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Eurosport
ParEurosport

Publié 28/11/2008 à 08:15 GMT+1

Bernie Ecclestone veut que le champion F1 soit désigné dès l'an prochain au nombre de victoires. Cependant, le renoncement au classement par points comporte beaucoup d'inconvénients.

Le projet
Bernie Ecclestone, gérant des droits commercieux de la Formule 1, trouve insuffisantes les tentatives de dépassements entre postulants à la victoire. Dernièrement, il a reproché à Lewis Hamilton, champion du monde 2008 avec cinq victoires, de ne pas en avoir assez fait cette saison derrière Felipe Massa, vice-champion avec six victoires. La première place est à ses yeux ce qui doit compter avant tout. Il veut décerner le titre en fonction du nombre de succès et souhaite faire passer le projet lors du dernier Conseil mondial de l'année (le 12 décembre). Aussi, il s'était déplacé en août 2008 à Pékin pour scruter le déroulement des Jeux olympiques. C'est peut-être là que l'autre idée lumineuse, originale, a germé : donner des médailles d'or, d'argent et de bronze aux trois premiers du championnat.
Comment en est-on arrivé là ?
En 2002, Michael Schumacher (Ferrari) se couronne en plein mois de juillet à Magny-Cours. Le sens de l'anticipation de l'Allemand n'est pas du goût de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), ni de Bernie Ecclestone, surveillant général des audiences TV dont le suspense est l'ingrédient essentiel. Max Mosley, le président de la FIA, resserre donc le barème de points en divisant par deux l'avantage du vainqueur par rapport au deuxième : 10 contre 8 points, au lieu de 10 contre 6. Objectif proclamé : le titre doit se jouer le plus souvent possible au dernier Grand Prix.
Des lièvres et des tortues
En 2004, Michael Schumacher survole la saison avec 12 victoires et décroche le titre en Belgique, à quatre courses de la clôture du Mondial. Il a dominé comme en 2002 mais le système de points a retardé l'échéance. En 2005, Fernando Alonso est sacré à deux gp de la fin, mais pour le reste, le nouveau barème a bien rempli son rôle car les championnats 2003, 2006, 2007 et 2008 ont découvert leurs lauréats au dernier round.
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Ferrari

Crédit: From Official Website

Les luttes vont donc au bout mais une tendance se dégage, qui convient à tous : les attaquants comme les rois du placement peuvent prétendre à la reconnaissance suprême. La preuve en est faite dès l'instauration du barème 10-8-6-5-4-3-2-1 : Schumacher arrache le titre 2003 pour deux points face à Kimi Raikkönen, avec 6 victoires contre 1 ! La tactique du Finlandais aux 7 places de dauphin a failli marcher ; elle n'aurait pas renié la stratégie d'épicier de son compatriote Keke Rosberg, champion en 1982 avec une victoire.
Dans ce match du sprint contre l'endurance, les équipes savent néanmoins où est leur intérêt et la fiabilité devient le mot d'ordre, d'autant que les moteurs "gelés" par la FIA sont devenus incassables.
Depuis 2003, on constate donc que des pilotes aux profils différents ont une chance d'afficher le N.1 sur leur voiture.
Beaucoup d'inconvénients
Bernie Ecclestone propose de faire cohabiter deux systèmes puisque le championnat Pilotes "aux points" disparaitrait au profit d'une liste restreinte de vainqueurs, alors que le Mondial Constructeurs continuerait sa vie sous sa forme actuelle. Il y a là un risque de confusion pour les non-initiés. A l'heure où la crise économique déferle et où les sponsors ont besoin de d'une compétition claire, lisible, la coexistence des deux concepts s'annonce très compliquée.
En fait, il faut se pencher sur les derniers championnats pour réaliser la fragilité de l'édifice ecclestonien, et constater qu'il se retourne le plus souvent contre ses principes de base. Au lieu d'être champion au dernier gp 2003, Schumacher aurait plié l'affaire trois gp avant terme si l'on avait compté ses victoires. Pire en 2004 : le "Baron rouge" serait allé chercher sa médaille d'or au 10e des 18 gp ! Alors que le traditionnel système de points l'avait poussé à attendre 4 gp de plus pour décrocher la timbale.
De surcroît, les indispensables deuxièmes places qui rebutent tant "Mister E" auraient été le critère différenciant en 2005 (Alonso 7 P1 et 5 P2, Räikkönen 7 P1 et 3 P2) et en 2006 (Alonso 7 P1 et 7 P2, Schumacher 7 P1 et 4 P2). Et en 2008, la prépondérance des victoires aurait couronné Felipe Massa au lieu de Lewis Hamilton (6 victoires à 5) sans que cela ne soit gênant. C'est donc apparemment sur le seul déroulement du champiopnnat 2008 que Bernie Ecclestone base aujourd'hui son projet aux principes malmenés par la projection rétrospective.
Un petit club
En 2008, 7 pilotes différents ont gagné au moins une fois, et l'un d'eux, Robert Kubica, s'est même retrouvé en tête du championnat après sa victoire canadienne. Il fût en lice pour le titre jusqu'à deux étapes de la conclusion du championnat. De même, Kimi Räikkönen, seulement deux fois victorieux, a maintenu ses chances jusqu'au 15e des 18e gp. Un total de quatre pilotes ont réellement fait figure de champions en puissance. Combien auraient été crédibles à mi-saison face à Massa et Hamilton ? Räikkönen indéniablement, mais sûrement pas Kubica qui reconnaissait lui-même à l'époque son statut d'intrus. En clair, le championnat aurait tourné autour de McLaren et Ferrari, et les médias avec. Exit donc BMW, qui aurait prestement revu son plan de communication.
Un élu, un condamné
La prééminence de la victoire pousserait immanquablement les écuries à désigner dès l'ouverture du championnat un pilote prioritaire et un équipier subordonné pour éviter toute dispersion. Ce réalisme compréhensible ne ferait qu'entretenir les soupçons de classements bricolés par le biais de consignes d'équipes savamment dissimulées. Le public a déjà testé et détesté.
Un problème de culture
Pratiquement tous les championnats nord-américains sont fondés sur un modèle qui met en avant le ratio victoires/défaites à la mode NBA, mais cette approche n'a pas cours en Europe. Et à l'heure où Bernie Ecclestone déménage son championnat d'Amérique du Nord, on ne comprend pas bien la tentative de greffe.
Alternatives
Bernie Ecclestone veut des pilotes affamés de victoires, prêts à tout risquer pour une première place. La solution la plus immédiate est certainement d'augmenter l'écart de points entre le premier et le deuxième (12 et 8 points par exemple). Pour entretenir le goût du combat du poursuivant, on peut aussi imaginer un bonus : 1 ou 2 points pour celui arrivé 2e à moins d'une seconde ou une demi-seconde du vainqueur. A condition que les deux protagonistes ne soient pas équipiers.
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