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Leur plus belle victoire

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ParEurosport

Mis à jour 29/11/2011 à 11:06 GMT+1

Le premier volet de notre dossier sur la finale de 1991, il y a juste 20 ans, raconte que le triomphe de la France en Coupe Davis est d'abord celui d'un groupe sur lui-même. Pour parvenir à une osmose parfaite à Lyon, Noah, Leconte, Forget et les autres ont dû solder les comptes d'une génération.

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Crédit: Eurosport

"Notre force, c'est que nous sommes des copains." Rien n'est plus vrai que cette phrase prononcée par Yannick Noah lors de son discours après la finale victorieuse face aux Etats-Unis. Oui, le triomphe de Lyon, ce moment de gloire de toute une génération, c'est d'abord celui d'un groupe uni comme jamais il ne l'avait été. Rien n'aurait été possible sans le niveau atteint cette année-là par Guy Forget. Rien de tout cela ne serait arrivé sans le talent unique d'Henri Leconte. Et la Coupe Davis ne serait jamais revenue en France sans la capacité unique de fédérer de Noah. Mais au-delà des atouts des uns et des autres, jamais la France n'aurait signé cet exploit majuscule sans cette alchimie parfaite qui fut la sienne. Mais ce qui apparait aujourd'hui, avec le recul du temps, comme une évidence, ne coulait pas de source à l'époque.
Le tennis est un sport individuel où l'esprit d'équipe ne va pas toujours de soi. Les rapports de cette bande de potes n'ont pas toujours été aussi idylliques qu'en ce glorieux week-end. Surtout ceux entre Noah et Leconte. Un peu plus jeune, Forget a émergé parmi les meilleurs mondiaux à la toute fin des années 80. Il a longtemps souffert de ne pas monter aussi haut et aussi vite que ses deux ainés. Mais son caractère porte moins aux situations conflictuelles. Le vrai pote de Noah, c'est lui. Noah est plus qu'un capitaine pour lui. C'est aussi le parrain de son fils, Matthieu. Entre Yannick et Henri, tout a en revanche toujours été plus compliqué. Plus tourmenté. "On avait des egos surdimensionnés, admet Leconte. On était des égoïstes, même si je pense que la génération actuelle l'est encore plus." Ces deux-là étaient déjà côte à côte lors de la précédente finale de Coupe Davis, neuf ans plus tôt. C'était à Grenoble, face aux Etats-Unis déjà. La France s'était inclinée, mais avait pris date.
Crever les abcès
De Grenoble à Lyon, la vie a coulé. Pas toujours tranquillement. L'amitié, parfois. La complicité, souvent, comme lors de leur victoire en double à Roland-Garros, en 1984. Mais la rivalité, surtout. "On se tirait la bourre de façon monumentale, rappelle Leconte. Quand Yannick a gagné Roland-Garros, je n'avais qu'une envie, c'était de faire aussi bien que lui et même mieux." Le haut niveau les aura autant séparés que rapprochés. C'était inévitable. Les piques ont souvent fusé par voie de presse interposée même si, en 1987, avant Roland-Garros, Noah avait assuré après une nouvelle hausse de tension que, "avec Henri, rien n'est jamais sérieux". Une façon de dire que, chaque fois que c'était nécessaire, ils sauraient se retrouver. Avant la finale de Lyon, c'était plus que nécessaire. C'était indispensable. Vital.
Mais pour atteindre cette "alchimie parfaite" dont parle Leconte, il y avait un préalable: crever tous les abcès du temps passé. "Il a fallu faire un énorme travail sur nous-mêmes", poursuit-il. Pas simple. Chacun a pu évacuer ses frustrations, voire ses rancoeurs. "On a mis cartes sur table avant cette finale, dit encore Leconte. Il fallait qu'on en passe par là pour aller au bout tous ensemble. On s'est dit ce qu'il fallait se dire, on a parlé des trucs qu'on se disait dans les journaux. Les petits malentendus, les petites incompréhensions, les jalousies aussi." L'osmose lyonnaise ne tombe donc pas du ciel. Elle trouve sa source dans ce travail collectif, de Noah à Leconte en passant par Forget ou Santoro, qui n'était pas le dernier à avoir accumulé de la frustration, légitime, lorsqu'il a compris qu'il devrait se contenter du rôle peu enviable de cinquième homme.
Tout n'est pas devenu rose du jour au lendemain, et les vieilles rancunes sont parfois ressorties, plus tard. Mais jamais au cours de cette aventure unique. "Franchement, témoigne Leconte, pendant un mois, pas une fois je n'ai vu ou entendu un mec tirer la couverture à lui. Il y a eu des choses dites, après, notamment par Fabrice Santoro, mais pendant le stage, jamais. C'était une communion parfaite, une formidable aventure humaine." La nouvelle position de Noah a aussi facilité les choses. En devenant capitaine, il a cessé d'être un rival. Son ombre s'est faite moins imposante pour Leconte et Forget. Et comme nul n'a son talent pour mobiliser autour de sa personne et d'un projet, l'équipe de France s'est attaquée à l'impossible avec une rare force de conviction. Ce qu'Henri résume d'une phrase 100% "ritonesque": "On a gravi l'Everest et on l'a fait avec notre bite et notre couteau." Seuls des potes, des vrais potes, ceux qu'aucune arrière-pensée ne peut venir polluer, pouvaient conquérir un tel sommet.
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