La journée d'un slalomeur

"La journée d'un slalom peut paraître longue pour seulement deux minutes de course répartie en deux manches. Toute la phase de préparation de ces manches doit permettre au coureur d"être à 100 % au moment où il passe les bâtons derrière le portillon jusqu'à la ligne d'arrivée.

On peut identifier durant cette journée différentes phases : l'échauffement, la reconnaissance, la concentration avant le départ, la course, les sensations après course et surtout beaucoup de temps morts à gérer où il faut s'alimenter, récupérer et se détendre.

Grâce à mon expérience et aux coureurs que j'ai côtoyés, je pense qu'il n'y a pas un seul modèle. J'ai rencontré des coureurs comme l'Américain Bode Miller, capable de reconnaître une manche en deux minutes ou l'Autrichien Manfred Pranger qui passait 45 minutes en descendant deux portes dans un premier temps avant d'en remonter cinq en escalier ensuite. Tous les deux ont gagné des Coupes du monde de slalom, ce qui pour moi est la seule vérité. La façon dont je préparais ma course a évolué durant toute ma carrière. En revanche, il y a certains points que je considère comme incontournables."

L' alimentation :

"C'est un point essentiel. Avec le froid, le stress et le temps d'attente, la dépense d'énergie est énorme. Donc n'oubliez pas aussi de vous hydrater. Un bon plat de pâtes entre les manches est un moyen efficace comme le fait par exemple, l'Autrichien Benjamin Raich ou une barre chocolatée comme Gaëtan Llorach."

"Il doit permettre au coureur de s'adapter à la neige de la course. C'est pourquoi quand le tracé d'échauffement est pourri, il vaut mieux réaliser du ski libre plutôt que de se mettre à "l'envers". Il faut être réveillé musculairement pour être prêt à se donner à 100%. Une petite séance de vitesse la veille peut être un moyen efficace d'avoir beaucoup de vélocité le jour J."

"Si vous faites toujours des erreurs en course, c'est certainement quelle n'est pas bonne. Le plus important, c'est le rythme, être capable de danser entre les piquets sur le bon tempo. Un conseil pour éviter les fausses notes : ne vous laissez pas impressionner par un passage difficile mais essayez surtout de l'aborder le plus relâché possible."

"Il existe de nombreuses méthodes pour se concentrer. Certains visualisent le tracé les yeux fermés. Il faut les expérimenter en ayant la sensation qu'elles vous permettent d'effacer vos doutes sur le tracé, sur votre niveau. Une bonne concentration doit vous permettre de vous éclater durant votre course. Les sensations de glisse, de relâchement doivent vous conduire au plaisir.

Gérer l'attente, c'est la clé que vous soyez dans une Coupe du monde ou sur une manche de l'Ecureuil. Les journées sont longues. Profitez-en pour vous détendre. Ne vous coupez pas du monde extérieur, mais essayez de ressentir beaucoup de calme et de sérénité. Oubliez les enjeux et focalisez-vous sur votre course.

"Quelques minutes avant le départ, re-visualisez le tracé avec le bon rythme. Echauffez vous bien. Faites le vide et recherchez un maximum de sensations pour vous guider dans le tracé."

"Il faut être capable quelques minutes après sa course de se relâcher complètement et de réaliser un bilan rapide de votre manche en fonction de vos sensations. Repérez vos erreurs et essayez de ne plus les commettre dans la seconde manche. Demandez l'avis de vos coaches. Cette phase est pour moi très importante car c'est ce qui va vous permettre de progresser, d'évoluer au fil des saisons."