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Joël Bats, briseur de mythe : "J'ai fait pleurer le Brésil"

Julien Huet

Mis à jour 21/06/2016 à 07:37 GMT+2

Il y a quelques années, nous avions interrogé Joël Bats au sujet du France - Brésil mythique. Pour nous et pour vous, il avait ressorti la boîte à souvenirs.

World Cup France Brazil 1986 Bats Socrates

Crédit: AFP

L'ambiance

"Vingt-cinq ans après, je me souviens de la chaleur qu'il faisait ce jour-là, de ce stade presque entièrement en jaune, aux couleurs du Brésil. Je me rappelle du bruit, de la musique avec de la samba dans les tribunes. Il y avait une atmosphère de fête et ce match-là était une fête. D'ailleurs, dans l'esprit de beaucoup de personnes, cette rencontre était une finale avant la lettre. Je me souviens avoir abordé ce match comme s'il s'agissait d'une finale de Coupe du monde."

Le contexte

"Nous avions beaucoup d'atouts mais n'étions pas les favoris car il est très difficile pour une nation européenne de gagner une Coupe du monde dans un autre hémisphère (ce Mondial 86 s'est déroulé au Mexique, Ndlr). En fait, cette compétition était l'ultime chance pour deux générations de gagner la Coupe du monde : Zico, Socrates… côté brésilien, Platini, Giresse, Rocheteau…chez nous."
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Le Brésil de Zico et Socrates lors du Mundial 1982 en Espagne

Crédit: AFP

Le rythme

"C'était un match sans temps mort, le ballon ne sortait pratiquement jamais des limites du jeu, il fallait rester très concentré. Chez les deux équipes, il y avait beaucoup de plaisir à disputer cette rencontre-là, une notion qui passe désormais un peu après le résultat. À l'époque, on pensait à se faire plaisir, c'était le cas ce jour-là et les supporters l'ont bien ressenti, c'est pour cette raison que ce match a marqué une génération. Le Brésil a rapidement ouvert la marque grâce à Careca qui me prend à contre-pied au terme d'une superbe action collective. On ne se pose pas de question car le match était ouvert et car nous avions une grande confiance dans nos qualités, et Platini égalise avant la mi-temps."

Le penalty de Zico

"Zico venait d'entrer en jeu, il fait une passe à Branco que je fauche dans la surface de réparation. Dans ma tête, cela va très vite : Zico utilise beaucoup l'intérieur du pied, je me suis dit qu'il allait certainement ouvrir son pied, j'ai attendu le dernier moment pour partir sur ma gauche et il s'est avéré que j'ai arrêté ce penalty-là. Je viens de répondre à une interview pour TV Globo, ils m'ont dit que j'avais brisé la légende de Zico.
D'ailleurs, tous les joueurs brésiliens que j'ai côtoyés, Leonardo, Ricardo, Valdo, Caçapa, Juninho… m'en ont parlé. Sonny (Anderson) me dit encore souvent que j'ai fait pleurer le Brésil et que j'ai brisé un mythe ! Je me suis surpris à tomber sur ce match en regardant ESPN Classics, je me suis retrempé là-dedans en me disant que je n'étais pas si mauvais !" (Rires)
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Top 100 Platini France Bresil 1986 Zico Bats

Crédit: Imago

Les tirs au but

"Je le dis souvent : dans une séance de tirs au but, un gardien a cinq chances de réaliser un arrêt alors que le joueur n'a qu'une seule chance, le rapport de forces est donc favorable au gardien. J'avais vu Socrates marquer un penalty lors du premier tour contre la Pologne en s'arrêtant dans sa course d'élan puis en frappant croisée en hauteur. Avant qu'il ne s'élance pour le premier tir au but, je me suis dit : 'Attends, ne bouge pas, ne lui donne pas de solution et pars comme s'il allait frapper de la même façon.' Et j'ai repoussé ce tir au but sur ma droite avec la main opposée, comme je l'avais imaginé."
Cette série est pleine de rebondissements… Il y a le penalty de Bellone qui tape le poteau puis le dos du gardien avant de rentrer dans les filets. Au départ, on ne sait pas si le but est bien valable, c'était marrant (sic). Il y a l'échec de Platini qui est poussé à la faute et qui tire au-dessus. Ensuite, il y a le penalty de Julio César, qui utilisait beaucoup la force : je me suis dit qu'il allait frapper fort sur ma droite, je suis parti du bon côté et le ballon a heurté le poteau. Enfin, la délivrance arrive avec le tir de Luis (Fernandez) : quand il s'approche, je lui dis :"Tu vas marquer, Dieu est avec nous".

La joie

"Dans le vestiaire, il régnait après cette victoire une grande allégresse, nous avions chanté une chanson brésilienne. Ce n'était pas pour se moquer de notre adversaire, c'était pour savourer ensemble notre exploit, c'était extraordinaire. Ce match est resté gravé dans les mémoires, plus que certaines finales, car les deux équipes allaient de l'avant, ne calculaient pas et jouaient pour offrir du spectacle."

Ce qu'il en reste

"On m'en reparle très souvent, j'ai même l'impression de n'avoir disputé que ce match-là dans ma carrière ! Mais c'est bien car c'est quelque chose de positif, ce n'est pas le cas pour tout le monde : on ne parle à Maxime (Bossis) que de son tir au but raté contre l'Allemagne (à Séville, en 1982). J'ai une petite anecdote récente à ce sujet : un jeune gardien brésilien est venu faire un stage à l'OL et il a demandé à Gilles Rousset (entraîneur des gardiens du centre de formation) si c'est lui qui avait arrêté le penalty de Zico ! (rires)
Je n'ai plus le maillot de ce match, je l'avais échangé avec un Brésilien et je l'avais donné à Gérard Houllier avec qui j'avais été champion de France avec le PSG. Vu l'actualité de l'OL, je ne pense pas que je serai au Stade de France mercredi. Je vais regarder ce match à la télévision avec un peu de nostalgie mais surtout beaucoup de plaisir de voir encore Hugo (Lloris) évoluer au plus haut niveau."
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France-Brésil 1986 : Socrates et Alain Giresse

Crédit: SID

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