La symphonie achevée

Celle-là, il va l'apprécier. Quand certains, comme Yannick Agnel, sont sacrés à 18 ans, d'autres doivent quasiment attendre la trentaine pour découvrir à quoi ressemble une médaille d'or. Frédérick Bousquet, malgré sa régularité au plus haut niveau, ses chronos et son palmarès, n'avait encore jamais décroché de titre majeur au plan international. C'est désormais chose faite. Le nageur d'Auburn et de Marseille était le grandissime favori de la finale du 50m nage libre et il a fait honneur à son statut. Certes, il a nagé un moins vite qu'en demi-finales samedi (21.49 contre 21.36) alors qu'il s'était promis de faire mieux. D'où ce tout petit rictus à l'arrivée. Mais très vite, Bousquet a oublié le chrono pour ne retenir que l'or. Il était venu pour ça. Malgré un départ un tout petit peu moins performant que lors des courses précédents, il a nettement devancé tous ses concurrents, à commencer par le Suédois Stefan Nystrand, toujours là (21.69) et le deuxième Français, Fabien Gilot (21.76). Les Tricolores rêvaient du doublé et ils n'en étaient pas loin. Mais Gilot apprécie lui aussi à sa juste valeur cette médaille. Une première pour lui aussi.

La 20e médaille française à Budapest est venue d'Ophelie-Cyrielle Etienne, qui n'aura pas perdu son temps cette semaine en Hongrie puisqu'elle a récolté trois médailles, toutes en argent ! La Toulousaine de 19 ans avait en effet déjà fini à la deuxième place du 800m nage libre et du relais 4x200m. En tête pendant les trois-quarts de la course, Etienne n'a pu empêcher dans les 100 derniers mètres le retour de la Britannique Rebecca Adlington, championne olympique de la distance. Adlington s'est imposée avec près d'une seconde d'avance sur la Française, qui possédait elle-même une bonne marge sur la Danoise Lotte Friis, médaillée de bronze. Déception pour Coralie Balmy, seulement 6e et loin de son meilleur niveau.

Comme un symbole, l'équipe de France a remporté la toute dernière course de ces Championnats d'Europe 2010. Une huitième et dernière médaille d'or qui leur permet de finir au sommet de la hiérarchie continentale. Donnés favoris, les Bleus n'ont pas été victimes du "syndrome relais" qui frappe depuis trios ans le 4x100m nage libre. Cette fois, de favoris, ils se sont mués en vainqueurs. Comment pouvait-il en être autrement. Parfaitement lancé par Camille Lacourt (52.46) en dos, les Français n'ont jamais lâché la tête. Hugues Duboscq (brasse), Frédérick Bousquet (papillon) et enfin Fabien Gilot (nage libre), préféré à la surprise générale à Alain Bernard pour conclure ce relais, n'ont laissé aucune chance à leurs adversaire, y compris les Russes, annoncés comme leurs seuls adversaire potentiels mais relégués à près de deux secondes. Camille Lacourt s'offre ainsi sa troisième médaille d'or et Bousquet un deuxième titre en à peine une heure. Que du bonheur, jusqu'au bout.

Quel dimanche également pour la Hongrie! En moins de 30 minutes, le public de Budapest a assisté à deux doublés. Celui réussi par Katinka Hosszu et Zsuzsanna Jakabos sur 200 4 nages dames (voir ci-dessous) puis celui accompli par Laslo Cseh et , également en 4 nages, mais sur 400m. Véritable star en Hongrie, Cseh a mis le feu à la piscine en dominant totalement cette finale. Il offre à la Hongrie sa 6e médaille d'or de la semaine, faisant de cet Euro à domicile une grande réussite pour la natation magyare. Champion du monde de la spécialité en 2005, Cseh complète ainsi un palmarès déjà exceptionnel, à seulement 24 ans.

Katinka Hosszu est bien la Laslo Cseh féminine. Comme son compatriote, la Hongroise a cumulé les titres tout au long de cette semaine. Sur 200m papillon, elle a devancé une autre nageuse hongroise, Zsuzsanna Jakabos et la Britannique Ellen Gandy. Devant son public, Hosszu, 21 ans, a remporté trois titres (200 m papillon, 200 m 4 nages et le relais 4x200 m libre, ajoutant à sa moisson la médaille d'argent du 400 m 4 nages, distance sur laquelle elle est championne du monde. Aurore Mongel, partie vite pour prendre tous les risques, n'a pas tenu la distance. La Français a terminé à la 5e place.

Les Britanniques ont décroché l'or européen au nez des Russes. Ces dernières ont été disqualifiées suite à un relais mal assuré. Cette bévue permettent aux Suédoises de remporter la médaille d'argent et aux Allemandes le bronze. La France (avec Putra, De Ronchi, Mongel et Muffat) a pris la 6e place.