec Falcao, la star colombienne, saute aux yeux. Quasi-immédiatement… Impossible alors pour le staff de nier l’évidence. "Avec Falcao, ils sont complémentaires, assure Marcel Tisserand, ancien défenseur de l’ASM, désormais à Ingolstad (Bundelisga). Ils se comprennent naturellement. Pourquoi ? Tout simplement, parce que chacun occupe bien l’espace à sa manière. Ils ne se marchent jamais sur les pieds. C’est leur grande force".
Il aimait Monaco
"Valère a besoin d’évoluer avec un attaquant à ses côtés, ajoute le coach des U19 de l’ASM, Frédéric Barilaro qui l’a notamment accompagné dans sa progression. Maintenant, c’est aussi quelqu’un qui se déplace très bien. Il comprend le foot et sait s’adapter à toutes les situations. D’ailleurs, quel que soit le profil de l’attaquant avec lequel il évolue, cela ne lui posera aucun problème, on sait que l’association va fonctionner ! C’est un attaquant qui offre beaucoup de solutions, beaucoup de possibilités à n’importe quel coach". Dès lors, Jardim peut également en témoigner…
Autre fait d’importance considéré par le technicien lusitanien, le fait que Germain se soit préparé comme un forcené durant ses vacances. Objectif ? Arrivé "fit" pour son premier jour d’entraînement à la Turbie. D’où son taux de masse graisseuse infiniment bas (4,8, soit trois fois moins que celui de Vagner Love, 15,7 !). "Oui, c’est un bosseur, reprend Fred’ Barilaro, vainqueur de la Gambardella en mai dernier avec les jeunes pousses monégasques (Mbappé, Muyumba, Cardona). Son état d’esprit, son éducation, c’est remarquable. Félicitations donc à ses parents… Car quand on a un enfant comme ça avec nous, c’est un bonheur pour tous les formateurs !".
Un état d’esprit illustré par une anecdote savoureuse. "A l'époque, Valère était toujours prêt. Ce qui l’intéressait, c’était jouer. Donc je me souviens que pour son premier match avec moi, je le fais jouer arrière latéral à Toulon en CFA. Ce n’était pas son poste, mais comme on avait quelques doutes sur son utilisation, j’en ai profité pour faire des tests". Quelle fut sa réaction ? "Il n’a rien dit. D’autres à sa place se seraient plaints, auraient demandé des explications. Lui, il a pris son maillot, et fait son match. En fait, Valère c’est un gamin sans état d'âme.Ce qu'il voulait, c'était réussir à Monaco. Lui et l'identité club... Il aimait Monaco. En formation, quand vous avez des gamins avec cette mentalité, c'est extraordinaire".
Ne reste plus qu’à effacer ce mauvais souvenir "made in London".
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