Giroud devant Gameiro ?

"Je ne veux pas me dispenser d'un joueur en pleine confiance et qui marque des buts", avouait Laurent Blanc en novembre dernier, lors du rassemblement des Bleus avant les matches amicaux face aux États-Unis et à la Belgique. Olivier Giroud faisait alors sa première apparition dans le groupe France, crédité d'un état de forme étincelant et dont le "Président" voulait profiter. Depuis, trois mois ont passé et Laurent Blanc dévoilera jeudi sa liste des joueurs retenus pour le match amical face à l'Allemagne, le 29 février à Brême.

Si Olivier Giroud continue de marcher sur l'eau, comme en témoignent ses huit buts inscrits entre-temps en championnat (plus deux en Coupe de France), Kevin Gameiro n'a pas vraiment redressé la courbe depuis. L'ancien Merlu (deux buts plus deux en Coupe) est de moins en moins à l'aise sur le front de l'attaque francilienne, et les statistiques (voir ci-dessous), comme l'impression générale dégagée par les performances des deux joueurs, sont éloquentes. Il est possible que le Pailladin, malgré son manque d'expérience, soit passé devant le Parisien dans la hiérarchie pensée par Laurent Blanc. Alors que Karim Benzema s'est blessé mardi soir à Moscou et qu'il ne jouera pas à Brême, l'information aurait son importance.

Le "Président" voyait jusqu'à présent en Olivier Giroud un rôle de "pivot", essentiellement. Sa grande taille, son bon jeu de tête et sa bonne conservation de balle dos au but font partie des qualités qu'apprécie particulièrement le sélectionneur. Celui-ci n'a d'ailleurs jamais hésité à sélectionner Guillaume Hoarau, pourtant parfois contesté, sur ces bases-là. Aujourd'hui, le Montpelliérain d'1,92m (autant que le Réunionnais) est devant l'ancien Havrais dans la hiérarchie des attaquants. Et son ombre plane sur un Kevin Gameiro en perte de vitesse. "Il a pris de l'avance, un petit peu. Je vais essayer de le rattraper", concédait le Parisien au micro d'Eurosport la semaine dernière.

Certes, Olivier Giroud est la "star" de l'effectif montpelliérain : constamment recherché, il est l'arme de destruction massive du MHSC et ses partenaires travaillent pour lui autant que possible. Tandis qu'à Paris, malgré son désir de jouer collectif, Kevin Gameiro n'est qu'une individualité parmi tant d'autres. Son jeu tout en appels et en prises d'espaces n'est pas très utile lorsque Nenê ou Jérémy Ménez improvisent un numéro de soliste. Souvent, l'on voit l'ex-Lorientais crier, lever les bras, pester contre ses partenaires. Olivier Giroud, lui, prend du plaisir à chacun de ses matches. Ça se voit sur son visage autant que dans des prises de risque que n'ose à peine imaginer le Rouge et Bleu, qui n'a tiré que 29 fois au but en 823 minutes de jeu depuis la dernière trêve internationale (contre 40 frappes en 957 minutes pour son rival).

Mais pour Laurent Blanc, seul compte le rendement de ses hommes et il a souvent martelé que la fameuse "forme du moment" avait beaucoup d'importance. Il aime aussi les joueurs qui, en plus de marquer, font marquer. A ce jeu-là, les cinq passes décisives de l'ancien Tourangeau depuis la mi-novembre risquent de peser lourd dans la balance. L'ex-Merlu, lui, n'en a distillé aucune. Il est d'ailleurs sorti prématurément sous quelques sifflets lors du choc de dimanche face à Montpellier (2-2), remplacé par Guillaume Hoarau, auteur de l'égalisation alors qu'Olivier Giroud croyait avoir donné six minutes plus tôt le but de la victoire à John Utaka.

Et puis il y a l'Euro 2012 qui se dessine. Si face à l'Allemagne, la vitesse et les appels de Kevin Gameiro pourraient constituer un avantage face à un collectif joueur, la puissance d'Olivier Giroud sera bienvenue contre des sélections moins flamboyantes, ou au bloc bas et regroupé. Et son état de grâce pourrait permettre à la France, comme Montpellier en Ligue 1 cette saison, de débloquer des situations difficiles face à de meilleures équipes. D'ici-là, les choses ont le temps de changer. Mais à l'instar du MHSC, Olivier Giroud a prouvé qu'il n'était pas une "surprise de la première moitié de saison". Son ascension, cette année, est fulgurante. Si elle ne le sera pas assez pour détrôner Karim Benzema de son poste de n°1, elle pourrait le mener à un rôle de doublure qu'il n'imaginait pas il y a encore un an.