Bleus : qu'est-ce qui a changé depuis Italie-France ?

Depuis son arrivée à la tête des Bleus, Didier Deschamps a appelé seulement 32 joueurs en six matches. Autant dire qu'il préfère s'appuyer sur un noyau dur et que les places seront chères. Mais depuis le dernier match des Bleus, le 14 novembre en Italie (1-2), la donne a parfois changé. Etat des lieux.

Le dossier du troisième gardien est-il réouvert ? Si Hugo Lloris (Tottenham) et Steve Mandanda (OM) restent intouchables, malgré les sept buts encaissés en trois matches de L1 par le Marseillais, le départ de Mickaël Landreau pour Bastia pourrait redistribuer les cartes pour le troisième larron. D'autant que les candidats sont légion. A commencer par deux anciens du groupe France, Cédric Carrasso (Bordeaux) et Stéphane Ruffier (Saint-Etienne), à la tête des deuxième et troisième meilleures défenses de Ligue 1 avec 15 et 16 buts encaissés chacune. Benoît Costil se pose en outsider grâce au bon parcours actuel de Rennes, quatrième de Ligue 1 et qualifié pour la finale de la Coupe de la Ligue. Quand à Ali Ahamada (Toulouse), il affiche des statistiques flatteuses.

Les absents ont toujours tort, dit-on. Forfait sur blessure face à l'Italie, Christophe Jallet et Gaël Clichy retrouveront-ils leur place ? En novembre, ils avaient d'abord été préférés à Anthony Réveillère et Benoît Trémoulinas. Deux mois et demi plus tard, quelle est la hiérarchie ? Malgré l'arrivée de Grégory van der Wiel, qui l'a parfois poussé sur le banc en fin d'année, le latéral droit parisien n'a plus quitté le onze de départ depuis le quart de finale de Coupe de la Ligue face à Saint-Etienne le 27 novembre. Soit dix matches consécutifs. Mais Réveillère est lui aussi indéboulonnable à Lyon. Jusque-là, Deschamps a favorisé Jallet (trois sélections contre deux pour le Lyonnais). Une fois, les deux ont été appelés en même temps (en septembre face à la Finlande et la Biélorussie). A moins que Bakary Sagna (32 sélections), jamais appelé par Deschamps mais de retour sur les terrains à Arsenal, ne vienne mettre son grain de sel. A gauche, l'expérience de Clichy (16 sélections) devrait lui permettre de reprendre la place de Trémoulinas (1). Dans l'axe, les solutions sont moins nombreuses. Si Koscielny (Arsenal) et Rami (Valence) ont alterné le bon et le moins bon, si Yanga-Mbiwa doit s'habituer à son nouveau club (Newcastle), on peine à trouver des alternatives à part un retour de Raphaël Varane, titulaire à huit reprises lors des quinze matches du Real Madrid depuis mi-novembre. Si Dider Deschamps a regardé la demi-finale de Coupe du Roi face à Barcelone (1-1), ça n'a pu pas lui échapper.

C'est le seul poste où les portes semblent vraiment ouvertes. Depuis l'Italie, Yoann Gourcuff n'a disputé que cinq rencontres avec Lyon (dont quatre comme titulaire). A priori, il y a donc au moins une place à prendre. Et ils sont nombreux à postuler. Parmi les noms qui retiennent le plus l'attention, le Toulousain Franck Tabanou et les Rennais Julien Féret et Romain Alessandrini ont reçu une pré-convocation. Tabanou, déjà pré-convoqué pour le premier match de Deschamps face à l'Uruguay (0-0), est en forme depuis la reprise (trois buts et une passe en trois matches). Mais tous les regards sont tournés vers Rennes. Depuis la dernière liste, Féret et Alessandrini sont inarrêtables (six buts et deux passes chacun en L1) et espèrent connaître leur première cape. Quant à Samir Nasri, qui vient de purger ses trois matches de suspension, il ne semble pas faire partie de l'équation malgré les appels du pied de Franck Ribéry ("On reverra Samir en équipe de France"). Hatem Ben Arfa, lui, est blessé.

Yohan Cabaye, qui a enchaîné les blessures, a sans doute rassuré Didier Deschamps en inscrivant un but magnifique face à Aston Villa (1-2), mardi. Qui l'accompagnera au milieu de terrain ? Une chose est sûre, ce ne sera pas Rio Mavuba. Déjà blessé au moment d'affronter l'Italie, son ancien coéquipier à Lille s'est fait opérer du genou et sera absent deux à trois mois. Yann M'Vila, lui, est suspendu. Face à l'Italie, Gonalons, Matuidi, Capoue et Sissoko étaient présents. Moussa Sissoko, malgré son transfert récent à Newcastle où il a impressionné Alan Pardew pour sa première sortie face à Aston Villa, devrait être assuré de conserver sa place. Dans un profil polyvalent, plus proche d'un Patrick Vieira, deux nouvelles options s'offrent au sélectionneur. D'abord un revenant, Abou Diaby. Accablé par les blessures, il est enfin de retour à Arsenal. Mais Deschamps reconnaît "une incertitude et des interrogations par rapport à sa fragilité". Reste le phénomène Paul Pogba (19 ans). Titulaire à neuf reprises avec la Juventus, il a enchaîné sa quatrième titularisation de suite contre le Genoa. Avec déjà quatre buts au compteur.

Difficile de bousculer la hiérarchie en attaque. D'autant plus que Karim Benzema, blessé et forfait pour affronter la Squadra Azzurra, retrouvera naturellement sa place. Il faudra donc commencer par faire un sacrifice entre Giroud, Gomis, Ménez, Payet ou Ribéry. Olivier Giroud a eu la bonne idée de se réveiller ces derniers jours : cinq buts et une passe décisive en trois matches à Arsenal. De toute façon, il fait partie du projet de DD. Jérémy Menez est toujours titulaire au PSG malgré l'arrivée de Lucas. Depuis la mi-novembre, Gomis a inscrit huit buts avec l'OL. Et Ribéry est intouchable au Bayern. Payet, même s'il est actuellement en forme avec Lille, devrait donc être le grand perdant. Difficile dans ces conditions de faire une place pour un Loïc Rémy, auteur de son premier but avec QPR face à West Ham (1-1), ou un Jérémy Aliadière, parmi les joueurs offensifs français les plus efficaces actuellement en Europe (8 buts et 6 passes en L1).