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Belgique - France : 0-0, Analyse tactique : Le "projet de jeu" de Deschamps se précise

Eurosport
ParEurosport

Publié 15/08/2013 à 12:58 GMT+2

Pour Florent Toniutti, des circuits se développent dans l’équipe de France de Didier Deschamps, notamment en attaque. Mais Ribéry, Valbuena, Benzema et Payet ont besoin d’aide pour se libérer et donner la pleine mesure de leur talent.

FOOTBALL 2013 France Franck Ribery

Crédit: Panoramic

A défaut de buts, c'est un match de reprise plutôt rythmé que Belges et Français ont offert hier au public de Bruxelles. Après un premier acte timide, les Bleus sont bien revenus après la pause. Assez disponibles, les attaquants se sont trouvés mais ont longtemps manqué de soutien à l'approche de la zone de vérité.
Au coup d'envoi, deux équipes calquées l'une sur l'autre se faisaient face : les Français en 4-2-3-1 et les Belges en 4-1-4-1. Côté bleu, Didier Deschamps avait fait le choix d'aligner une paire en quête d'expérience dans l'entrejeu avec Guilavogui et le néo-champion du monde U20 Kondogbia. Devant, le quatuor offensif était composé de Ribéry, Valbuena, Benzema et Payet, ce dernier surfant très certainement sur ses bonnes sorties de juin dernier en Amérique du Sud (Lloris - Sagna, Koscielny, Abidal, Clichy - Guilavogui, Kondogbia - Payet, Valbuena, Ribéry - Benzema). Côté belge, Wilmots alignait un 4-1-4-1 avec un trio composé de Fellaini, Chadli et Witsel au milieu de terrain (Courtois - Alderweireld, Van Buyten, Kompany, Pocognoli - Witsel - De Bruyne, Fellaini, Chadli, Hazard - Lukaku).
La Belgique plus entreprenante au pressing :
Avec une telle opposition tactique, les premières minutes ont vu les deux formations se presser mutuellement. A ce jeu-là, c'est généralement l'équipe la plus entreprenante qui prend la main, et ce match n'a pas dérogé à la règle. En positionnant leur première ligne de quatre assez haut dans le camp français, les Belges ont rapidement pris l'ascendant, bloquant les quatre solutions courtes qui s'offraient à Lloris, Abidal ou Koscielny (Sagna, Guilavogui, Kondogbia et Clichy). Du coup, ce sont les ailiers français qui étaient contraints de redescendre pour offrir des solutions au milieu de terrain. Payet se rendait par exemple disponible entre Hazard et Chadli pour récupérer les ballons. Mais ces décrochages étaient aussi surveillés de près par les latéraux belges, qui sortaient de l'alignement défensif pour empêcher leurs adversaires directs de se mettre dans le sens du jeu (Pocognoli sur Payet). Leurs décrochages permettaient toutefois aux Bleus de trouver des solutions sur la largeur, le temps de remonter le bloc-équipe pour ensuite se déployer dans le camp adverse.
Dans l'autre camp, le 4-2-3-1 français était beaucoup plus attentiste. Si Witsel était naturellement dans la zone de Valbuena, Kondogbia et Guilavogui restaient bien en position devant leur défense au lieu de suivre les mouvements de Fellaini et Chadli. Pour les deux Français, l'objectif n°1 était d'empêcher la Belgique d'aller rapidement de l'avant en attendant le repli du reste de l'équipe. En bloquant l'axe, ils forçaient Fellaini et Witsel à jouer latéralement, permettant ainsi le retour des attaquants à hauteur du rond central. En phase défensive, les hommes de Didier Deschamps alternaient entre 4-4-2 et 4-2-3-1 avec le duo Valbuena-Benzema en pointe du système. Plutôt bien en place et efficaces dans les duels en début de partie (Koscielny ou Abidal face à Lukaku notamment), ils n'ont quasiment pas concédé d'occasions sur attaque placée. Augurant du reste de la rencontre, le premier mouvement dangereux des Belges est parti d'un corner défensif bien ressorti et transformé en un contre à cinq contre deux miraculeusement sorti par la défense bleue.
Les Bleus par à-coups :
Il a fallu attendre une vingtaine de minutes pour voir réellement les Français se défaire du pressing belge. Sans surprise, c'est une nouvelle fois Valbuena qui a permis cela, par ses déplacements sur les côtés. En allant dans les couloirs, le Marseillais occupait les zones normalement abandonnées par les latéraux belges, sortis au pressing sur Ribéry ou Payet. Fellaini et Chadli se concentrant sur Kondogbia et Guilavogui, les défenseurs français pouvaient à atteindre leurs attaquants en écartant le jeu. De ces zones, les attaques se développaient ensuite autour de deux ou trois membres du quatuor offensif. En première mi-temps, les Bleus ont majoritairement construit leurs actions côté gauche avec les mouvements de Ribéry, Benzema et Valbuena. A défaut de pouvoir transpercer la défense, ils parvenaient à se défaire de la pression de Fellaini et Witsel pour ressortir le ballon dans l'axe. A la réception, Payet profitait de l'absence de Chadli pour se retrouver face à la défense adverse, plein axe, à 20 mètres des buts de Courtois.
Le véritable problème des Bleus résidait dans l'accompagnement des actions. Souvent, la construction telle qu'elle vient d'être décrite faisait que les quatre attaquants se retrouvaient sur une même ligne et seulement un demi-terrain. Côté opposé, le latéral montait pour occuper le couloir mais était difficilement atteignable (et rarement utile). Dans l'axe, Guilavogui et Kondogbia ne sont quasiment jamais intervenus dans les 25 derniers mètres au cours de la première mi-temps. Les Bleus attaquaient et défendaient donc à cinq : schématiquement, quatre attaquants sur un demi-terrain ou presque, un latéral sur l'aile opposée pour la largeur, deux milieux pour couper la transition adverse et trois défenseurs en couverture derrière. Un schéma de jeu certes "équilibré" numériquement parlant mais qui s'est surtout caractérisé par sa stérilité offensive. Comme souvent, les Bleus ont manqué d'une présence supplémentaire dans la surface adverse.
Un 4-2-3-1 qui prend forme :
Mais les choses ont bougé après la pause. Et tout est parti de la "libération" de la paire formée par Guilavogui et Kondogbia. Enfin présent au pressing, les deux hommes ont repris le match par le bon bout malgré quelques pertes de balle dangereuses sous la pression de Fellaini et Chadli. En se rendant enfin disponibles en phase offensive, ils permettaient aux quatre attaquants de mieux occuper le terrain. Quelques minutes avant sa sortie, Kondogbia s'est même fendu d'une très belle percée au coeur du bloc belge, qui a permis de décaler Valbuena côté gauche. Le centre du Marseillais a malheureusement atterri entre la course du Sévillan, enfin dans la surface adverse, et Benzema, terminant sa course dans la niche de Courtois. Le quatuor offensif s'est aussi signalé par un très bel enchaînement, démarrant de Lloris et Payet, passant par Valbuena et finissant par un centre de Ribéry pour Benzema au premier poteau.
Passée l'heure de jeu, les nombreux changements ont ensuite lentement défait le rythme de la rencontre (comme d'habitude). Dans la route qui doit mener les Bleus jusqu'au Brésil, ce match a permis à Didier Deschamps de poursuivre la construction de son "projet de jeu". S'il peut ne pas plaire à tout le monde (60 millions de sélectionneurs obligent), il existe bel et bien. Adopté depuis le nul acquis en Espagne, le 4-2-3-1 est aujourd'hui son élément de base. Petit à petit, les rôles s'éclaircissent et quelques circuits se développent : la relation Benzema-Ribéry, la mobilité de Valbuena, l'ajout de Payet en bout de chaîne... S'ils n'ont pas marqué face à la Belgique, ces enchaînements suffiront peut-être pour faire plier la défense géorgienne (plus faible) le mois prochain. Mais le véritable chantier offensif se situe derrière l'attaque et concerne ses principaux soutiens. Didier Deschamps va en effet devoir peaufiner son équilibre défensif afin de permettre une présence supplémentaire dans la zone de vérité tout en ne perdant pas la face derrière. Savoir couvrir à quatre pour pouvoir attaquer à six, le genre d'ajustement qui peut changer le statut d'une équipe...
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