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Les bonnes résolutions de la Serie A

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 05/01/2013 à 12:50 GMT+1

Pour Johann Crochet, le football italien a sérieusement besoin de se réformer. Ça tombe bien, c'est la période des bonnes résolutions.

FOOTBALL 2012 Juventus - Vidal

Crédit: AFP

Cher football italien,
Je t’adore et tu le sais. Chaque semaine, je me délecte de tes matches, je scrute les faits et gestes de tes joueurs, j’admire le talent de tes stars comme de tes joueurs moins connus, je suis avec autant de bonheur un Catane-Atalanta qu’un Milan-Juve, je dissèque tes tendances et j’étudie les idées de tes entraîneurs. Je suis un amoureux de la Série A. Un inconditionnel même. Je ne suis pas Italien, mais il m’arrive même de regarder régulièrement des matches de ta deuxième division. Tu peux le voir, je suis un passionné. Pourtant, tu m’en fais voir de toutes les couleurs, tu m’as mis l’EPO, le Calciopoli et le Calcioscommesse dans les pattes, mais cela n’a pas suffi à me faire te détester. Même tes polémiques ridicules chaque semaine, souvent à base d’arbitrage, ne sont rien à côté de toutes les bonnes choses que tu me fais voir.
J’aimerais te souhaiter plein de choses pour la nouvelle année. A commencer par la poursuite du virage pris par la nouvelle génération d’entraîneurs, pour qui le football est un spectacle et la fin ne justifie pas les moyens. Si on te parle encore de Catenaccio, c’est parce que les imbéciles qui ont ce mot à la bouche ne connaissent rien de toi. Ou alors, ils t’ont oublié et n’ont que des souvenirs d’adolescents. Mais voilà, tu as entamé une deuxième jeunesse et je t’encourage à aller encore plus loin. Parce que même si ce foutu ranking UEFA ne fait pas tout, tu es un peu à la traîne ces derniers mois. Oui, c’est une question de cycle. Tu as raison. Tu gagnes moins souvent de Coupes d’Europe et tu prends avec dédain l’Europa League, toi qui l’a remportée huit fois entre 1989 et 1999. Tu t’es embourgeoisé et tu t’es mis à dépenser sans compter. Plus grave, tu as perdu tes bonnes idées et tu as voulu faire comme les autres. Mais tu as perdu cette bataille. Alors, pour retrouver ton lustre d’antan, comme disent les vieux journalistes aux cheveux grisonnants, il te faut te réformer. Et sache que j’ai des idées. Je t’en livre quelques-unes.
Résolution n°1 : perdre du poids
Ce n’est pas vraiment élégant de ma part, mais il faut que tu maigrisses cher football italien. Tu es devenu trop gros. Ta première division affiche vingt clubs et je te propose d’en supprimer deux. Cela a plusieurs avantages : quatre matches de moins dans l’année, possibilité de faire une véritable trêve hivernale et compétitivité en hausse. Avec deux clubs de moins, les actuels "trop gros pour descendre sauf en cas de catastrophe industrielle" comme Palerme, le Genoa ou la Sampdoria devront arrêter de faire n’importe quoi, sous peine de descendre. Car aujourd’hui, ils sont protégés par les Lecce, Cesena, Novara, Brescia et consorts, qui montent et qui descendent, et ont un an pour prendre le maximum d’argent avant de retomber dans la division inférieure. Certains l’ont compris et ont lancé de véritables projets comme Parme ou Catane, mais les irréductibles "présidents-traders" que sont Preziosi et Zamparini auraient bien besoin d’un coup de pression supplémentaire pour en faire de même.
Tes divisions inférieures sont également en surpoids. La Série B affiche vingt-deux clubs et ta troisième division est composée de deux groupes et de 33 équipes. Rends-toi compte un peu ! Cela fait 75 équipes professionnelles. C’est trop. beaucoup trop. Résultat : chaque année, nombre d’entre eux font faillite, disparaissent de la circulation et il faut alors tout recommencer : refaire les classements, exclure des équipes, modifier les équipes qui montent, etc. C’est un vrai travail d’amateur. Je vis à l’étranger et tu sais, cher football italien, on se moque de toi notamment pour cela. Ta réputation a pris une grande gifle et tu ne sembles pas t’en rendre compte. Tes dirigeants se contentent de jouer aux alarmistes dans la presse, mais une fois installés derrière leur bureau, ils préfèrent réserver une table dans les meilleurs restaurants plutôt que de s’attaquer aux réformes nécessaires. Ils aiment autant laisser ce travail ingrat et impopulaire (auprès des clubs) à leurs successeurs.
Je te propose de passer la Série A, la Série B et la D3 à dix-huit clubs. Ce sera largement suffisant.
Résolution n° 2 : rester jeune
Tu sais, cher football italien, j’ai longtemps milité pour que tu fasses un peu plus confiance à tes jeunes. Car, pendant longtemps, tu as eu les structures à ta disposition mais tu n’en as rien fait. Tu t’es contenté de sortir un joueur de temps en temps et de dire : "regardez, les jeunes italiens ont leur chance". Depuis deux saisons, et encore plus depuis l’été dernier, tu t’es mis à t’appuyer sur eux. Nombre de tes clubs en ont été obligés, crise économique oblige. Ce n’est certes pas un projet imaginé depuis des années, mais une tendance que tes clubs ont subie. L’effort reste cependant louable. Et puis, j’ai l’impression que tu as arrêté de croire qu’il fallait que tu ne sortes que des Totti et Maldini. Chaque équipe a besoin de joueurs besogneux, et quitte à en avoir, autant les former plutôt que d’aller les acheter 3M€ à droite et à gauche. Regarde, je prends l’exemple d’Alessandro Florenzi. Ce n’est pas le milieu de terrain le plus talentueux mais quel travailleur. Discipliné, il écoute ses entraîneurs, est toujours à la recherche d’amélioration et est infatigable au milieu de terrain. Cerise sur le gâteau, il est adroit avec ses pieds. Moins que Pirlo, mais on ne découvre pas un Pirlo chaque semaine.
Tu fais désormais confiance à tes jeunes et tu dois en partie remercier Cesare Prandelli qui a œuvré pour cette transformation. Tu sais, cet entraîneur a une belle vision du football et tu dois faire en sorte de le protéger et le choyer. C’est l’homme qu’il fallait pour l’équipe qui te représente sur la scène internationale.
Mais tu dois encore aller plus loin. Chaque club a sa Primavera. Le nom est joli : "printemps" est plus doux qu’équipe réserve. Mais voilà, tu as décidé de faire jouer tes jeunes entre eux, contrairement aux autres modèles européens. Ils progressent donc moins vite et les jeunes joueurs talentueux sont tellement au-dessus des autres qu’ils perdent leur temps. Ensuite, il faut les prêter en Série B ce qui empêche ces équipes d’avoir de réels projets sur l’avenir car ils comptent sur des joueurs en prêt qui ne resteront qu’un an. Pourquoi ne décides-tu pas d’inclure les meilleures équipes de jeunes à la troisième division, dans une Lega Pro réformée ? Ainsi, les meilleurs jeunes progresseront plus vite et pourront être incorporés plus facilement aux équipes premières.
Résolution n°3 : arrêter de dire du mal des autres
Cher football italien, tu dois effectuer des réformes mais pour cette dernière, tu ne peux rien. En fait, tu es même la victime de l’importance que tu as dans la société italienne. On dit beaucoup de choses de toi, on parle sans arrêt de toi et des médias entiers te sont consacrés. Une de leurs rubriques favorites est consacrée à l’arbitrage. Car tu le sais déjà, tu génères beaucoup de polémiques. Tu y es aussi pour quelque chose car tu as déconné à plusieurs reprises dans ton histoire. Mais voilà, sous couvert de populisme général et parce que c’est toujours plus facile de rejeter la faute sur l’autre, ces journaux et sites Internet évaluent les arbitres chaque week-end. La rubrique est intitulée "La moviola". Chaque action est scrutée et décortiquée. Quand un arbitre est nommé pour un match, "on" repasse tous les antécédents qu’il a eus avec les deux équipes. La pression sur les arbitres est énorme et il serait bon que tout cela cesse. C’est malsain et inacceptable. Parfois, cela me dégoûte et je te zappe pendant quelques heures.
Voilà trois idées de réforme cher football italien. Il y en a d’autres, mais je les garde pour l’année prochaine. Car mieux vaut en mener assez peu, mais en profondeur, plutôt que d’intervenir sur plus de choses pour finalement s’éparpiller. Je te connais cher football italien, tu es toujours plein de bonne volonté dans les mots, mais tu recules souvent devant la moindre difficulté. Alors, je te laisse avec ces trois résolutions urgentes en espérant que je n’aurai pas à les reformuler l’année prochaine.
Felice anno nuovo e a presto.
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