Et si Matuidi était le vrai patron de l’équipe de France ?

Petit quizz : quel est le dernier joueur à avoir inscrit un doublé sous le maillot de l'équipe de France à Bordeaux ? Zinedine Zidane lors de sa première sélection, une révélation. La comparaison s'arrête là. ZZ est unique, personne ne le contredira. Mais Blaise Matuidi fait voler en éclat les limites de son talent sortie après sortie. Il n'atteindra sans doute jamais celui de son illustre prédécesseur. Mais il prend une telle influence en équipe de France que la question de son statut se pose. Aujourd'hui, quelles sont les stars et leaders supposés des Bleus ? Karim Benzema, pour sa carrière à Madrid, et Paul Pogba, pour les promesses et le futur qu'il incarne mieux que personne.

Cette semaine, les deux hommes ont laissé le poids des responsabilités au Parisien. C'est lui qui, d'un doublé, a mis la France sur les rails d'un succès face à la Serbie (2-1) qui lui permet de se remettre les idées à l'endroit. Quand Benzema s'est caché à Lisbonne, quand Pogba a beaucoup essayé sans réussir grand-chose face au Portugal et à la Serbie, l'irréprochable Matuidi a fait dans l'efficace. "Il est impressionnant, il est très fort quand il marque des buts comme celui-là", note un Schneiderlin bluffé par son compère de l'entrejeu. "Ca complète sa large palette de manière formidable."

Mais le milieu de Manchester United va plus loin. Pour lui, Matuidi "est un joueur très important, peut-être le plus important qu'a le PSG". Plus important qu'Ibrahimovic, Verratti ou Thiago Silva ? Cela se discute mais, en équipe de France, après avoir pris place parmi ceux qui ne bougent plus du onze, il est sans doute l'heure pour lui de jouer les leaders. Cette espèce très rare après laquelle court Didier Deschamps depuis son intronisation à la tête de la sélection.

"Depuis le début de saison, il a une efficacité offensive maximale", a rappelé Didier Deschamps en conférence de presse après la démonstration de son milieu. "Il est en confiance, ses frappes sont cadrées, il met deux très beaux buts. Il franchit encore un palier. Dans son rôle de récupérateur, le volume, il l'a toujours eu et il y ajoute une précision et une efficacité offensive qui nous font du bien." Avec Paris, il en est déjà à quatre buts et deux passes décisives toutes compétitions confondues.

Ne comptez pas sur lui pour fanfaronner. Soir de défaite ou de triomphe personnel, comme ce lundi, il se présente toujours avec la même moue dubitative, les yeux grands ouverts. Matuidi fait le job devant les journalistes, enfile les évidences comme d'autres les perles et ce n'est pas sa mine en plein lucarne qui va le faire dévier. Extraits : "je suis surtout content pour l'équipe","ne nous enflammons pas", "on peut toujours faire mieux, il y a toujours des progrès à faire."

Tout juste concède-t-il que Zlatan va encore le "chambrer" : "S'il faut que je continue à mettre des frappes comme ça en tribune à l'entrainement et que ça passe en match, tant mieux", a-t-il conclu malicieux devant un auditoire conquis. Matuidi est comme ça : il ne bombe pas le torse, la joue profil bas. Pourtant, imaginez seulement l'onde de choc si Pogba avait signé le même bijou. Sauf que Matuidi n'est pas Pogba. Mais, surtout, Pogba est encore loin d'être Matuidi.