Federer en toute modestie

Assuré, depuis sa victoire à Wimbledon, de déposséder Pete Sampras d'un des derniers records qu'il détenait, Roger Federer ne conçoit pas sa 287e semaine à la tête du classement ATP comme son couronnement au sommet de l'histoire du tennis. "Je ne me sens pas meilleur que quelqu'un d'autre, a-t-il déclaré après son septième titre sur le gazon londonien, parce que nous avons besoin des champions passés pour nous montrer la voie. Ils m'ont inspiré ainsi que d'autres joueurs dans cette chasse aux records. A leur époque, ils n'accordaient pas d'importance à cela. Ils jouaient simplement au tennis." En clair : il refuse de se considérer comme le meilleur joueur de tous les temps.

Une constatation difficile à croire toutefois. Les McEnroe, Lendl ou Connors, qui dominent toujours le Suisse au nombre de victoires en tournoi (voir ), étaient eux aussi des bêtes de compétition. Mais Federer insiste et préfère ne pas établir de parallèle : "Je ne pense pas que l'on puisse comparer les différentes époques, les différentes générations, les amateurs d'avant et les professionnels d'aujourd'hui. C'est impossible", a-t-il martelé.

Et le Suisse de rappeler le rôle grandissant des médias dans ce rapport aux records. "Les choses ont radicalement changé. Les médias nous rappellent sans cesse: 'vous devez faire ci, gagner ça, et vous serez considéré comme le meilleur joueur de tous les temps'", a-t-il analysé. Pourtant, comme beaucoup d'autres, Federer se considère avant tout comme un joueur. Au sens premier du terme. Il est là pour s'amuser. Les records viennent après. "Je ne suis pas venu à ce sport pour réaliser tout ça. Tout ce que je voulais, c'était me faire plaisir, vivre un rêve depuis tout petit. Ça doit rester le thème central quand je joue au tennis: me faire plaisir et être capable de jouer devant 50.000 personnes." Depuis 287 semaines, ça lui réussit plutôt bien.