Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Pourquoi le FC Porto fait les poubelles du Sporting

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 01/03/2013 à 16:00 GMT+1

Samedi, le FC Porto affrontera un Sporting en pleine crise. L’occasion pour quelques Dragons, devenus indésirables à Lisbonne, de retrouver Alvalade...

Joao Moutinho

Crédit: Panoramic

C’est officiel depuis une semaine: mathématiquement, le Sporting est écarté du titre. Après seulement 20 journées. Un nouveau triste record pour les Lions qui végètent à la onzième place de la Liga. Samedi, les Lisboètes reçoivent les Dragons. Un monde – et 30 points (!) - les séparent. Le Mister du FCP, Vítor Pereira, ne s’est jamais imposé à Alvalade (deux nuls) mais il pourra compter sur l’esprit revanchard de ses anciens Sportinguistes. Varela, João Moutinho ont été rejoints durant l’hiver par Izmaylov et Liedson. Tous ont porté le maillot vert et blanc. Porto s’amuse à recycler les rejetés du Sporting. Il en fait carrément les poubelles.
Le succès Moutinho
Poubelle. Le mot peut paraitre fort, nauséabond, mais c’est Bettencourt, ancien président du Sporting, qui a semé le champ lexical. Lorsqu’en 2010 il laisse filer Moutinho à Porto, il le traite de "pomme pourrie" pouvant gangrener le reste du vestiaire. Pinto da Costa avait flashé depuis longtemps sur le capitaine des Lions. Les 10 millions d’euros investis – un record pour un transfert national – seront vite amortis. Le petit João s’impose comme titulaire à Porto. Il y engrange les matches, les titres et même la Seleção lui offre une place de patron dans son milieu. Sa cote est aujourd’hui estimée entre 20 et 30 millions d’euros. Moutinho est la énième incarnation du savoir-faire du Sporting en matière de formation.
Un label (re)connu
Une récente étude réalisée par l’Observatoire des Joueurs Professionnels de Football (OJPF) révèle que le Sporting est le club portugais faisant le plus confiance à ses jeunes joueurs. Son Academia a sorti des Figo, Cristiano Ronaldo, Nani, Futre… La liste est longue. Les Lions sont aussi le cinquième meilleur fournisseur d’Europe (joueurs formés mais qui évoluent dans d’autres clubs). Une anomalie dans le championnat qui mise le moins sur ses jeunes footballeurs. La Seleção portugaise s’est aussi mise à l’heure sportinguiste. Près de la moitié des joueurs présents à l’Euro 2012 (Rui Patrício, Miguel Veloso, Moutinho, Nani, Cristiano Ronaldo, Beto, Custódio, Quaresma, Hugo Viana, Varela) était formée au Sporting, sans oublier le sélectionneur, Paulo Bento, qui a débuté sa carrière de Mister en coachant les juniors des Lions.  
Parce que le Sporting est en crise
La vente de Moutinho ou l’échange entre Izmaylov et Miguel Lopes au cours du dernier mercato sont quelques indices de la crise du Sporting. Sportive: car les Lions feront sûrement pire que leur cinquième place en championnat de 1968-69. Economique: car les dettes s’accumulent, les présidents avec. Le quatrième en quatre ans sera élu le 26 mars prochain. Pour survivre, le Sporting vend et brade bien souvent ses joueurs. Les fonds d’investissement ont déjà des parts sur la quasi totalité de l’effectif. Porto n’hésite pas à profiter de la fragilité de son rival pour en tirer le plus d’avantages possibles. A bas coûts. "Il faut trouver 25 millions d’euros avant la fin de la saison", a prévenu Godinho Lopes, le président sortant.
Futre le pionnier
Avant Moutinho, beaucoup d’autres ont migré depuis Lisbonne vers le nord. Le premier cas médiatique est celui de Paulo Futre. En 1984, le petit génie du Sporting se plait dans la capitale. Il sort d’une belle première saison en pro. Mais sa situation se complique. Le nouvel entraîneur John Toschak lui annonce qu’il ne compte pas sur lui et qu’il veut le prêter à l’Académica. Le Sporting ne consent pas d’effort pour le garder. Le gamin ne digère pas. Porto saisit ce moment pour ramener l’attaquant dans la cité invicta. Après de longues semaines d’incertitudes et de discussions, Futre s’engage au FCP. Il a réussi à rompre son contrat en faisant jouer sa "santé mentale". Inédit. Porto le vendra trois ans plus tard – avec une C1 remportée en passage - à prix d’or (415 millions de pesetas) à l’Atletico Madrid. Porto aime les produits sportinguistes comme Augusto Inácio, Capucho, Nuno Valente, Quaresma, Secretário…
Plus que du foot
Derrière l’aspect purement sportif se cache une action quasi politisée de Pinto da Costa. Celle de briller là où les autres ont échoué. Faire que Porto la travailleuse soit plus brillante que Lisbonne la belle. L‘histoire du Sporting est profondément liée à celle de l’aristocratie lisboète. Le FC Porto se veut être l’étendard de toute une région qui se dit oubliée, délaissée, snobée par le pouvoir central. La "Nação Porto" contre la Nação, tout court. Le président portiste se plait à cultiver et à caricaturer cet antagonisme anachronique. Les fraiches arrivées de Liedson et Izmaylov traduisent son penchant pour la provoc'.
Le premier est le meilleur buteur des Lions de la dernière décennie. Barré au Flamengo, le joueur de 35 ans avait ouvert la porte à un retour au Sporting. Le club a repoussé cette hypothèse. Et Porto a négocié un prêt avec le Fla. Le Russe, lui, était en froid avec ses dirigeants depuis quelques années maintenant. Ses multiples opérations au genou, ses coups de gueule et de sang en ont fait un "tricard" à Lisbonne et donc un élément appréciable pour Pinto da Costa.  
Nicolas VILAS : Commentateur du championnat portugais sur Ma Chaine Sport, Nicolas Vilas ne manque pas de promouvoir "sa" Liga via bloGolo.fr ou sur les ondes de RMC. Débats, analyses, interviews, il vit sa passion pour le "futebol" avec le sourire. Et tente, autant que possible, de le transmettre...
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité