Aubert, la bombe humaine

Sandrine Aubert s'est offert le premier succès de sa carrière lors du slalom d'Ofterschwang. Après Jean-Baptiste Grange (slaloms de Levi et Zagreb), Tessa Worley (géant d'Aspen), et Julien Lizeroux (slaloms de Kitzbuehel et Kranjska Gora), la skieuse des Deux-Alpes est venue ajouter son nom à la liste des Français vainqueurs d'une épreuve de Coupe du monde cet hiver. Troisième à l'issue de la première manche, Aubert (26 ans) a signé un second run de grande classe pour s'imposer largement devant la Suédoise Frida Hansdotter (0"43) et l'Autrichienne Nicole Hosp (0"82), de retour au premier plan après une grave blessure survenue en janvier.

Impeccable de précision au passage des portes, Aubert, qui n'avait jamais fait mieux qu'une 5e place en Coupe du monde (Super-Combiné de Sankt Anton) a rendu une copie parfaite sur la "Ofterschwanger Horn". Et a fait craquer la concurrence. En tête à l'issue de la première manche, Lindsey Vonn n'a pu rallier l'arrivée de la seconde dessinée par l'entraîneur français. L'Américaine, partie avec 11 centièmes d'avance sur Aubert, s'est envolée dans le mur médian, victime d'une chute sans gravité. Tenante du gros globe, la skieuse de Park City devra attendre les finales mondiales d'Are pour conserver son précieux cristal. Avec désormais 369 points d'avance sur Maria Riesch au général, et alors que 400 points au maximum sont encore à distribuer lors des quatre dernières épreuves, Vonn y est presque...

Dauphine de Vonn à mi-parcours, Kathrin Zettel a connu le même sort que l'Américaine lors de la seconde manche. Quasiment au même endroit que la double championne du monde de Val d'Isère, l'Autrichienne a enfourché. Devant son public, Maria Riesch devait, elle, sauver l'essentiel. En se classant 5e du slalom d'Ofterschwang, la championne du monde de la spécialité a parfaitement rempli sa mission et s'est assuré du gain du globe de la discipline, le troisième de sa carrière après ceux glanés en Super-Combiné et en Super-G l'hiver dernier.

Quant à Sandrine Aubert, sa victoire lui permet de devenir la 8e slalomeuse mondiale de la saison. Avant ce samedi, la Française n'était jamais montée sur un podium de Coupe du monde, même si elle n'a cessé de montrer de réels progrès depuis l'ouverture du cirque blanc (7e à La Molina, 8e à Maribor et à Garmisch-Partenkirchen). Mais une telle performance était attendue dans le clan tricolore. "Ce n'est pas vraiment une surprise, car Sandrine est connue comme quelqu'un de grand talent mais qui avait toujours jusque-là des difficultés à enchaîner deux manches" , a commenté Jean-Philippe Vuillet, le patron de l'équipe de France féminine.

La skieuse des Deux-Alpes succède ainsi à Laure Péquegnot, dernière Tricolore lauréate d'un slalom de Coupe du monde. C'était à Are le 3 février 2002. "C'est fantastique d'être à la place de celle qu'on admire depuis longtemps. J'étais dans la même position à Val d'Isère (lors des Mondiaux-2009) et cela s'est mal terminé (3e de la première manche, 26e au final). J'avais besoin d'apprendre des choses, comment gérer", a avoué l'héroïne du jour. Et de conclure : "J'y ai beaucoup réfléchi plusieurs fois par jour, je suis arrivée à la conclusion qu'il me fallait plus de calme, plus de sérénité, sans pour autant en faire plus sur les skis. Quand je suis arrivée en bas, j'étais contente de ce que j'avais fait, j'avais fait mon boulot, j'ai regardé Zettel et Vonn descendre sans appréhension". C'est simple le ski...