Ferrer, l'ombre de Rafa

Totalement éclipsé par Rafael Nadal, son dauphin national David Ferrer a montré vendredi qu'il n'avait, dans un bon jour, pas grand-chose à envier à son leader. Excellent spécialiste de terre battue, grand joueur de Coupe Davis (15 victoires pour seulement 4 défaites dans la compétition), il représentera dimanche un obstacle de taille pour l'équipe de France dans l'hypothèse merveilleuse où elle égaliserait à 2-2. Simon n'a pas fait le poids lors du premier simple. Difficile de voir qui pourra le faire lors du second.

Le choix logique conduit à Richard Gasquet, titulaire vendredi contre Rafael Nadal. Mais le Biterrois ne s'est pas montré sous son meilleur jour (défaite 6-3 6-0 6-1) et le doute persiste sur sa capacité à se transcender dans un cinquième match décisif : quand Richard Gasquet a joué des matchs à enjeu le dernier jour, il a certes battu le vétéran Roumain Andrei Pavel en 2007, mais surtout perdu contre les Russes Nikolay Davydenko en 2005 et Dmitry Tursunov en 2006, dans un "thriller" en cinq sets resté dans les mémoires.

Surtout, Richard Gasquet présente un bilan largement défavorable contre David Ferrer, qu'il n'a battu qu'une seule fois en six confrontations. Pire, ses cinq défaites contre le N.5 mondial ont toutes été concédées en deux sets secs, ce qui fait de Ferrer une de ses principales bêtes noires sur le circuit ATP... aux côtés de Nadal lui-même. "Ce sera un autre combat, un autre jour, une deuxième chance, la possibilité pour lui de se racheter et de montrer qu'il a du talent et qu'il sait jouer sur terre battue", tente de relativiser Guy Forget.

Mais ce passif de Gasquet contre le N.2 espagnol pourrait pousser son capitaine à privilégier une seconde option. Celle de Michaël Llodra, plutôt bon samedi en double, à la place du Biterrois. Mais le doute existe aussi : Llodra n'a plus joué un simple de Coupe Davis depuis sa lourde défaite contre Viktor Troicki lors du cinquième match de la finale 2010, contre la Serbie. Sa saison en simple (17 victoires pour 17 défaites) ne plaide pas non plus en sa faveur à l'heure de défier Ferrer sur sa meilleure surface... d'autant que le Français n'a jamais battu le Valencian, malgré deux uniques confrontations en 2010, meilleure saison de sa carrière. Malgré tout, Llodra ne se défile pas : "Quand on se prépare, on se prépare à tout. Jouer en simple, jouer en double. Si Guy veut me faire jouer, je suis prêt, il le sait."

Faute de solution idéale sous la main, il reste enfin un dernier pari que le capitaine tricolore pourrait tenter : réserver Jo-Wilfried Tsonga pour ce cinquième match décisif. Le Manceau, toujours invaincu dans des matchs à enjeu, en Coupe Davis, serait très clairement l'homme de la situation dans l'hypothèse d'une rencontre décisive face à Ferrer (1-1 au face-à-face). Mais cela voudrait alors dire que Gilles Simon devra avoir réalisé l'impensable contre Rafael Nadal préalablement. "Ce n'est pas impossible. Il faut penser à tout et étudier toutes les possibilités", glisse le capitaine. Quitte à préserver Tsonga une fois de trop dans ce week-end andalou...