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Vive le 3-5-2 !

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/03/2012 à 14:24 GMT+1

Est-ce la renaissance du schéma à trois défenseurs centraux et cinq milieux en Europe ? L'Italie s'efforce en tout cas de lui redonner une seconde jeunesse. Philippe Troussier et Manu Dos Santos, qui l'ont pratiqué à Marseille, nous décryptent ce système "équilibré" mais terriblement "exigeant".

Pablo Cannavaro Napoli Inter

Crédit: AFP

C'est un système d'un autre temps. Presque d'un autre siècle. Depuis une dizaine d'années, le 3-5-2 a déserté le Vieux-Continent. Mais cette saison, l'Europe l'a remis au goût du jour. Cette résurrection puise ses racines en Italie. De l'autre côté des Alpes, une dizaine d'équipes sont revenues aux bonnes vieilles défenses à trois. Celles qui, au début des années 1990, ont fait les beaux jours de l'OM version Goethals et de l'Allemagne de Beckenbauer. Celles qui ont perduré jusqu'à la Coupe du monde 2002, et dont la finale entre la Mannschaft et le Brésil fut, à elle seule, le couronnement du 3-5-2.
Ces illustres références, le Napoli et l'Udinese s'en sont forcément inspirées. Walter Mazzari et Francesco Guidolin en ont même fait des modèles de réussite. Si bien que d'autres cadors de la Serie A s'essaient ponctuellement à ce schéma pourtant jugé désuet. Avec plus ou moins de réussite. La Juventus de Conte délaisse régulièrement son 4-3-3 pour un audacieux 3-5-2. En début de saison, l'Inter de Gasperini s'y était aussi essayé. Au grand désespoir du président Moratti, qui avait remis publiquement en cause les choix de son coach. Pour mieux l'éjecter quelques semaines plus tard.
Troussier : "On considère que c'est plus rassurant de jouer à quatre derrière"
Cette vague du 3-5-2 tarde encore à franchir les frontières transalpines. En France, seul le Bordeaux Francis Gillot s'y est risqué. A reculons. En Allemagne, le Hambourg  de Thorsten Fink y a recours très épisodiquement. Les dix-sept autres formations de Bundesliga l'ont mis de côté. Même le Bayern, où l'époque des Sagnol et Lizarazu est révolue. En Angleterre, l'expérience de Swansea a tourné court. Quant à l'Espagne, elle verse dans le classicisme le plus total. Même si, à Barcelone, le 3-4-3 de Cruyff remis au goût du jour par Guardiola a insufflé un vent de fraîcheur sur le paysage tactique de la Liga.  
La percée du 3-5-2, spectaculaire en Italie, reste pour l'heure un épiphénomène à l'échelle européenne. Depuis la Chine, où il posé ses valises il y a un an, Philippe Troussier le déplore. En 2004, ce globe-trotter du football mondial a bien "essayé d'imposer ce système lors de ses cinq premiers matches à Marseille". Il s'est heurté au scepticisme de ses propres joueurs. "Ils n'étaient pas réceptifs. On aurait dit qu'ils semblaient perdus." En Asie et en Afrique, Troussier a connu "moins de difficultés à imposer son 3-5-2", qu'il "pratique depuis vingt-cinq ans". "En Europe, on est plus réfractaire au changement, constate-t-il. Le système défensif est lié à la position de l'adversaire. La plupart des équipes joue avec une seule pointe, parce que l'idée première reste de ne surtout pas encaisser le premier but. On considère que c'est plus rassurant de jouer à quatre derrière. C'est faux."
Dos Santos: "Si tu n'as pas deux mobylettes sur les côtés..."
A écouter cet inconditionnel du 3-5-2, "aucun autre système n'est plus équilibré". "Il permet d'avoir un milieu de terrain renforcé et trois vrais défenseurs, souligne Troussier. Et contrairement aux idées reçues, il est beaucoup plus offensif qu'un 4-4-2 ou qu'un 4-3-3." Manu Dos Santos a pu l'expérimenter sur le terrain. A Montpellier puis à Marseille, le latéral gauche s'est "éclaté dans un système qui correspondait à (son) tempérament offensif, mais très exigeant physiquement". "Si tu n'as pas deux mobylettes sur les côtés, t'es mort, insiste celui qui entraîne aujourd'hui les moins de 19 ans à Monaco. En phase offensive, les latéraux sont de véritables ailiers. Ils se retrouvent souvent en un contre un, livrés à eux-mêmes. Et derrière, ils doivent veiller à ne pas laisser trop d'espaces dans leur dos." Leur positionnement "détermine la philosophie voulue par l'entraîneur". "Il n'y a pas un 3-5-2. Il y a des 3-5-2, décrypte Troussier. La variante dépend de la stratégie adoptée : exerce-t-on un pressing assez haut ou joue-t-on très bas, pour attendre ? La première option est un vrai 3-5-2. La seconde ressemble davantage à un 5-3-2, voire à un 5-4-1."
Dans tous les cas, les joueurs de couloir ont "un rôle primordial", dixit Dos Santos. "La clé de ce système, ce sont les trois défenseurs centraux", tempère Troussier. L'Allemagne a longtemps évolué avec deux stoppeurs au marquage et un libéro. "Aujourd'hui, ça n'existe plus. Les trois de derrière jouent sur la même ligne, en zone. Tout part d'eux. Ce sont eux qui coordonnent le bloc-équipe. Ce sont eux aussi qui doivent compenser les montées des latéraux. Et ce sont encore eux les premiers relanceurs de l'équipe. Bref, ils ne doivent plus être seulement de bons défenseurs. Ils doivent être intelligents tactiquement, solides physiquement et propres techniquement." Et s'ils ne le sont pas ? "Le 3-5-2 n'a aucune raison d'être."
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