Liga, Portugal : Olhanense croyait au miracle à l'italienne, Abel Xavier déjà parti

Abel Xavier et le Olhanense c’est déjà terminé. Lundi, le club a annoncé être arrivé à un accord de résiliation avec l’ancien défenseur portugais, dont la première expérience en tant que coach n’aura duré que huit journées. La formation de l’Algarve pointe à la douzième place de la Liga portugaise, à deux points des relégables. Trop peu et assez pour virer et le remplacer par Paulo Alves. Un divorce prévisible. Le week-end dernier, en marge du succès sur Arouca (1-0), le Mister décoloré avait eu une chaude discussion avec son président, Isidro Sousa. Un mois auparavant, c’est l’adjoint et titulaire du diplôme de coach de niveau IV, Porfirio Amorim, qui quittait son poste. Un départ qui demeure inexpliqué… Le Olhanense devrait pourtant titiller le haut du tableau. L’été dernier, un groupe d’investisseurs débarqué d’Italie et soutenu par des fonds anglais devait venir renflouer les caisses du SCO. Que nenni. La crise s’installe à Olhão.

C’est Igor Campedelli qui a confirmé le départ d’Abel Xavier. Cet homme d’affaires est l’un des principaux actionnaires du Olhanense. Il est aussi le vice-président de la SAD (Société Anonyme Sportive) fondée en juin dernier. Regard de braise, sourire étincelant, (quelques) cheveux gominés, costard bien taillé, le quarantenaire compense sa modeste carrière de joueur par son activité de dirigeant.

Ex-vice-président de Savignano, fin 2007 il réalise son rêve en rachetant le club de sa ville natale : Cesena. Sous sa direction, le Cavalluccio marino vivra deux montées successives jusqu’à la Serie A, qu’il retrouve après vingt ans d’abstinence. Le retour dans l’antichambre ne va pas tarder. Et Campedelli va encore faire parler de lui. En septembre 2012, il vire son coach au bout de trois journées. Le limogé n’est autre que Nicola Campedelli, son petit frère. En business, Igor n’a pas de sentiments. “Le départ d’Abel Xavier n’est pas une surprise, assure-t-il. Les motifs sont liés à des questions footballistiques.” L’ancien défenseur a une toute autre version. Mardi, il organise une conférence de presse et envoie : “C’est moi qui suis parti. Je n’ai pas été licencié et je veux que cela soit bien clair.” AX énonce les causes de son renoncement : “J’ai simplement voulu percevoir deux mois de salaire en retard et le reste est pour payer les salariés qui travaillent honnêtement dans le club.” “La SAD n’a pas été professionnelle avec moi”, ajoute-t-il. Peu de choses ont changé.

Au Olhanense, si les fonctionnaires galèrent, les joueurs sont maintenant payés. Peut-être pour éviter d’être dans le collimateur de la Ligue, qui dit vouloir sanctionner ceux qui ne respectent pas leurs engagements ; ou sûrement parce que la plupart de ses footballeurs sont les hommes des actionnaires. Une dizaine d’entre eux a débarqué de la botte. Milan, Inter, Roma, Pescara, Novara, Palerme, Livorno, Cesena refourguent leurs surplus au SCO. Le mercato fut agité : plus de vingt départs et autant d’arrivées. Une bolognaise qui a du mal à prendre et qui semble peser lourd sur les finances du club. Le passif dépasse les trois millions d’euros. “Suffoqué par les problèmes de trésorerie”, le club a annoncé qu’il allait être encadré par un Procès de Revitalisation Financière (PER) afin d’assurer “ses obligations mensuelles.” Les socios ne comprennent pas. Pourquoi avoir remis 80% des parts de la SAD à ces investisseurs si c’est pour en arriver là ? Abel met la main où ça fait mal : “La SAD a été établie sur une relation bicéphale et trompeuse entre les investisseurs et Isidro Sousa, envoie le coach démissionnaire. La position de Isidro Sousa n’est pas tranquille, parce qu’il a perdu le contrôle du club qu’il gérait depuis trente ans.” Abel tacle Miguel Pinho, le directeur général olhanense – et aussi actionnaire de la société : “Il n’a pas la compétence pour assumer ce poste.”

Isidro s’est rajouté quelques poils blancs sur son imposante moustache, ces derniers mois. Les problèmes d’argent de son Olhanense lui donnent bien du souci. Il avait menacé de claquer la porte. Mais il n’a pas osé. Le club surnage sportivement et survit financièrement. L’aide de l’office du tourisme de l’Algarve reste symbolique : 30.000 euros par saison. 2013/04 démarre encore sans sponsor maillot. Et Sousa qui – malgré lui – cultive du noir, attise le rouge. Les supporters sont en grève et manifestent leur désaccord avec le changement de stade. Durant les travaux de rénovation du estadio José Arcanjo, le SCO a squatté le moderne estadio do Algarve. Et il y demeure toujours, malgré les promesses présidentielles de rentrer au bercail.

Isidro remet en cause le règlement de la Ligue : “Il ne prévoit pas la possibilité pour un club de changer de stade en cours de saison.” Le stade de l’Algarve a été inscrit comme enceinte de son club pour l’exercice à venir dans les documents envoyés à la Ligue. “Une erreur”, avoue Sousa qui n’en serait pas responsable : c’est Miguel Pinho, son DG, qui “a procuration pour traiter de ces questions.” Les socios réclament donc la démission de ce dernier. A défaut, la tête du big-boss. Les bus gratuits mis à leur disposition pour se rendre à Loulé n’y changent rien. Il y a une semaine, ils étaient près de 300 à s’être installés à Arcanjo, écoutant le match de leurs idoles à la radio pendant que ceux-ci s’imposaient à 38 kilomètres de là.

Le Olhanense, devenu le club phare de l’Algarve, vire plus que jamais à l’image de sa région: racheté par d’opportunistes et riches étrangers quitte à perdre son identité. Mais il faut bien (sur)vivre…