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Liverpool : Anfield a sauvé son âme

Bruno Constant

Mis à jour 17/10/2016 à 15:57 GMT+2

En restant à Anfield alors que ses anciens propriétaires souhaitaient déménager, Liverpool n'a commis aucune faute de goût. Les Reds, qui reçoivent Manchester United (21 heures), ont préservé leur identité et une certaine idée du football anglais.

Anfield - Liverpool

Crédit: Panoramic

Au détour d'un récent match de charité, Jose Mourinho a demandé à Jamie Carragher de combien la capacité d'Anfield avait été augmentée cet été. "7 à 8000", lui a répondu le Scouser. "C'est énorme", s'exclama le Portugais. Et cela en dit beaucoup sur l'impact du nouvel Anfield qui peut désormais accueillir 54 000 spectateurs. Le Special One aime Anfield. Il y a vécu de grands moments et de très mauvais aussi. Avec Chelsea, il a été privé d'une seconde finale consécutive de Ligue des Champions à la suite du but fantôme de Luis Garcia en 2005. Et il a contribué à la plus grande désillusion des Reds qui ont vu s'effondrer leur premier titre depuis 1990 en même que les crampons de Steven Gerrard en avril 2014 face à Chelsea.

Le jour où le stade a failli s'effondrer

Lorsqu'on me demande dans quel stade se rendre pour ressentir, ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie, la passion du football anglais, je réponds toujours : Anfield ! L'une des dernières enceintes à mêler histoire, tradition et frissons. A travers son You'll never walk alone, bien sûr, mais pas seulement.
On se souvient du vacarme après le but de Gerrard qui avait arraché la qualification face à l'Olympiakos (3-1) en décembre 2004, ce qui avait fait dire au capitaine légendaire des Reds : "Ce jour-là, j'ai bien cru que le stade allait s'effondrer". Ou encore du formidable renversement de l'équipe de Jürgen Klopp face à Dortmund (3-2), en avril dernier.
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Les supporters de Liverpool à Anfield

Crédit: Panoramic

A West Ham, on pleure le Boleyn Ground

Une passion et une âme que le club de la Mersey a su préserver en privilégiant l'extension de la Main Stand, la tribune principale d'Anfield, plutôt que la construction du nouveau stade, Stanley Park, projet initié par les précédents et très contestés propriétaires américains (Hicks and Gillett) en 2007 et avorté lors de l'arrivée des nouveaux (Fenway Sports Group de John W. Henry). C'est le reproche que l'on a longtemps fait à Manchester City et Arsenal pour avoir abandonné Main Road et Highbury, véritables temples du football anglais. Et c'est le reproche que font aujourd'hui tous ceux qui se sont rendus au stade olympique de Londres, rebaptisé London stadium, où a déménagé West Ham cet été avant la démolition du Boleyn Ground, sa tribune Bobby Moore et ses briques rouges, vestiges de son histoire.
Lors de leur visite dans la nouvelle enceinte de Dimitri Payet, les supporters de Southampton avaient fait un constat amer : "On est loin de la pelouse, à plus de 25-30 mètres, vous ne ressentez pas l'ambiance. Ce n'est pas un stade de football, et encore moins un stade anglais. Bon courage aux fans de West Ham !" Il en faudra, en effet.
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olympic stadium london

Crédit: AFP

Pour les autres, c'est déjà peine perdue. A City, l'Etihad stadium, malgré son agrandissement, propose sans doute l'ambiance la plus soporifique d'Angleterre tandis que l'Emirates Stadium, s'il permet à Arsenal de réaliser des bénéfices record - 101,84 M£ soit plus que le Real à Bernabeu et le Barça au Camp Nou ! -, voit son atmosphère s'éteindre progressivement. Les spectateurs y arrivent quelques minutes seulement avant le coup d'envoi et sont de moins en moins nombreux à se lever pour reprendre le traditionnel "Stand up if you hate Tottenham !" ("Levez-vous si vous détestez Tottenham !").
Un profond sommeil que tentent de briser groupes de supporters et dirigeants de Manchester United à Old Trafford, souvent comparé à une cathédrale silencieuse et où, dixit Roy Keane, les gens sont plus intéressés à manger des sandwiches aux crevettes qu'au match de football. L'argent et le profit au détriment de l'âme. Un chemin que prendront les Spurs en quittant leur petit chaudron de White Hart Lane pour leur nouveau stade, juste à côté à partir de 2018.

Des stades qui se ressemblent de plus en plus

Dans un monde où l'enrichissement tend à effacer les traces du passé et où les stades se ressemblent de plus en plus, Anfield reste l'un des derniers vestiges de Premier League à avoir su préserver une vraie identité. Ses quatre tribunes, ses spectateurs le nez sur le gazon, son atmosphère unique, ses chants, son histoire. C'est un parfum qu'on ressent encore à Goodison Park (Everton), au Stadium of Light (Sunderland), à Selhurst Park (Crystal Palace) ou dans le très chaud Turf Moor (Burnley) en espérant les retours en Premier League de Villa Park (Aston Villa) et St James' Park (Newcastle).
En attendant, il faut descendre d'un étage ou deux pour retrouver l'ambiance authentique du football anglais. L'élégant Craven Cottage (Fulham, D2), ses tribunes en bois, ses pilonnes qui vous cachent une partie du terrain et sa balade le long de la Tamise depuis la station Putney Bridge. Ou encore Griffin Park (Brentford), en face de l'aéroport de Heathrow, seul stade du royaume à avoir un pub à chaque coin du stade ! Heureusement, en haut de la pyramide du foot anglais, il reste Anfield.
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Anfield, Liverpool Stadium, Liverpool

Crédit: AFP

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