Mondial 2015 : Grébille, Mahé, Nyokas... Ces trois surprises qui pourraient booster les Bleus

Il a profité de l’affaire des paris pour sortir de l’eau. Privé de joueurs majeurs, Montpellier fouille son centre de formation et fait confiance à de nombreux jeunes, et notamment à Mathieu Grébille. S’il est le seul à avoir complètement percé, il fait partie des tauliers du leader actuel du championnat, et est aussi le deuxième meilleur buteur de D1. Mieux, c’est lui qui, accompagné de Vid Kavticnik et Diego Simonet, tient le club héraultais en Ligue des champions. L’arrière gauche s’est signalé aux yeux de l’Europe en marquant onze buts face à Skopje avant d’en inscrire neuf contre Veszprem. Le poste d’arrière gauche, le poste le plus "facile" du handball moderne, puisqu’il est plus aisé de trouver un droitier qu’un gaucher, est sans doute le plus fourni en équipe de France.

Ainsi, Grébille va devoir cravacher pour se faire une place dans la rotation entre Jérôme Fernandez, Willam Accambray et parfois Daniel Narcisse, repositionné à ce poste si Nikola Karabatic joue en tant que demi-centre. Claude Onesta, qui espère bien profiter de tout son groupe lors du premier tour pour arriver avec ses cadres frais en huitième, va donner du temps de jeu à tout le monde. A Grébille d’en profiter. Montpellier lui a laissé sa chance et ne l’a pas regretté. Bis repetita avec les Bleus ?

Il y a 20 ans, Pascal Mahé, père de Kentin, remportait le premier titre de champion du monde de l’histoire du sport collectif français en décrochant, en Islande, le premier des quatre titres de champions du monde du hand français. Alors, Kentin Mahé doit faire face, poliment, à des questions à base de "n’est pas dur de succéder à votre père ?’" ou "remporter le titre 20 ans après votre père serait un bel hommage, non ?". Kentin, joueur important du club d’Hambourg, formation mythique de la Bundesliga qui a récemment connu des problèmes financiers, n’est pas comme son père. Il n’a pas le même jeu, ni le même physique. Il en rigole : "J’aurai voulu être plus grand, mais visiblement, c’est mon frère qui a récupéré les dispositions physiques."

Son "petit" physique pour le poste (1m85, 82 kilos) ne le fait pas forcément complexer mais, pour compenser, Kentin travaille. Beaucoup. "Mon leitmotiv, c’est : Travaille un peu plus que ce que tu dois, ça paiera un jour." Mais le talent brut ne se travaille pas. Il est inné. De quoi rendre Daniel Narcisse admiratif : "Kentin, c’est un joueur malin. C’est un génie dans sa manière de créer et de surprendre ses adversaires. Plus il jouera de matches, plus il apportera à l’équipe de France."

Capable d'évoluer au poste de demi-centre et ailier gauche, il pourra débloquer des situations par son originalité. Et pourquoi pas s’inspirer d’un autre "petit", Valentin Porte, seulement 1m90, qui avait créé la surprise à l’Euro en janvier dernier. Lui-même voit le joueur d’Hambourg comme un potentiel successeur dans le rôle de la surprise : "Un mec comme Kentin Mahé a montré qu’il pouvait nous sortir des matches de très, très haut niveau."

Il est bien plus "vieux" que les deux premiers nommés. A 23 ans, Nyokas descendait en D2 avec le Paris Handball. Mais à l’image du club parisien, revenu au premier plan sous la forme du PSG, le joueur formé à Pontault-Combault revient lui en équipe de France. Il était déjà dans l’Équipe pour l’Euro 2014, où il avait brillé sur un match, contre la Russie, avec 9 buts marqués. "J’ai progressé en régularité. On ne peut plus dire que je passe à travers de mes matches."  

Le déclic, selon lui. Un départ pour l’Allemagne, à Goppingen, un entraîneur qui lui fait confiance, et le natif de Montfermeil a longtemps affiché une moyenne de 5 buts par match marqués en Bundesliga, compétition plus relevée que le championnat français. "Par rapport à la saison que j’ai faite, je peux apporter à l’équipe. J’ai été très régulier en Allemagne dans un championnat difficile. J’ai beaucoup progressé, j’ai pris énormément de confiance, Magnus Andersen m’a fait énormément progressé, je suis très fier de ce que j’ai pu faire là-bas."

Il a souvent scotché les défenses durant le tournoi de Nantes, préparatif à la Coupe du monde, avec des tirs surpuissants de loin, faisant de lui le pendant d’Accambray à droite. L’arrière gauche parisien le trouve même "beaucoup plus serein, et régulier dans son jeu." Tactiquement, le joueur a beaucoup à jouer. La blessure de Luc Abalo a décalé Valentin Porte au poste d’ailier. Il va partager le poste seul avec Xavier Barachet, qui n’est que remplaçant au PSG Handball. S’il n’a peut-être pas le talent de Grébille ou la créativité de Mahé, c’est sans doute l’ex-Chambérien qui a le plus de chances de se montrer, et donc, d’être la surprise des Bleus en phase finale de ce mondial qatari.