Riner, du très lourd

Champion d'Europe et du monde junior en 2006, puis d'Europe et du monde senior en 2007, le poids lourds du judo mondial Teddy Riner veut poursuivre sa marche vers la gloire aux Jeux olympiques de Pékin avec son talent, sa gentillesse et son bonheur. Arrivé comme une bombe, le successeur de l'icone David Douillet se sait attendu. Chacun de ses gestes est épié. Chacune de ses actions disséquée. Mais ce colosse aux bras de fer garde le sourire avec un constat presque désarmant. Les sollicitations, les autographes, la compétition : "Ce n'est que du bonheur!"

Si la lame de fond qu'il a suscitée lui a fait peut-être un peu peur, si les sollicitations auxquelles il a répondu l'ont parfois épuisé, s'il a un peu inquiété son entourage, il s'est remis au travail. Et conscient qu'on veut la "peau" du champion du monde, il garde une confiance presque inébranlable. "Je connais mes points forts : me déplacer, être le plus rapide, être adroit. C'est sur cela que je vais jouer", affirme-t-il, prévenant d'emblée ses adversaires : "J'arrive avec une autre façon d'aborder mes combats et quelques bottes secrètes".

"J'en ai expérimentées. Et j'ai marqué ippon. J'espère que personne n'aura vu", précise le Guadeloupéen, désormais très protégé par ses parents, une avocate, la fédération et Valérie Douillet, la femme de David, chargée des relations avec les médias. L'ambition pour le géant de 2,02 m et 128 kilos est claire : le titre. Il ne pourrait d'ailleurs en être autrement pour ce junior qui n'affiche que des succès sur les quatre compétitions majeures auxquelles il a participé depuis ses débuts. Cependant, Riner refuse de se mettre une trop grosse pression. "Je travaille pour une médaille. Et si elle n'est pas en or, je serai quand même content" , assure le natif de Pointe-à-Pitre qui ne s'imaginait pas, il y a un an à peine, comme le favori.

"J'ai commencé à penser aux Jeux il y a quatre ans. A l'époque, les entraîneurs m'avaient dit : 'si tu travailles, ce sera possible' ", raconte-t-il. Mais pour ce monstre de volonté en combat, il s'agissait de 2012 (Londres) et sûrement pas de 2008. "L'image que j'ai des JO, ce sont la magie et les étoiles, la fiesta, la joie qu'on peut lire dans les yeux de ceux qui sont sur le podium", ajoute Riner qui a bossé. "C'est arrivé (ses résultats), comme ça. Mais dans ma tête, j'ai le temps. Je fais des trucs sans être pressé", souligne-t-il. Pourtant, avec Teddy Riner tout va très vite. Depuis ses débuts en judo à 6 ans en même temps que la natation et l'escalade pour canaliser une énergie débordante, il brûle les étapes. Pôle espoir (Rouen) puis INSEP, il s'illustre partout. Au point que les spécialistes voient rapidement en lui le futur Douillet.

"Je suis allé au bout de moi même, j'avais envie" , ajoute Riner qui a eu "un déclic" aux championnats de France en 2007 (2e) puis au Tournoi de Paris (3e), un mois plus tard. Il a compris qu'il "devait s'accrocher, ne jamais rien lâcher". Pour réussir son rendez-vous, le nounours Teddy connaît les règles. Il a bien écouté Laura Flessel sur ce qu'il faut faire ou pas aux Jeux. Et aimerait les conseils de Laure Manaudou sur la notoriété. Quant aux combats: "Je ne devrai rien lâcher et faire attention à tout le monde, car tout le monde a faim", dit-il.

Quoi qu'il arrive, Riner ne changera pas. Ni son caractère, ni ses habitudes comme sa visite hebdomadaire chez son coiffeur-barbier. "Je ne sais pas me raser", confesse-t-il en rigolant. Il y fera un passage supplémentaire avant les J.O. car il a bien l'intention d'afficher un look olympique.