Lille, vivier des Bleus

Ce n'est pas sans rappeler l'Euro 2008. Face à l'Italie (défaite 2-0), Raymond Domenech aligne cinq Lyonnais ou anciens Gones dans son onze de départ : Grégory Coupet, Eric Abidal, François Clerc, Jérémy Toulalan, Sidney Govou et Karim Benzema. Une colonne vertébrale estampillée 100% Rhône qui rappele le début des années 1990 au cours desquelles les joueurs de l'OM se taillaient la part du lion en équipe de France. La première liste de Didier Deschamps fait, elle, la part belle aux Lillois. Ils sont quatre : Mathieu Debuchy, Marvin Martin, Rio Mavuba et Dimitri Payet alors que Yohann Cabaye, destiné à une place de titulaire après un Euro convaincant, et Rami ne sont pas disponibles à cause de "soucis sur le plan médical." Ce sont donc six Lillois ou anciens Dogues qui pourraient garnir l'effectif des Bleus lors des éliminatoires du Mondial 2012.

Cette arrivée massive n'est sans doute pas un hasard. Lors du dernier Euro, trois des quatre demi-finalistes présentaient des onze de départ très marqués par un club en particulier. La défense italienne était celle de la Juve qui alignait six titulaires dans le onze transalpin. Côté allemand, le total est le même concernant les Munichois du Bayern. Alors que quatre Madrilènes et cinq Barcelonais se côtoyaient dans le onze de l'Espagne face au Portugal. La culture club a fait ses preuves dans les meilleures sélections européennes. Cohérence collective, automatismes rôdés : la formule peut séduire.

Didier Deschamps emprunte-t-il le même chemin ? "C'est un club performant. Il y a l'avantage que les joueurs se connaissent avec des affinités techniques sur le terrain, et des affinités aussi en dehors", a avoué le nouveau sélectionneur des Bleus ce lundi. "Après rien n'est fixé", a tempéré Deschamps. Sous-représenté dans les listes de Laurent Blanc, le champion de France 2011, force vive de L1 depuis le déclin de Lyon et le recrutement 100% étranger du PSG, revient en force avec l'arrivée de Deschamps. "C'est toujours mieux d'avoir des partenaires, ça facilite les choses. Je suis content aussi pour le LOSC. C'est la reconnaissance du travail effectué à Lille", note pour sa part Rio Mavuba, boudé par Blanc et plébiscité par Deschamps.

Chacun des nouveaux ou anciens Dogues, comme autant de titulaires en puissance, à un vrai coup à jouer. Debuchy et Cabaye, sur la lancée de leur Euro, semblent avoir une longueur d'avance sur leurs concurrents directs. Payet doit saisir sa chance au sein d'une première liste où figurent très peu de joueurs de couloir. Face à Briand et Valbuena, Payet n'a pas de complexe à avoir. D'autant que le départ de Hazard devrait accroître son temps de jeu à Lille. Tout comme Marvin Martin qui devrait avoir de grandes responsabilités au coeur du jeu nordiste.

Incontournable à Lille, Mavuba pourrait lui bénéficier de sa complicité avec Cabaye et des grosses baisses de régime de M'Vila et surtout d'Alou Diarra pour s'installer dans l’entrejeu des Bleus. La chance de Rami, au sortir d'un Euro raté dans les grandes largeurs, tient, elle, dans l'inexpérience de la concurrence (Yanga Mbiwa, Varane, Koscielny et Sakho). Reste une limite majeure : Didier Deschamps n'est pas Rudi Garcia. L'un est un fervent admirateur du FC Barcelone et met en place un jeu de passes au sol avec une vraie tentation pour l'offensive quand l'autre défend un projet de jeu pragmatique avec une culture du résultat. L'équipe de France peut-elle devenir un LOSC version pragmatique ?