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Monisha Kaltenborn (Sauber) : "Des histoires trop compliquées de moteurs et de technique"

ParAFP

Publié 19/09/2014 à 19:20 GMT+2

Monisha Kaltenborn, directeur d'équipe, lutte chaque jour pour la survie de Sauber. Et dénonce une F1 égarée dans une technologie qui n'intéresse pas le public.

Monisha Kaltenborn (Sauber) au Grand Prix de Malaisie 2014

Crédit: Panoramic

Quel est votre bilan, après deux ans comme directeur d'équipe de Sauber ?
Monisha Kaltenborn : Le côté positif: dans cette position il est plus facile de prendre des décisions. Le côté négatif: c'est une grosse responsabilité à assumer, par rapport à des gens à qui on fait confiance. J'arrive à dormir, plus ou moins bien, mais on est toujours en train de courir après quelque chose et, petit à petit, on est en train de revenir. C'est mon travail de faire en sorte que tout cela fonctionne.
La nouvelle règlementation a-t-elle mis les petites équipes en péril ?
M.K. : C'est extrêmement difficile depuis deux ans car avec de tels changements, autant sur le plan du châssis que du moteur, il aurait fallu avoir deux équipes travaillant simultanément, dont une dédiée totalement au développement de la nouvelle voiture. Il y a toujours eu, en F1, des équipes qui dépensent trois ou quatre fois plus.
La différence, c'est que la crise économique est passée par là.Est-ce que les patrons d'écurie sont en train de prendre conscience que la F1 est en danger ?
M.K. : Non, et c'est même l'inverse: on a parfois l'impression que l'écurie voisine attend le moment où l'on va disparaître. C'est un climat détestable et je ne pense pas que la solution soit de dire: si vous n'avez pas assez d'argent, vous devriez changer de sport. Car il y a beaucoup d'argent en jeu, même dans les petites équipes, et quand nous nous plaignons de ne pas en avoir assez, nous sommes à côté de la plaque. Nous devrions être plus prudents dans ce que nous affirmons, car dans le monde réel ces sommes-là représentent beaucoup d'argent. Le plus important, c'est d'avoir une compétition saine, même avec des grosses écuries et des petites écuries, car il y en a toujours eu en F1.
Le modèle économique de la F1 doit-il changer ?
M.K. : Je pense qu'il devrait être plus équitable et je soutiens pleinement l'idée qu'il doit dépendre de la contribution qu'on apporte. Mais il ne faut pas voir que les résultats sportifs, il faut avoir une réflexion plus large, par exemple sur l'image des marques que l'on défend, l'intérêt qu'elles suscitent pour la F1. Il n'y a aucun sport qui peut se comparer à la F1, c'est toujours une formidable plate-forme. On peut aller voir ailleurs, prendre des idées ici ou là, dans d'autres sports comme le football, le basket ou même le hockey, mais le principe de base c'est que nous sommes un petit groupe de gens et qu'aucune équipe ne devrait avoir à se battre pour survivre.
Quelles seraient vos priorités si vous étiez aux commandes de la F1 ?
M.K. : Il faut relancer l'intérêt pour notre sport, car les courses sont fantastiques et c'est un énorme atout, mais il y a de moins en moins de monde qui les suit. Nous devons être capables de mieux commercialiser ces courses et d'attirer l'attention sur ses acteurs: pilotes, ingénieurs, mécaniciens, en remettant l'émotion au premier plan. Car peu de gens sont intéressés par les moteurs, hybrides ou pas, et c'est difficile pour eux de se connecter avec des histoires trop compliquées de moteurs et de technique.
Les réseaux sociaux sont-ils une solution pour l'avenir de la F1?
M.K. : Je ne suis pas sûre que les réseaux sociaux nous apportent tellement plus de fans, car nous ne sommes pas assez coordonnés sur ce point: nous ne sommes pas positionnés de manière précise, avec une véritable stratégie, pour être suffisamment attractifs, notamment pour les grandes marques qui sont très présentes sur les réseaux sociaux. Ce n'est qu'un aspect parmi tant d'autres, et ce n'est pas une solution miracle, en tout cas pas pour l'instant.
Il y a beaucoup de discussions en ce moment dans le paddock, allons-nous voir des évolutions ou des décisions concrètes avant la fin de l'année ?
M.K. : Je n'en sais rien. Je l'espère, mais je n'en suis pas sûre.
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