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L'Atlético lâché par ses locomotives

Louis Pillot

Mis à jour 22/11/2017 à 00:14 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Distancé en Liga et quasiment éliminé en C1 avant le match contre l’AS Roma mercredi (20h45), l’Atlético Madrid n’avance plus. La faute à une baisse de régime de ceux qui l’ont portée ces dernières années.

Antoine Griezmann

Crédit: Getty Images

Le Wanda Metropolitano aura fini par perdre patience. Les sifflets qui ont accompagné la sortie d’Antoine Griezmann lors du derby de samedi entre le Real et l’Atlético visaient sans doute le Français, mais ne pouvaient pas s’adresser qu’à lui. C’est toute l’équipe de l’Atlético Madrid, championne d’Espagne en 2014 et double finaliste de la Ligue des champions en 2014 et 2016, qui fonctionne en sous-régime depuis le début de la saison. Les hommes de Diego Simeone se retrouvent déjà à dix points du Barça en Liga et au bord de l’élimination en C1, avant de rencontrer mercredi l’AS Roma, première du groupe C. La faute à des individualités qui peinent, et à un fonctionnement qui s’essouffle.

Griezmann : le symbole

Antoine Griezmann, transparent contre le Real dimanche et sorti à la 75e minute, vit sans doute sa pire période avec l’Atlético. Muet lors du derby, il a atteint son huitième match d’affilée sans marquer en Liga, soit son pire total avec les Colchoneros. Le Français ne compte toujours que deux buts en dix matches de championnat cette saison. En Ligue des champions, son bilan n’est pas meilleur, avec un but en quatre matches.
Mais les sifflets du Wanda ne visaient pas simplement les statistiques faméliques d’Antoine Griezmann. Son attitude est désormais remise en question par une partie du public colchonero, qui lui reproche son manque de combativité. Les rumeurs de départ incessantes vers United ou le Barça ont fini par épuiser les soutiens de l’Atlético. Et certains éditorialistes, comme Javier Matallanas pour As, sont catégoriques : Antoine Griezmann, en fin de cycle, va quitter l’Atlético en janvier. Le Français a cependant démenti tout départ dès cet hiver à Téléfoot : “Je n’ai pas parlé d’un départ avec mon président.
Pourtant, Griezmann est sans doute - et peut-être injustement - le symbole des difficultés qui touchent toute l’animation offensive des Colchoneros, exposées au grand jour lors de la double confrontation en C1 contre Qarabag (0-0, 1-1). Contre le Real, l’Atlético a mal négocié la plupart de ses contres, par manque de maîtrise - voire de volonté. Les rouge et blanc se sont trop souvent contentés de subir. Et, comme souvent cette saison, personne n’a pu pallier les difficultés d’Antoine Griezmann.
Kévin Gameiro, certes tout près d’ouvrir le score, n’a pu faire oublier ses difficultés du début de saison lors de son entrée dans le dernier quart d’heure. Yannick Ferreira Carrasco, de retour de blessure, s’est montré maladroit. Sur le banc samedi, Torres n’a pas encore trouvé la faille en sept matches cette saison. L’Atlético attend avec impatience les arrivées de Diego Costa et Vitolo en janvier…

Godin, Juanfran, Gabi : l’usure

L’Atlético Madrid de Simeone n’a jamais été une équipe résolument tournée vers l’avant. Abandonnée par le réalisme qui l’a portée ces dernières années, elle peut au moins s’appuyer sur un collectif défensif solide, parfois rugueux, comme il l’a été lors du derby - Sergio Ramos peut en témoigner. Mais là aussi, comme rarement ces derniers temps, les individualités souffrent et subissent le poids des années.
Diego Godin (31 ans), Juanfran (32 ans) et le capitaine Gabi (34 ans) formaient la colonne vertébrale de l’Atlético. Force est de constater qu’ils ont démarré l’exercice un ton en-dessous. Dans un dispositif comme celui de Simeone, reposant avant tout sur des valeurs de solidarité et d’agressivité, avoir un maillon en-dessous du niveau de l’équipe est nécessairement pénalisant. C’est, cette saison, le cas, notamment à droite de la défense avec Juanfran, mis en difficulté face au Real.
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Juanfran (Atlético Madrid) à la lutte avec Karim Benzema (Real Madrid) le 18 novembre 2017

Crédit: Getty Images

Pourtant, Simeone continue de leur afficher sa confiance. Gabi a pris part à onze matches de Liga, contre neuf pour Diego Godin et huit pour Juanfran. L’entraîneur colchonero ne fait que peu jouer la concurrence. Si Stefan Savic fait le travail à côté de Godin, José Gimenez n’a que peu joué. A droite, le recrutement de Sime Vrsaljko devait soulager Juanfran : mais le Croate n’a pris part qu’à trois matches de Liga, et à un seul en C1. Défensivement, c’est le tout jeune Lucas Hernandez qui impressionne le plus dernièrement à gauche : contre le Real, il a été le Colchonero à toucher le plus de ballons.

Simeone : les limites de la méthode

Depuis son arrivée en 2011, Diego Simeone a fait prendre une autre dimension à l’Atlético. En Espagne, d’abord, en permettant aux Colchoneros de rivaliser avec le Real et le Barça. Mis à part lors de la première saison de l’Argentin (5e), l’Atlético Madrid a toujours terminé dans le top 3, décrochant même le titre de champion en 2014. En Europe, ensuite, avec une victoire en Ligue Europa en 2012 et deux finales de Ligue des champions perdues contre le Real Madrid (2014 et 2016).
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Diego Simeone

Crédit: Getty Images

La longévité est exceptionnelle compte tenu de la méthode du “Cholo”. Son équipe repose sur une solidité défensive exceptionnelle, et une agressivité parfois exacerbée. La méthode a longtemps fonctionné, faisant notamment régulièrement déjouer le Barça ces dernières années, en championnat comme en C1. Elle s’essouffle aujourd’hui, et c’est presque logique tant le coût physique est élevé. D’autant que les Colchoneros ont souffert de l’interdiction de recrutement prononcée cet été, les empêchant de renouveler un effectif déjà vieillissant. La performance est déjà marquante : en général, les équipes adoptant cette organisation - comme le Real de Mourinho - finissent par craquer bien plus vite. L’Atlético l’aura fait au bout de six ans.
D’autant que l’Atlético Madrid, toujours invaincue en Liga malgré ses difficultés, peut encore retrouver un second souffle. Les séries sont faites pour s’achever, et celle de Griezmann ne durera pas éternellement. Le Français verra, en janvier, une partie de la responsabilité offensive lui échapper au profit de Diego Costa. Le retour de blessure de Koke samedi a déjà fluidifié le jeu colchonero. Après avoir payé le prix de tant d’années au plus haut niveau, l’Atlético n’est pas incapable de se relever avant la fin de saison. Il faudra d’ici là ne pas être décroché en Liga, et avoir quelque chose à jouer en C1. Ça passera par une victoire mercredi contre la Roma.
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