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Les Jeux de Sotchi continueront en 2015, 2016, 2017… (chronique de Patrick Lafayette)

Patrick LAFAYETTE

Publié 20/02/2014 à 21:38 GMT+1

Si les Jeux vont s'arrêter dans quelques jours, Sotchi va entamer un tournant clef de son évolution. Car la cité russe compte bien rester dans la lumière et a des projets pour son Parc Olympique et ses stations d’altitude.

Sochi : A view of the Olympic Park

Crédit: AFP

"Un passage souterrain sous la voie ferrée a été ouvert, des autobus sont en service. Les autorités locales nous ont promis qu’une eau courante potable serait rétablie fin mars et qu’une solution serait bientôt trouvée pour le franchissement de l’autoroute." Marc Adams, le directeur de la communication du CIO, est confiant : les habitants d’Ashtyr, qui avaient pâti des conséquences de l’édification du Parc Olympique d’Adler juste en bordure de leur village, devraient bientôt être raccordés et désenclavés… Les infrastructures géantes ont donc poussé comme des champignons dans la région de Sotchi. Perturbant le quotidien de leurs riverains, dont beaucoup se demandent ce à quoi elles vont bien pouvoir servir après les Jeux…
Le chantier pharaonique ouvert par le Président Poutine, histoire de revaloriser l’image d’une région caucasienne présentée comme instable et plutôt déshéritée, (et qui n’est d’ailleurs pas achevé – pendant les Jeux, les travaux continuent !), ne manque pas de prévisions de reconversion. Il y a les choses acquises, comme le Grand Prix de Russie de Formule 1, en octobre prochain, qui déroulera sa piste entre les sites olympiques côtiers. Ou l’accueil du prochain G8, qui permettra aux chefs d’états des grandes puissances mondiales, lesquels ont largement snobé ces JO, de découvrir le site d’altitude de Krasnaya Polyana : leur réunion de juin est prévue ici, dans ce qui sert aujourd’hui de centre des médias pour le secteur de montagne. Et encore des matches de football de la Coupe du monde 2018, attribuée à la Russie, et qui se dérouleront dans le stade Fisht, celui des cérémonies d’ouverture et de clôture, et dont la capacité sera portée, pour l’occasion, à 47 000 places.
Il y a aussi de futures destinations parfois plus floues mais déjà fièrement annoncées : l’Adler Arena, celle du patinage de vitesse, devrait devenir le plus grand hall d’exposition des bords de la mer Noire et un grand salon des produits agroalimentaires, vins et spiritueux locaux y est déjà programmé ; l’Iceberg, où l’on a applaudi patineurs artistiques et de short-track, se transformera en vélodrome, prévu pour devenir le centre national des pistards ; la patinoire Shaïba deviendra celle des stages des sélections de hockey ; sa grande sœur, la Bolchoï, sera reconvertie en palais omnisports et de concerts, et devrait recevoir un club résident promu au plus haut niveau ; le grand Village Olympique sera découpé en appartements proposés à la vente ; quant au Centre des Médias principal, on en fera un centre d’affaires, une immense galerie marchande et une résidence hôtelière.
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Stadium Fisht, Sotchi

Crédit: AFP

En voilà des projets, et des beaux !

Chacun, cependant, instruit par l’expérience des héritages précédents, sait bien que tout ne se déroulera pas comme prévu. Combien d’installations sportives, des Jeux de 1968 à Grenoble à ceux d’Athènes 2004, sont tombées en déshérence d’abord et, finalement, pour certaines, en ruine ? Tout dépend tellement de la conjoncture aussi… La candidature de Sotchi avait été retenue dans l’euphorie du plus fort du boom économique. La croissance a singulièrement ralenti depuis… La région va-t-elle obtenir, à l’avenir, les 50% de fréquentation touristique supplémentaire envisagés ? Le parc à thème surgi de terre, sorte de Disneyland du cru, va-t-il attirer les familles autant qu’espéré ? La rénovation portuaire va-t-elle inciter, comme l’affirme le vice-Premier Ministre Dimitri Kozak, les croisiéristes à  "inclure l’escale de Sotchi bien plus souvent dans leurs circuits" ?
C’est d’autant moins gagné d’avance que la rapide transformation des paysages et des terrains inquiète les géologues. Notamment sur les pentes abruptes de Rosa Khutor et ses environs, déjà sapées par la Mzymta, la rivière qui a déjà inondé sa vallée dans un passé récent et que l’étroitesse nouvelle de son lit, désormais contraint par la voie express et la ligne de chemin de fer, rend plus torrentueuse encore.
L’un des tremplins de saut, qui s’est déjà enfoncé de 16 centimètres dans un sol mou, est surveillé de très près. Et franchement, on ne pronostique pas une durabilité importante pour pas mal de bâtiments manifestement édifiés à la va-vite… Même si la Compagnie des Alpes, l’un des gros promoteurs de ces stations édifiées en cinq ans,  "là où nous avons mis quarante ans en France", demeure optimiste quant à leur pérennité et rentabilité. Ces perspectives, qu’elles soient inquiétantes ou fructueuses, passent largement au-dessus de la tête des paysans et ouvriers d’Ashtyr. Eux, ce qui les préoccupe, c’est de récupérer un filet d’eau au robinet.

Trois chiffres pour comprendre

  • 15 - Le taux de croissance était, en Russie, de 15% environ sur la période 2009-2011, quand les travaux de Sotchi 2014 ont été engagés. Il est tombé à 1,4% en 2013.
  • 192 - En millions d’euros, le prix définitif des tremplins de saut de Sotchi, pour un devis initial de 29 millions d’euros.
  • 200 000 - L’ensemble des enceintes en dur construites pour les Jeux de Sotchi représente une capacité de 200 000 spectateurs. Pour une agglomération de 470 000 habitants.
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