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Mondiaux : Teddy Riner, un champion en constante progression

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/08/2014 à 23:10 GMT+2

A nouveau couronné, Teddy Riner a montré samedi aux Mondiaux qu'il avait encore complété son impressionnant registre technique, spécialement au sol.

Teddy Riner face à Ryu Shichinohe en finale des Mondiaux 2014, à Tcheliabinsk

Crédit: AFP

A lui seul, Teddy Riner fait souvent un vainqueur spectaculaire. Mais ce qu'il préfère, c'est "faire du judo" comme il le répète à l'envi, pour magnifier son art et ses victoires. Etant entendu que la condition reste d'avoir un adversaire disposé. Sinon, c'est l'énervement... Samedi, le Français est passé par tous ces états pour monter une sixième fois sur la plus haute marche des Championnats du monde des lourds (+100kg), à Tcheliabinsk.
Exempt de premier tour, le géant jovial (il mesure 2m02) a d'abord utilisé sa vitesse d'éxécution pour piéger l'Israélien Or Sasson en 49 secondes, sur un o-soto-gari péremptoire. Puis, il a déployé une puissance nettement plus visible pour fixer le Tchèque Michal Horak, et le bouger comme une botte de paille… 37 secondes et un uchi-mata plus tard, le tableau affichait encore "ippon".
Blessé en septembre dernier à une épaule, le Tricolore avait fait l'impasse en février sur Paris - le plus grand tournoi du monde - et était revenu à la compétition aux Championnats d'Europe, fin avril, pour honorer le public français de sa présence, à Montpellier. Sans se rassurer complètement car seul le Géorgien Adam Okruashvili, en finale, avait constitué un réel test pour lui .

Riner a bûché son sol et ça s'est vu !

Samedi, en Russie, il attendait donc le verdict de son corps et de tant de sacrifices pour redevenir lui-même. En quart de finale, il a trouvé en Renat Saidov un rival valeureux, successeur potentiel de son ennemi intime Alexander Mikhaylin, et accessoirement favori du public. Là, il a pu éprouver le plaisir de puiser dans son registre de champion olympique pour ficeler le prétendant en 82 secondes après une amenée au sol.
En demi-finale, il a croisé la route du Brésilien Rafel Silva, le numéro un mondial ! Pourquoi ? Parce que le grand Teddy n'a pas envie de montrer son judo sur les tatamis internationaux - son illustre prédécesseur tricolore David Douillet était comme ça - et qu'il faut une certaine assiduité en tournois pour prétendre au meilleur des rangs. Mais le Guadeloupéen s'est chargé de rétablir la vérité hiérarchique, celle de la précédente finale des Mondiaux, en 2013 à Rio de Janeiro. Le résultat fut donc identique, à un enseignement près, parmi les plus importants de cette journée dorée : Teddy a bûché son sol (ne-waza) et ça s'est vu copieusement.
Pour un "lourd", on peut même dire qu'il pousse à la gourmandise en développant des techniques de sacrifice (chuter volontairement pour lancer une projection) pas franchement aisée dans la catégorie. Il avait bien fait rigoler avec son "pourri waza" en finale de l'Euro 2014. Contre Renat Saidov, il venait d'utiliser à nouveau cette technique risquée. Face à Rafael Silva, il a poursuivi au sol par un étranglement-sanction (koshi-jime) témoignant d'une progression évidente en ne-waza.
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Teddy Riner face à Ryu Shichinohe en finale des Mondiaux 2014

Crédit: AFP

A 44 secondes de la fin, Shichinohe passe près du hold-up parfait

En revanche, on a vu un Teddy sortir contrarié de sa finale contre le Japonais, Ryu Shichinohe. "Je savais ce que j'avais à faire mais je suis très déçu parce que, lorsqu'on voit sur une finale mondiale un combattant qui se met à genoux et qui refuse de combattre c'est énervant, et je crois que vous avez pu le voir !", a-t-il souligné. Voilà pour le savon médiatique. Le désormais septuple champion du monde avait de quoi être agacé, dominateur à la saisie mais obligé de supporter des simulacres. "Ça valait hansoku make !" (une disqualification directe), a estimé Franck Chambilly, son entraîneur. Et un, et deux, et trois shido : heureusement, l'arbitre a fait monter les pénalités, et considéré le sens unique du combat pour rester de marbre sur un o-uchi-gari nippon pourtant de belle facture. C'est vrai, le shido sanctionne une chute latéral sur tout le long du corps.
Enervé, Teddy l'était donc sûrement aussi à travers cette certitude d'être passé près de la catastrophe, du hold-up, à 44 secondes de la fin. Au passage, Ryu Shichinohe peut se targuer d'être le premier à l'avoir fait tomber depuis des lustres. "J'aurais voulu m'exprimer correctement en finale, on m'en a un peu empêché", a-t-il encore déploré. "Je le dis, je suis frustré, un peu. Ce qui me calme c'est que cette médaille est de mon côté. Mais je voulais finir propre."
Mais à y repenser et à voir la récompense, le sourire était de mise. "Il faut relativiser. Je regarde cette médaille et, forcément je suis content", dit-il. "Pendant ma préparation c'était trois entraînements par jour. On se levait à 6h, les autres dormaient. Et quand j'en bavais, je sais pourquoi je l'ai fait maintenant. Il n'y a rien de facile dans la vie mais quand on se donne les moyens, ça donne de belles compétitions comme celle-ci. Et en plus, cerise sur le gâteau, finir comme meilleur judoka de l'année, ça fait plaisir. Surtout que j'ai été jugé sur deux compétitions seulement! Je suis super content. Que dire? Je vais savourer cette septième médaille et ce n'est pas fini. J'ai encore la dalle. J'ai les crocs. Je suis un wolf! (ndlr : loup)."
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