Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Nicolas Michaud : "En dessous d’un budget minimum, on attaque les médailles"

ParNordic Magazine

Publié 19/11/2014 à 18:39 GMT+1

Démissionnaire de ses fonctions de directeur des équipes de France nordiques, Nicolas Michaud dit "ne pas vouloir bricoler davantage avec le budget octroyé." Une interview exclusive accordée à Nordic magazine. 

Nicolas Michaud

Crédit: Panoramic

Nicolas Michaud, vous avez demandé mardi au DTNFabien Saguez de vous décharger de votre rôle de directeur des équipes de France nordiques. Pour quelles raisons ?
N.M. : En effet, je ne pensais pas que l’information sortirait si vite dans la presse mais bon… Très clairement, dès le printemps, je savais que ça allait être compliqué avec le budget octroyé par la fédération française de ski. Je suis conscient que le contexte est super dur pour tout le monde, donc j’ai essayé de serrer les boulons partout. Jusqu’à commencer à bricoler dès cet été pour réduire encore nos dépenses.
Cette annonce est plutôt surprenante à l’orée de cet hiver…
N.M. : Je ne suis pas en guerre contre la fédé. Je reste au sein de la fédération mais on a une vraie problématique que je préfère soulever. Ma philosophie n’est pas de rester absolument à ce poste mais de faire avancer le système avec passion. Sauf qu’avec ces budgets, je sens qu’on commence à bricoler, à couper à des endroits. Et je ne veux pas tromper les gens du nordique, ni les athlètes, ni les coaches… Je préfère dire qu’on tombe en-dessous du seuil minimum et je ne souhaite pas être caution là-dessus. J’ai trop travaillé pour le nordique depuis quatre ans pour le dégrader moi maintenant.
Si je ne prends pas cette décision, je ne vois pas qui le fera.
Qu’entendez-vous par bricoler ?
N.M. : En combiné, les athlètes ont fait un programme très léger. En termes de travail, de stages extérieurs, il y a eu très peu de choses, peu d’heures de kiné, pas de budget pour développer la structure avec Mickaël Monnin qui fait un travail formidable. On a fait des efforts partout. On se fait à manger dans les apparts pendant les stages, on a oublié depuis très longtemps les pensions à 90 euros la nuit. J’ai renouvelé la flotte de véhicules chez Nissan pour être meilleur marché. Ce sont les athlètes qui au printemps ont sonné l’alarme. On ne peut pas s’étrangler plus ! Les athlètes ressentent que les efforts ne sont pas faits de la même façon dans toutes les disciplines, c’est un vrai ras-le-bol pour eux.
Vous décidez donc de dénoncer ces manques au grand jour ?
N.M. : Je prends la décision seul. Si je ne le fais pas, je ne vois pas qui le fera à ma place ces prochaines années. Le nordique est une famille soudée, bien plus qu’il y a quatre ans. Les athlètes sont surpris de mon choix, c’est ça qui est le plus frustrant. Je commencerais à tromper les gens si je restais à ce poste avec ces moyens. Je choisis ce “sacrifice” pour faire savoir la situation réelle du nordique.
Financièrement, le budget du nordique pèse 2,5 millions d’euros, soit le budget du seul fond suédois. Sur quelle enveloppe tabliez-vous pour continuer de faire progresser le fond français ?
N.M. : Que les choses soient bien claires : je n’ai pas pété un plomb en demandant cette enveloppe ou le budget de l’alpin mais seulement de rester au seuil minimum avec une rallonge d’au moins 60 à 70 000 euros par rapport au budget annoncé au printemps dernier. En dessous de ce minimum, on attaque les médailles, j’en suis persuadé. Les coaches ont beau être bons, les athlètes talentueux, ils feront 6e au lieu de faire un podium car il y a tous les à côtés : l’encadrement, les soins, le matériel… J’entends que le contexte est compliqué mais je pensais que la fédération pouvait résoudre ce souci après l’été où déjà une rallonge de 40 000 euros avait été allouée. Depuis juin, j’ai serré les boulons sans voir un euro de plus.
Je ne suis pas en guerre avec la fédération.
Concrètement, cette décision est-elle irréversible ?
N.M. : Oui et non dans le sens où je mets entre parenthèses la gestion des équipes de France pour quelques mois en attendant la suite… Je reste dans mes autres fonctions au sein de la fédé en restant sur la partie développement nordique sauf si le DTN ne le souhaite pas. Je le saurai dans quelques jours… Si ce n’est pas son choix, je peux revenir à Prémanon. Je suis professeur de sports et fonctionnaire : je serais alors directeur adjoint du Centre national de ski nordique si j’arrête mes missions au sein de la fédé. Je suis un défenseur de la fédération, j’estime que Michel Vion est le meilleur président possible en ces temps difficiles et que Fabien Saguez fait bien son boulot de DTN. Mais je pense qu’on doit dire ce qui ne va pas.
Cette annonce à dix jours de la coupe du monde était-elle préméditée ?
N.M. : Non. Je sais que ça peut être pénalisant pour les athlètes ou les entraîneurs mais je pense aussi que c’était le meilleur moment pour cette annonce à laquelle j’ai pensé dès le mois de juin. La conséquence de ce budget a minima, c’est que je vais être obligé de faire des sélections en fonction du budget qui me restera pour décembre. Je ne suis pas là pour mettre en place un tel fonctionnement ! C’est ce que j’ai changé dans le fond en arrivant. C’est dur pour moi de faire ce choix mais j’ai bien mesuré les choses. Je suis perturbé car ça m’embête de lâcher ça et d’un autre côté, je suis en accord avec mes convictions. Je ne fais le procès de personne. Mais oui, je reproche de ne pas avoir résolu le souci du nordique pour 70 000 euros.
Retrouvez plus d’articles sur Nordic Magazine
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité