Naples peut-il être champion ?

C'est la question qui agite les débats dans toutes les chaumières de Campanie. Avec 30 points au compteur, le Napoli, deuxième de Serie A, égale d'un point de vue comptable son meilleur début de saison établi en 1989-1990. Une saison au cours de laquelle la bande à Maradona remporta son second Scudetto.

Les puristes pourront toujours souligner qu'en 1989, le Napoli ne comptait "que" 22 points au compteur après 14 journées (8 victoires et 6 matches nuls), bilan comptable faisant de lui le leader d'alors, avec 4 unités d'avance sur les deux Milan et la Sampdoria. Mais à l'époque, un succès ne rapportait que 2 points dans la besace, contre 3 aujourd'hui. Cinq mois plus tard, la bande à Maradona s'adjugeait un second Scudetto au nez et à la barbe du Milan de Van Basten, trois ans après avoir déjà triomphé de la Juventus de Platini. Bien de l'eau a depuis coulé sous les ponts de la côte amalfitaine. Longtemps englué dans les bas-fonds de la Serie A, puis condamné aux basses-fosses des divisions inférieures (Serie C1 et Serie B), le Napoli n'a longtemps été que l'ombre du glorieux club qu'il fut, ne renouant avec l'élite italienne qu'en 2007, après une longue et interminable absence de six printemps. Aujourd'hui l'ancien club de José Altafini fait à nouveau jouir de plaisir ses tifosi qui rêvent désormais de Scudetto, un mot si longtemps tabou et dont les Partenopei semblent croire de plus en plus, six mois après leur brillante victoire en finale de la Coupe d'Italie contre une Juventus pourtant invaincue durant toute la saison (2-0). Il faut dire que les hommes de Mazzari ont désormais de sérieux arguments. Contrairement à la Juventus, leader du Championnat avec 32 points, le Napoli peut en effet se targuer de ne pas disputer cette saison la Ligue des champions (et qu'on ne vienne pas nous parler de Ligue Europa, au vu des compositions folkloriques alignées par Mazzari lors des trois premières journées), avantage non négligeable que la Vieille Dame sut à merveille tirer parti l'an passé. "Ce que fait le Napoli est la résultante de ces deux ou trois dernières saisons qui s'avérèrent toutes excellentes, corrobore ainsi Antonio Careca, l'ancien buteur brésilien du Napoli (1987-1993), à Tuttosport. Donc je pense que cette équipe est prête à remporter un troisième titre, après ceux de 1987 et 1990. Car si à l'époque le Napoli pouvait compter sur Maradona, Ferrara et moi, il peut désormais s'en remettre à Cavani, un très grand joueur qui peut toutefois encore s'améliorer et devenir plus fort."

Considéré à juste titre comme le meilleur avant-centre de la Serie A, Edison Cavani a changé la face de son club depuis son arrivée en grande pompe sur les bords du Vesuvio, en juillet 2010. Il faut dire qu'en deux ans et demi à peine, l'international uruguayen a fait trembler les filets à pas moins de 81 reprises, bilan faisant de lui le sixième meilleur buteur de l'histoire du club partenopeo (à "seulement" 34 buts du plus si intouchable Maradona), et surtout le meilleur buteur en Coupe d'Europe de la formation italienne, avec 18 buts (soit 3 de plus qu'Altafini et surtout 13 de plus que sa Majesté Diego). Outre Cavani, le Napoli peut aussi se féliciter de posséder en ses rangs des joueurs ô combien expérimentés en les personnes de De Sanctis, Cannavaro, Campagnaro ou encore Gamberini, sans oublier les excellents joueurs que sont Hamsik et Inler. Et si Lavezzi a depuis fait ses valises du côté du PSG, Mazzari peut toujours s'en remettre à la fougue et la vivacité du jeune Lorenzo Insigne, excellent à Cagliari lundi soir, et à Igor Pandev, dont l'impressionnant palmarès semble parler pour lui.

Mais pour certains, pas sûr que cela suffise à faire trépasser une Juventus qui "semble au-dessus des autres" pour paraphraser ce cher Clarence Seedorf. C'est en tout cas ce que pense Nedo Sonetti, ancien portier italien et actuel entraîneur de Vicenza. "Le Napoli a fait à ce jour de bien belles choses, mais cette équipe n'est pas encore en mesure de remporter le Scudetto et doit surtout se battre pour la seconde place. Ses joueurs n'ont ni la culture de la gagne, ni la personnalité suffisante pour vaincre." Du Scudetto, seuls les tifosi semblent donc y croire, alors que les Italiens pensent dans l'ensemble que le titre se jouera cette saison entre la Juve et l'Inter. Mais pour se donner du baume au coeur, le peuple napolitain pourra toujours se rappeler que Montpellier a triomphé il y a peu, et à la surprise générale, en Ligue 1. Or à l'échelle de la Serie A, le standing du club de Loulou Nicollin se rapproche sûrement plus de celui du Genoa que du Napoli...