Petrov éjecte Trulli

La rumeur de la fragilité du baquet de Jarno Trulli courait depuis l'été dernier. Caterham (ex-Lotus) avait indiqué que l'Italien serait encore sous contrat en 2012, sans préciser dans quel rôle. Elle l'avait bien inscrit sur la pré-liste officielle des participants au 63e Mondial, divulguée le 30 novembre dernier, mais elle s'était gardée de lui donner la parole - tout comme Heikki Kovalainen - lors de la révélation de sa monoplace de Grand Prix, première du nom. Elle a décidé d'appuyer sur le bouton ; tardivement. Sans réelle stratégie puisqu'elle avait fait tourner le vétéran le 10 février dernier à Jerez de la Frontera, sur la CT01. Le Pescaran s'était félicité de vivre son "meilleur début de campagne de tests".

Peine perdue donc. Les "Petrov dollars" auront fait la décision, comme au temps de Renault, lorsque le Russe s'était invité sur la grille de départ 2010. Vitaly Petrov, 27 ans, remercié par Enstone après deux ans de collaboration plutôt honnêtes, remplace Jarno Trulli, 37 ans, "avec effet immédiat" comme l'a sèchement précisé l'équipe de Hingham, vendredi matin. Un choix sportif, et une grosse affaire aussi. "Nous sommes excités du rôle qu'il jouera en 2012 et pour les nombreuses années à venir", a commenté Tony Fernandes, le directeur et propriétaire de l'équipe. Homme d'affaire, surtout. Car il y a manifestement beaucoup de business là-dessous. "Lors de notre première rencontre, il fut immédiatement clair que Vitaly comprenait et partageait notre vision de ce que nous voulions pour faire grandir l'équipe", a justifié le Malaisien. Et le premier moteur d'une équipe, c'est l'argent. "En tant que premier Russe à courir en F1, il porte les espoirs d'une vaste nation avec son aisance et son talent, son expérience avec l'un de nos actuels rivaux (l'écurie Renault devenue Lotus) et, tout compte fait, il jouera un grand rôle sur et en dehors des circuits dans notre développement car nous nous battons pour faire partie des équipes établies."

Pour la première fois depuis 1970, il n'y aura donc pas d'Italien en Formule 1. La "Botte" s'apprête à traverser le désert que la France vient d'explorer pendant deux ans et demi. Jarno Trulli, 252 départs pour une victoire (Monaco 2004, avec Renault) a dit "comprendre la décision" de Tony Fernandes. Il quitte la F1 sur la pointe des pieds, en bout de course. Clairement dominé l'an dernier par son coéquipier finlandais en vitesse pure (15-2 aux essais) et en course, avec une victoire au compteur et un étrange record : celui du plus grand nombre d'abandons dans le premier tour.