Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

La métamorphose de Forget

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 29/11/2011 à 12:38 GMT+1

Le deuxième volet de notre dossier sur la finale de 1991 porte un des joueurs incontournables du week-end lyonnais: Guy Forget. Pilier de l'équipe de France, le N.1 tricolore est passé par toutes les émotions: de la grande déprime à la joie la plus intense. C'est ça aussi la magie de la Coupe Davis.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Vendredi 29 novembre 1991. 15h50. L'air hagard, Guy Forget est K-O debout. Dans le vestiaire du Palais des Sports de Gerland, plusieurs partenaires se relaient pour le réconforter, mais aucune parole ne l'atteint. Le N.1 tricolore vient de perdre la première rencontre de la finale de Coupe Davis face à l'Américain Andre Agassi. Un véritable choc pour celui qui se sentait pousser des ailes depuis le début de la saison, qui se sentait capable de remporter cette finale à lui tout seul. En cette fin de saison 1991, Forget a 26 ans et pointe au 7e rang mondial, après avoir été 4e au printemps. Il vient de remporter 6 titres, dont Paris-Bercy un mois plus tôt. Cette année, c'est son année. Cette finale doit être l'apogée de sa carrière. Mais l'enjeu le rattrape. 59 ans que la France attend de soulever à nouveau le Saladier d'argent... c'est lourd à porter. Ce fardeau, c'est Henri Leconte qui va l'en délester.
Fatigué par deux heures de match face au Kid de Las Vegas, le Marseillais refait le match cent fois dans sa tête. Ce pur attaquant a commis une erreur tactique en restant loin du filet. En jouant finalement contre nature. S'il remporte le premier set de cette manière, il cède en quatre manches et est persuadé que la défaite est maintenant inéluctable. "Je suis effondré, se souvient-il. Sans moi, l'équipe ne peut pas gagner. Je suis le pilier de l'équipe mais je n'arrive pas à me libérer. Les gars comptaient tellement sur moi pour apporter le premier point et moi j'étais tellement persuadé de pouvoir le faire, que ce match, c'est la fin du monde. D'autant plus que je sais qu'Henri va jouer Pete Sampras dans le match suivant et j'ai peur qu'il prenne une rouste..."
Leconte : "C'est la seule fois de ma vie où j'ai vu Guy extérioriser"
La bande à Noah avait un plan bien précis du week-end face aux Américains. Forget devait remporter ses deux simples, Leconte faire ce qu'il pouvait sur celui de vendredi, le point déterminant à acquérir restant celui du double de samedi. La défaite de Guy dès la première rencontre remet tout en question... avant que Riton ne sorte de sa boîte et ne redonne confiance à son compère. Loin, très loin de sa 5e place mondiale, en raison d'un problème de dos qui l'a longtemps éloigné des courts, Leconte parvient à se transcender comme jamais pour battre Sampras, alors 6e mondial, et remettre les deux équipes à égalité le vendredi soir. Incroyable. Jouissif. Inespéré...
Le premier tombeur de Sampras raconte la suite : "Le vendredi soir, Guy a pris un coup sur la casquette, clairement. Il doute. Même si on est à 1-1, il a le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur. Il dit qu'il n'a pas fait un bon match, même si Agassi a été énorme. Après, le double lui a fait du bien. Ce double, c'est la seule fois de ma vie où j'ai vu Guy extérioriser. Guy, ce n'est pas un mec qui serre le poing à chaque coup gagnant. Tout le contraire de moi. Il n'avait pas cette folie. Il n'était pas communicatif. Mais là, si. Ce double l'a complètement remis en selle." Face à Ken Flach et Robert Seguso, la paire américaine la plus redoutée sur le circuit, les deux Français sont sur la même longueur d'ondes : regonflés à bloc. La fougue de Leconte a un effet ressourçant sur Forget qui reprend vie dans cette finale. Au bout d'un match globalement maîtrisé, les Tricolores prennent la main dans cette finale pour la première fois du week-end et voient Guy Forget enfin sous son meilleur jour.
Forget : "Je dois une fière chandelle à Henri"
"Je dois une fière chandelle à Henri, reconnaît Forget. Sa victoire sur Sampras vendredi m'a permis de me libérer. Je me suis approprié son succès et je me suis mis dans la situation où c'était moi qui avais gagné ce match. C'est là où la Coupe Davis est magique : tu perds le vendredi et tu soulèves le trophée deux jours plus tard. Je suis passé par tous les sentiments ce week-end là en me laissant porter par la folie de Henri. Pourtant, la veille de mon match face à Sampras, je n'arrive pas à dormir. J'en viens mêmeà changer de chambre avec Yannick pour être plus au calme. Pourtant, je dors à peine deux heures et c'est crevé et très anxieux que j'arrive au stadele dimanche."
Leconte poursuit : "Je n'imaginais pas une seconde que Guy allait perdre. Je savais que Sampras avait pris un énorme coup sur la tête le vendredi. Puis Guy a joué de façon exceptionnelle." Pete Sampras, Forget le connaît très bien. C'est leur troisième match l'un contre l'autre cette saison-là et le Français l'a dominé lors des deux précédentes rencontres en finales du Masters de Cincinnati et surtout de Paris-Bercy dans les mêmes conditions indoor que Lyon. Tactiquement, le Marseillais, qui a retrouvé toute sa lucidité, sait parfaitement ce qu'il a à faire pour l'emporter. "Dès le début du match, j'attaque, je l'agresse et tout se passe comme dans un rêve. Arrive cette balle de match que je joue comme un benjamin tellement le stress s'empare de moi... Ensuite, je m'écroule, mes jambes ne peuvent plus me porter." Alors qu'il s'était juré de ne pas se rouler par terre en cas de victoire, de peur d'être ridicule, c'est au sol, les bras en croix qu'il évacue la pression. Le dimanche 1er décembre, à 17h46 précises, la métamorphose de Forget a permis aux Bleus de remporter leur première Coupe Davis depuis 1932. De quoi en rester K-O.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité