Synthèse du samedi : le coup du kangourou

Alors qu'il avait exercé une suprématie totale sur les essais libres, Sebastian Vettel a dû se contenter de la deuxième place en qualification à Yeongam, battu par Mark Webber, qui faisait des bonds de kangourou pour avoir signé sa première pole de la saison (celle de Monaco n'avait été héritée que du fait de la pénalité de Schumacher), la 200ème pour un moteur Renault.

Son Champion du monde d'équipier avait le masque après la séance, estimant avoir été gêné par la Ferrari de Massa dans son meilleur tour, même s'il ne s'est pas plaint en public, juste auprès de son ingénieur Guillaume Rocquelin à la radio (aussitôt relayé par les télés du monde entier !).

La tension est d'autant plus forte que Fernando Alonso, quatrième sur la grille, ne concède que trois dixièmes de seconde à la meilleure Red Bull, c'est dire si les écarts sont faibles. Ferrari a fait du bon boulot pour réduire la différence de performance ces dernières semaines, si l'on considère où elles étaient à Singapour. Et la confirmation du retour en confiance de Felipe Massa abonde aussi dans le sens d'une belle résistance en perspective de la part de la Scuderia.

Qui pourra empêcher Red Bull de gagner la course, plus vraisemblablement avec Vettel qu'avec Webber dans la mesure où l'Australien n'est plus vraiment concerné par le championnat ? Lewis Hamilton est troisième au départ et il n'a plus grand chose à perdre, bien décidé à jouer sa carte sans état d'âme. Si la McLaren est compétitive, il faudra compter avec lui. Jenson Button s'élancera seulement 11ème, en tentant sans doute une stratégie décalée, avec les gommes tendres au départ et les super tendres en fin de course, tout comme les pilotes Sauber ou Paul Di Resta. Cela pourrait nous valoir quelques spectaculaires remontées et une belle empoignade pour les points dans les derniers tours, si les monoplaces qui remontent sont plus rapides que celles qui les précèdent. Les Lotus et les Mercedes deviendraient alors des proies faciles pour la McLaren de Button ou des Sauber. Force India a une voiture bien placée (Hülkenberg) et une autre en stratégie décalée (Di Resta), donc avec ses oeufs dans différents paniers, comme McLaren.

Sur le front des pneumatiques, les super tendres (teintés de rouge) ont donné quelques signes de "graining" en qualification et doivent être relativement préservés avec le plein en début de course, sous peine de devoir s'arrêter plus tôt. Ceux qui partent ainsi chaussés devraient en principe effectuer deux arrêts, les autres un seul, même si les simulations prouvent que les deux stratégies donnent des résultats quasiment identiques. Du coup, le déroulement de la course – du premier tour en particulier, pas vrai Romain ? – sera crucial pour les positions en piste qui pourraient déterminer les options stratégiques en fonction du trafic. L'usure des pneus est relativement faible sur ce revêtement peu abrasif et qui sait si l'un des favoris ne tentera pas aussi un seul pitstop, si les gommes ne se détériorent pas trop dans la première partie du Grand Prix ?

Bref, les inconnues sont nombreuses et la situation encore incertaine, même si Red Bull s'annonce clairement en favori, avec la perspective très plausible de voir un changement de leader au classement du championnat demain.

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