Rétro JO: Albertville 1992

Pour la dernière fois, les Jeux d'hiver se déroulent la même année que les Jeux d'été. La France les accueille pour la troisième fois après Chamonix (1924) et Grenoble (1968). Toute la Savoie est mobilisée car sur les 57 épreuves inscrites au programme, seules 18 se déroulent à Albertville même. La vallée de la Tarentaise a été désenclavée par d'importants travaux routiers mais les sites sont parfois distants d'une centaine de kilomètres.

Lors de la cérémonie d'ouverture avant-gardiste, mise en scène par Philippe Découfflé, de nouvelles nations défilent. L'Europe a beaucoup changé, avec l'éclatement de l'URSS et de la Yougoslavie. Les pays qui composaient l'ex URSS, participent sous l'appellation d'Equipe unifiée (EUN). La Croatie et la Slovénie participent pour la première fois en tant que nations indépendantes. Il y a 400 athlètes de plus qu'à Calgary.

Après la chute du mur de Berlin, c'est aussi en équipe unifiée que se présente l'Allemagne, pour la première fois depuis 1936. Elle en profite pour terminer en tête du tableau des médailles (26) malgré la razzia des Norvégiens qui remportent toutes les épreuves de ski de fond. Côté tricolore, l'effet "à domicile" joue à fond. Neuf médailles dont trois en or et deux doublés. Jean-Claude Killy, président du comité d'organisation et le député de Savoie, un certain... Michel Barnier, tous deux à l'origine de cette candidature, peuvent s'estimer satisfaits.

Nombre de nations: 64
Nombre de participants : 1 801 athlètes (488 femmes, 1 313 hommes)
Dates: Du 8 au 23 février
Pays le plus médaillé : Allemagne (26)
Nombre de médailles françaises : 9
Ouverture officielle : François Mitterrand
Serment : Surya Bonaly (patinage artistique)

Au lieu d'être en vermeil plaqué d'or, d'argent ou de bronze, les médailles sont en cristal, serties des trois métaux habituels.

C'est Michel Platini qui est le dernier relayeur de la flamme.

Pour la première fois aux Jeux d'hiver, une athlète noire prononce le serment olympique: la patineuse Surya Bonaly.

Le patineur tchécoslovaque Petr Barna est le premier à réussir un quadruple saut aux JO, un exploit qui lui vaut la médaille de bronze.

Rêvant d'un second doublé d'affilée pour leur idole Alberto Tomba, les Italiens avaient déjà rebaptisé la station française : "Albertoville".

La Norvège ne laisse que des miettes en ski de fond à Albertville. Vegard Ulvang est moins connu que son compatriote Björn Dæhlie mais en Savoie il a remporté le même nombre de médailles (3 en or et une en argent). Il remporte son premier titre sur le 30 km, épreuve où il avait obtenu le bronze quatre ans plus tôt à Calgary. Trois jours plus tard, il remporte le 10 km alors que pour la première fois de sa carrière, il avait décidé de ne pas farter ses skis... Après une médaille d'argent dans la poursuite, il glane un dernier titre dans le relais 4x10 avec la Norvège... et Dæhlie.

A 26 ans, Egorova aborde les Jeux avec deux titres de championne du monde à son palmarès mais ne compte aucune victoire en Coupe du monde. Elle va pourtant monter sur le podium à chacune de ses courses à Albertville. Elle s'impose d'abord sur le 15 km en devançant Marjut Lukkarinen. Quatre jours plus tard, la Finlandaise lui dame le pion sur le 5 km classique pour 9 dixièmes, le plus faible écart jamais enregistré en ski de fond aux Jeux.

Après deux jours de repos, la fondeuse de Tomsk (Sibérie) laisse l'Italienne Stefania Belmondo mener les deux tiers de la poursuite 10 km. Puis elle attaque et se détache irrésistiblement pour remporter sa deuxième médaille d'or avec 24 secondes d'avance. Et si elle ne peut rien derrière une Belmondo revancharde sur le 30 km libre, entre temps elle était déjà devenue la reine de ces Jeux en s'imposant avec ses coéquipières sur le relais.

A 16 ans et 261 jours, Nieminen devient le plus jeune athlète à remporter une médaille d'or dans l'histoire des JO d'hiver lors de la victoire de la Finlande dans l'épreuve du K 120 par équipes. Deux jours plus tard, "le poupon finnois" obtient les notes les plus élevées lors de ses deux sauts sur le même tremplin. Il s'adjuge une deuxième médaille d'or et bat un nouveau record de précocité sur une épreuve individuelle. Il termine ces Jeux par une nouvelle médaille, de bronze, sur le K 90 individuel. A son retour au pays, les forces de l'ordre doivent le protéger des midinettes hystériques.

Vainqueur de la Coupe du monde de bosses en 1990 et 1991, "Grospi" était le grand favori devant son public. Comme il avait gagné trois des quatre épreuves disputées en janvier, juste avant les Jeux, il ne se prive pas de fanfaronner, annonçant qu'il va écraser ses adversaires. Au son des "Qui c'est le plus fort ? Le plus fort c'est Edgar", le skieur de la Clusaz réalise la course parfaite et devient le premier champion olympique de bosses de l'histoire.

Troisième après le saut à ski, Fabrice Guy s'élance en fond avec 42 et 16 secondes de retard sur ses adversaires. Il comble rapidement son handicap, passe en tête de la course dès le 5e km et devient le premier Français champion olympique en ski nordique.

C'est la première fois que le biathlon s'ouvre aux femmes. La discipline n'évoque plus depuis longtemps les exercices militaires. Corinne Niogret, Véronique Claudel et Anne Briand, celle-ci dans un ultime et décisif parcours, maîtrisent parfaitement leurs efforts pour mettre dans le mille et atteindre l'or du relais 3 x 7,5 km.

Parti en 13e position après le saut à ski, Sylvain Guillaume remonte un à un ses adversaires et dépasse même le favori autrichien Sulzenbacher, dans la dernière boucle pour offrir un doublé à la France.

Jusqu'en 1986, ils concourrent pour leur pays d'origine le Canada. A Albertville, ils offrent à la France sa première médaille olympique en danse sur glace. Innovateurs, ils ont souvent eu le soutien du public mais rarement celui des juges. Ce fut le cas en Savoie.

Champion olympique de Super G et troisième de la descente en 1988, Franck Piccard complète sa collection de médaille de chaque couleur. Il termine deuxième derrière l'Autrichien Patrick Ortlieb, pour 5 centièmes de seconde.

La piste très technique et très sinueuse de Méribel semble dessinée pour Carole Merle, adepte des disciplines techniques. Cette médaille olympique sera suivie la même année par deux titres de championne du monde (Super G et Géant).

Calme, discret, c'est l'antithèse de Grospiron. Il offre le deuxième doublé à la délégation tricolore dans ces Jeux.

Dixième de la descente, la Grenobloise effectue une remontée dans le slalom pour monter sur le podium. Elle avait aussi remporté la Coupe du Monde de la spécialité l'année précédente.