Sölden - Avant de tirer des plans sur la comète, Worley doit redevenir une étoile

Lors de la traditionnelle journée mêlant presse et acteurs à Paris début octobre, Tessa Worley avait réservé sa réponse. Sans langue de bois aucune a priori. Car elle-même, si l'envie était bien là, ne savait pas encore si elle pourrait s'aligner à Sölden ce samedi : "S'il faut zapper Sölden, on zappera, mais je n'en ai pas envie." Le communiqué de la FFS (*) tombé en milieu de semaine a levé les derniers doutes : la championne du monde en titre de géant disputera bien l'épreuve d'ouverture, son 115e départ en Coupe du monde et le premier round d'un combat qui doit la faire revenir au sommet de son sport. Une lutte qu'elle doit remporter si elle veut conserver sa couronne mondiale en géant à Vail-Beaver Creek en février prochain.

Dix mois après ce 17 décembre 2013 néfaste, Worley retrouve donc ce fameux cirque blanc dont elle a été privée trop longtemps: "C'est ce qui me fait vibrer. L'adrénaline que ça peut procurer, c'est assez unique", confie-t-elle avant de nuancer : "ça m'a manqué mais je ne me sentais pas capable de précipiter mon retour, car je n'étais pas à 100% de mes moyens." La Bornandine n'a pas voulu brûler les étapes, et "l'envie est revenue peu à peu." Naturellement. Juste après la blessure puis l'opération de son ligament, Worley a tout de même décidé de se couper du monde quelques jours. "C'était tout un processus d'acceptation de ce qui m'arrivait. Ça me demandait trop d'énergie d'être trop entouré, s'excuserait-t-elle presque. Ensuite, dans l'hiver, j'ai retrouvé tout le monde naturellement."

Après avoir obtenu le feu vert des médecins, Worley a ensuite effectué son retour sur les skis mi-juillet, "la petite carotte qui (l)'a reboostée." "Je suis repartie dans l'inconnu, ajoute-t-elle. Il y avait des doutes, mais ils se sont vite atténués. L'appréhension s'est rapidement envolée." Contrairement à celui de Marion Rolland, le genou de la Bornandine la laisse aujourd'hui tranquille : "Je ne ressens pas de douleur sur les skis. Au début, il y a quelques gênes car on sent que le genou a besoin de se réadapter aux contraintes que notre sport met mais sinon tout va bien."

A Sölden, Worley va repartir de zéro ou presque. Au sein de l'équipe de France, son absence a permis à d'autres de se mettre en valeur, Anémone Marmottan, la première : "En montant sur son premier podium (NDLR : 2e du géant d'Are), elle a passé un cap, estime la Française. C'est une expérience qui va lui servir et qui en appellera d'autres. Pour moi, cette année, c'est important d'avoir une référence comme Anémone pour retrouver mon niveau."

Des podiums, Worley, en compte 13 pour 8 succès. "Je n'ai aucune idée de la date de ma prochaine victoire. Je veux simplement me retrouver totalement d'abord avant de faire le moindre plan sur la comète." Inutile donc de lui demander comment elle compte s'y prendre pour défendre sa couronne mondiale, dans quatre mois. "J'y pense, j'y pense. Mais c'est encore très loin. Mais finalement, c'est une bonne chose, ça me laisse le temps de me préparer." Et redevenir la sensationnelle et impétueuse skieuse qu'elle était avant ce maudit slalom de Courchevel.