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Tsonga, victime d'un pari

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 06/11/2010 à 12:05 GMT+1

Eric Winogradsky nous explique que Jo-Wilfried Tsonga avait pris le risque de rechuter en reprenant en septembre, mais que les cadences de l'ATP l'empêchent, de toute façon, de prendre le temps de la cicatrisation. Entretien avec le coach de "Jo".

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Crédit: Eurosport

ERIC WINOGRADSKY, après cette rechute de Jo-Wilfried Tsonga, y a-t-il quelque chose que vous auriez pu changer à ce que vous avez fait depuis cet été...
E. W. : Difficile de refaire le film. Vous prenez une décision qui consiste à se donner des chances de jouer la finale de la Coupe Davis, il n'y a pas trente-six moyens pour y arriver. En fonction des habitudes du joueur et par rapport à la pathologie de la blessure, on sait qu'il du temps pour revenir dans le rythme en prenant toutes les précautions. La rechute prouve que le temps consacré à la cicatrisation de son tendon n'était pas suffisant. Comme beaucoup de joueurs, il s'astreint à un programme de prévention. Il a un kiné qui travaille seulement pour lui. Il a respecté les recommandations médicales. Impossible de faire plus qu'actuellement. Le plus, ce serait du repos supplémentaire. On n'a pas ce temps car le calendrier ne l'autorise pas.
Expliquez nous...
E. W. : Le calendrier est démentiel. L'ATP fait des efforts et réfléchit aux meilleures options possibles pour raccourcir l'année, mais au mieux, seulement deux ou trois semaines seront gagnées, ce qui est insuffisant. Je crois que l'objectif est 2012, mais cette année-là, il y a les JO, rien ne sera définitif avant 2013... Vu les contrats signés, cela se fera progressivement. Mais les filles arrivent à terminer leur année cette semaine, et les garçons ne peuvent pas ?
Reprendre en septembre en refusant une deuxième injection, c'était un pari ou c'était raisonnable de le tenter ?
E. W. : La réponse est sans doute à mi-chemin. Il y a la sensation du joueur, qui se sent capable de reprendre en partant d'une activité zéro. Puis le curseur monte dans l'intensité et ces sensations évoluent jusqu'au moment où, en ce qui le concerne, le genou lui a fait comprendre qu'il n'était pas prêt. A Montpellier, après trois semaines de compétition, il se sentait capable de monter à 100%. Il l'a fait contre Gilles Simon. Le lendemain matin, le genou était douloureux.
La décision de repartir en septembre a-t-elle fait débat entre vous ?
E. W. : A un moment, il faut regarder les choses en face. Si ton corps envoie le message : "c'est trop, il faut arrêter", et que tu réponds en disant : "on va essayer quand même", ça redéconne. Prendre des anti-inflammatoires, c'est masquer, cacher la douleur. Se soumettre à une injection sur la lésion, même si c'est son propre sang qui passe à la centrifugeuse pour essayer de favoriser la cicatrisation, ce n'est pas quelque chose de naturel. S'il faut six à neuf mois pour arriver à une cicatrisation totale, cela veut dire, comme les autres joueurs, qu'elle ne sera pas complète. On savait qu'il restait une petite zone qui n'était pas cicatrisée à 100%, il y avait un risque. Si j'avais pu enregistrer notre dernière conversation avec le docteur Montalvan avant de reprendre les tournois, vous entendriez qu'il avait raison : il nous a dit qu'on serait fixés le jour où le joueur appuierait à nouveau à 100% sur le champignon.
Vous dîtes que beaucoup de joueurs ont les mêmes problèmes...
E. W. : Simon, Nadal, Monflls, j'en passe... Nadal n'a pas joué pendant pratiquement six mois en 2009 (NDLR : sa plus longue interruption avait été de neuf semaines). Il se fait encore soigner, il se plaint de douleurs récurrentes. Tous les joueurs n'ont pas exactement la même lésion. Mais j'assure sans aucun problème que c'est LA pathologie type du joueur du tennis avec les hanches et l'épaule.
Couper neuf mois, ce n'est pas concevable, comme une autre forme de pari ?
E. W. : Tout le monde peut faire ça, mais demandez à Del Potro si ça ne l'embête pas de repartir à la cinquantième place... On ne peut pas. Le calendrier impose un minimum de 18 tournois, soit un volume de 25 semaines. Si vous ajoutez la préparation, la Coupe Davis et les tournois en France qu'il faut soutenir, c'est impossible. Ceux qui ont le programme les plus allégé aujourd'hui sont Federer Nadal et Djokovic, car ils sont à un niveau qui leur permet de faire l'impasse sur des 250, des 500 voire un Masters 1000 par-ci par-là.
Ces soucis physiques, est-ce que cela peut rabaisser son ambition de devenir le numéro un ?
E. W. : Je ne pense pas, sinon il aurait rangé sa raquette depuis longtemps. Vu la façon dont il rebondit après chaque blessure, cela prouve qu'il est convaincu qu'il peut y arriver.
Faut-il s'attendre à un programme de retour axé autour de l'Open d'Australie ?
E. W. : Si je vous dis aujourd'hui qu'on reprendra le 13 décembre, je balance sans savoir, je n'en ai aucune idée. S'il s'arrête, ce n'est pas pour reprendre trop tôt. Si son genou n'est pas prêt, on ne reprendra pas.
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