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ParEurosport

Mis à jour 18/01/2011 à 20:51 GMT+1

La France affronte l'Allemagne ce mercredi (18h15) avec l'espoir d'enchaîner une quatrième victoire en Suède. La rivalité entre les deux pays existe depuis de longues décennies. Germanophile convaincu, l'ancien sélectionneur des Bleus, Daniel Costantini, nous décrypte le handball outre-Rhin.

HANDBALL 2011 World Champs Onesta Brand

Crédit: Eurosport

L'ALLEMAGNE DU HAND, L'ANGLETERRE DU FOOT
Depuis quelques temps déjà, les clubs allemands dominent le handball continental. Kiel a remporté à deux reprises (2007 et 2010) la Ligue des Champions lors des quatre dernières années (finaliste en 2008 et 2009). La raison à cela est très simple : les formations de Bundesliga possèdent (presque) tous les meilleurs joueurs du monde. Mais si à l'échelle européenne, la patrie de Goethe domine, la Mannschaft n'a plus le même rayonnement planétaire depuis son titre mondial en 2007. Pour Daniel Costantini, l'explication est simple: "La Bundesliga poursuit sa politique de stars à tout prix, de recrutement des meilleurs joueurs européens grâce à ses moyens financiers. A partir de là, les joueurs allemands sont freinés dans leur progression car ils ont du mal à s'imposer dans leur propre club, dans leur propre pays".
Hormis sur les postes d'avants, car dans la plupart des clubs outre-Rhin, les ailiers et quelques fois les pivots sont allemands. En revanche, sur les postes "à gros pouvoir d'achat" (arrière, gardien), là ils disparaissent au profit des étrangers. "C'est un peu le syndrome de l'équipe de football anglaise avec la Premiership, poursuit l'ancien sélectionneur des Bleus. Si on rajoute à cela des saisons à rallonge car il y a 18 clubs en Bundesliga, plus la Coupe, ils ne s'en sortent pas. Ce n'est pas parce que vous prenez Fabio Capello pour le foot ou Heiner Brand pour le hand que cela marchera. Ce sont de très bons entraîneurs mais il leur manque juste le temps pour travailler".
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HANDBALL 2009/2010 Bundesliga THW Kiel

Crédit: Eurosport

UN PUBLIC EXIGEANT MAIS CONNAISSEUR
Avec deux victoires mais un revers contre l'Espagne (24-26), l'Allemagne est déjà sous pression en Suède. Fortement rajeunie depuis son titre "usurpé" de 2007, la Mannschaft évolue quasiment à domicile en Suède, "la meilleure et la pire des choses", selon Costantini. "A Kristianstad, dans une petite salle (4 600 places), il y aura 3 000 Allemands. Si l'Allemagne est brillante, les supporters pousseront. En revanche, si les Allemands ne sont pas bons contre la France, le public ne passera rien à son équipe".
"Le spectateur allemand préfère voir son équipe nationale gagner évidemment mais si Thierry Omeyer, Jérôme Fernandez (qui jouent à Kiel) ou encore Nikola Karabatic (qui a passé quatre ans en Allemagne) sont bons, il se fait rapidement une raison. Il n'a pas tout perdu puisque ce sont des joueurs qui évoluent en Allemagne qui gagnent." Très cotés chez nos voisins, comme le furent les Suédois dans les années 1990, les joueurs français doivent "profiter de cette situation" : "On trouve ce supplément d'âme quand on joue contre les représentants de nos employeurs", avance Costantini.
HEINER BRAND, L'ANTI-ONESTA
Claude Onesta et Heiner Brand, la plus célèbre moustache d'Allemagne, sont des coaches diamétralement opposés. "Ils ne peuvent pas se blairer, à vrai dire", explique Costantini. "Les deux hommes n'ont pas le même vécu en tant que joueur. Heiner Brand, c'est un monument du handball". Ame du club de Gummersbach, quand il dominait les compétitions européennes, l'actuel sélectionneur allemand possèdait un vrai palmarès avant de devenir entraîneur. En 1978, ce "pivot roublard" était sacré champion du monde, "alors qu'il n'avait pas des moyens physiques extraordinaires".
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Heiner Brand Pressekonferenz EM 2010

Crédit: Imago

Pour Costantini, Brand est "né dans son sport avec une cuillère en argent dans la bouche". C'est un "aristocrate du handball". Tout le contraire de Claude Onesta, qui a dû se battre pour franchir les échelons : "Claude n'a jamais joué dans un grand club. Il n'a jamais été international et n'a connu la Coupe d'Europe qu'une seule fois quand il entraînait Toulouse. Mais il s'est battu pour arriver là où il est aujourd'hui. Ces derniers temps, entre les deux hommes, c'est Onesta qui gagne. Et de loin", sourit son prédécesseur. Leur méthode de travail n'est pas non plus la même. Depuis 2005, le sélectionneur tricolore a appris à faire confiance à ses hommes, à les responsabiliser. Brand, à l'instar de Costantini, aime enfiler le costume de monarque absolu et est le seul à prendre les décisions.
POURQUOI UN TEL ANTAGONISME ?
"A mes débuts, chez les Bleus, en 1985, on était ostensiblement derrière les Allemands mais eux n'étaient pas stratosphériques à ce moment-là. Euxaussi ont connu les affres de la descente en Mondiaux B et C. Ils n'ont pas toujours été brillants". Avant la naissance des Barjots, l'équipe de France s'est fait les ongles contre l'Allemagne: "La rivalité était là, mais il y avait un respect mutuel, même si chez les Allemands, il y avait toujours ce sentiment que la France progressait mais qu'on n'arriverait jamais à leur niveau". C'est à Barcelone que les Bleus ont commencé à inverser la tendance en dominant la constellation de stars qui composent alors l'Allemagne réunifiée (huit joueurs de l'Ouest et autant de l'Est) – "mais qui n'avait rien d'une équipe".
Après les JO de 1992, la France prend le dessus régulièrement jusqu'en 2001. Mais toujours dans le respect de l'adversaire : "J'ai toujours été proche des entraîneurs allemands, comme Arno Ehret et Armin Emrich. Heiner Brand est également un ami. On parle beaucoup tous les deux". Quand Claude Onesta prend la main, il connait quelques difficultés. Subissant une légère transition dans le cycle de l'équipe de France (retraites de certains anciens, arrivées de néophytes), le Toulousain doit créer une nouvelle dynamique : "A ce moment-là, les Allemands ont cru qu'ils allaient peut-être refaire leur retard. Cela n'a pas été le cas, sauf en 2007, où ils peuvent remercier deux arbitres suédois hors du coup…".
Depuis, l'antagonisme n'a pas disparu, la haine a été exacerbée par le Mondial 2007, même si, depuis, les deux pays ne jouent plus dans la même cour. Didier Dinart estime avoir été "volé" il y a quatre ans : "Je n'ai aucun respect pour les Allemands au niveau handballistique". "Il y a une jalousie de la part des Allemands. Ils ont toujours dit que c'était eux qui faisaient vivre le handball sur le plan économique mais ils ne comprennent pas pourquoi pas ils ne le dominent pas sur le terrain. C'est une vraie frustration pour eux", conclut Costantini.
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