Rétro JO: Grenoble 1968

Eurosport
ParEurosport

Publié 25/01/2010 à 15:00 GMT+1

Avant l'ouverture des XXIe Jeux Olympiques d'hiver, le 12 février à Vancouver, nous vous proposons de revivre quotidiennement les 19 éditions précédentes. Les Jeux reviennent en France 44 ans après Chamonix. L'équipe de France de ski alpin triomphe et Jean-Claude Killy entre dans la légende.

AU COEUR DES JEUX
Le Général de Gaulle voulait que l'évènement soit prestigieux. Et il le sera. La cérémonie d'ouverture de ces Xe Jeux d'hiver se déroule devant 60 000 spectateurs dans un stade conçu spécialement pour l'occasion. Et 44 ans après Chamonix, le retour de la flamme olympique en France se fait par l'intermédiaire du patineur artistique Alain Calmat. Lors de son ascension vers la vasque olympique, les spectateurs peuvent entendre les battements de son coeur, amplifiés par un micro et diffusés dans les haut-parleurs. Puis, une pluie de pétales de roses, symbolisant les armes de la ville, est versée par des hélicoptères.
Le défi relevé par Grenoble n'est pas des moindres. Coincée au carrefour de trois vallées (Belledonne, Chartreuse, Vercors), la cité de l'Isère n'est pas une station de ski à part entière. Son altitude (200 mètres) l'empêche d'accueillir l'ensemble des disciplines inscrites au programme. Ainsi, le ski alpin a lieu sur le massif de Belledonne à la station de Chamrousse, les disciplines de fond sur le plateau du Vercors, à Autrans, le saut à skis à Saint Nizier, le bobsleig à l'Alpe d'Huez, et la luge à Villars de Lans.
La délégation tricolore va réussir les meilleurs Jeux d'Hiver de son histoire. Dans le sillage d'un Jean-Claude Killy impérial qui réalise le triplé (descente, slalom géant, slalom), la France remporte huit de ses neuf médailles en ski alpin. Et fait même mieux que sa grande rivale, l'Autriche. Pour la première fois, elle est troisième au classement des médailles - ce qui n'est plus arrivé depuis - derrière la Norvège et l'URSS, toujours aussi dominatrice.
A SAVOIR
Nombre de nations : 37
Nombre de participants : 1158 (947 hommes, 211 femmes)
Dates: Du 6 au 18 février 1968
Pays le plus médaillé : Norvège (14)
Nombre de médailles françaises : 9 (dont 4 en or)
Ouverture officielle : Le Président Charles de Gaulle
Serment : Leo Lacroix (ski alpin)
LA PETITE HISTOIRE
Pour la première fois, les Jeux ont une mascotte, non officielle: "Schuss", un petit bonhomme sur des skis. Sur les médailles, le pictogramme du sport concerné apparait. Les Jeux de Grenoble sont aussi les premiers Jeux Olympiques d'hiver à bénéficier d'une retransmission télévisée en couleurs.
Des tests de féminité sont pratiqués pour la première fois. Surprise : la salive de la skieuse autrichienne Erika Schinegger révèle la présence d'hormones mâles exclusivement. Opérée par la suite, elle changera de sexe, prendra le prénom d'Erik, se mariera et connaîtra les joies de la paternité.
Le patineur de vitesse néerlandais Kees Verkerk, vainqueur du 1500 m était barman dans son village et fut également trompettiste dans une émission de la télévision néerlandaise.
Trois médailles d'argent son délivrées lors du 500 m féminin en patinage de vitesse. Et à trois Américaines. Jennifer Fish, Dianne Holum et Mary Meyers se classent deuxièmes ex aequo à deux dixièmes de Ludmilla Titova (URSS).
LES HEROS
Jean-Claude Killy (Ski Alpin, France)
Voir les médailles françaises
Peggy Fleming (Patinage artistique, Etats-Unis)
Sixième en 1964, Peggy Fleming enchante les 12 000 spectateurs du Palais des Glaces de Grenoble. Grâce à son élégance et à sa légèreté, elle se détache largement dès l'épreuve des figures imposées en faisant l'unanimité auprès des neuf juges. Et malgré un programme libre mal assuré, elle offre aux Etats-Unis, leur seul titre olympique de ces Jeux. Promue au rang d'héroïne nationale, elle passe ensuite professionnelle et rejoint le spectacle Ice Follies. Elle tournera également dans de nombreuses publicités avant de se reconvertir avec succès dans une carrière de commentatrice de télévision.
Toini Gustafsson (Ski de fond, Suède)
Si elle n'avait pas brillé à Innsbruck avec une seule médaille d'argent sur le relais, Toini Gustafsson était la meilleure fondeuse à Grenoble. La Suédoise s'impose tout d'abord sur le 10 km avec plus d'une minute d'avance sur la deuxième. Quatre jours plus tard, elle est la dernière skieuse à prendre le départ du 5 km. Informée du temps de sa rivale Kulakova, elle place une accélération fulgurante dans le dernier kilomètre et l'emporte avec trois secondes d'avance. Elle achève son parcours olympique en décrochant une deuxième médaille d'argent avec ses coéquipières, dans le relais 3x5km, où elle enregistre le temps le plus rapide de la course.
LES MEDAILLES FRANÇAISES
Or: 4
Jean Claude Killy (Ski Alpin, Descente, Slalom géant, Slalom)
Toute la France savait que Jean-Claude Killy visait le triplé, un exploit jusqu'alors réalisé une seule fois dans l'histoire olympique, par Toni Sailer à Cortina d'Ampezzo (1956). Quelques jours avant l'échéance, l'Autrichien conseille d'ailleurs au Français de ne pas multiplier les entraînements et de s'isoler, histoire d'évacuer la pression. Quasiment invincible l'année précedente (24 victoires sur 36 épreuves de Coupe du Monde), Jean-Claude Killy n'avait pas le droit de manquer le rendez-vous de Grenoble.
Le 9 février, lorsqu'il se présente en haut de la piste de la Chamrousse pour la descente, Killy est prêt. Il glane son premier titre en devancant de 8 centièmes son compatriote Guy Perillat. Un écart infime dû à son fameux départ en bascule qu'il travaillait depuis deux ans et qu'il était le seul à pratiquer. "La bascule" le propulsait au moment même où le chronomètre se déclenchait. Deux jours plus tard, Killy domine tellement la première manche du géant que ses plus sérieux adversaires sont relégués à près de 2 secondes. Il contrôle le lendemain lors de la seconde manche et obtient son deuxième titre. "J'ai skiépeinard", dira même celui qui est déjà l'idole de tout un pays.
Loin d'être rassasié, le Français se doit de gagner le slalom. Mais l'épreuve va être riche en rebondissements. Killy réalise le meilleur temps de la première manche. La brume est épaisse quand le départ de la seconde est donné. Il s'élance "comme un possédé", et reste en tête jusqu'au départ de Karl Schranz. Lorsque ce dernier arrive, il prétend qu'une mystérieuse silhouette a traversé la piste, l'obligeant à s'arrêter. Les organisateurs lui accordent un deuxième départ.
Schranz enregistre alors un meilleur temps que le Français mais ne sera champion olympique que quelques heures. La branche à laquelle il s'était raccroché va céder. Le jury réexamine la première tentative de l'Autrichien et le disqualifie. Il avait en fait manqué deux portes, avant d'être gêné. Pour le skieur de Val d'Isère, c'est la consécration. Il mettra un terme à sa brève mais extraordinaire carrière quelques semaines après cet exploit phénoménal.
Marielle Goistchell (Ski Alpin, Slalom)
Médaillée d'argent sur le slalom quatre ans plus tôt à Innsbruck, Marielle décroche le titre à Grenoble. La skieuse de Val d'Isère fait preuve d'une grande maîtrise pendant toute la course. Friande de canulars, elle annonce après sa médaille d'or ses fiançailles avec Jean-Claude Killy ! Le triple champion olympique n'en avait été bien sûr pas averti... Marielle Goitschel reste à ce jour la skieuse française la plus titrée aux JO et aux Championnats du monde.
Argent: 3
Annie Famose (Ski Alpin, Slalom géant)
La Française réussit à décrocher l'argent derrière la talentueuse Canadienne Nancy Greene.
Isabelle Mire (Ski Alpin, Descente)
Deuxième derrière Olga Pall, la Française empêche les Autrichiennes (1ère, 3e et 4e) de réaliser le triplé.
Guy Perillat (Ski Alpin, Descente)
Parti avec le dossard n°1, le Français réalise une course extraordinaire et le meilleur temps... jusqu'à l'arrivée de Jean-Claude Killy qui le devance de 8 petits centièmes (voir plus haut).
Bronze: 2
Annie Famose (Ski Alpin, Slalom)
Deuxième médaille de ces Jeux pour la skieuse du Jurançon (Pyrénées Atlantiques).
PatrickPera (Patinage artistique)
La seule médaille française qui ne vient pas du ski alpin. Patrick Pera monte sur le podium avec de moins bonnes notes que l'Autrichien Emmerich Danzer mais 5 juges contre 4 placent le Français à la troisième place. Il est aussi le plus jeune médaillé de ces Jeux à 19 ans et 29 jours.
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