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Monfils: "On a bien bossé"

Eurosport
ParEurosport

Publié 21/01/2009 à 04:15 GMT+1

Avant Melbourne, Gaël Monfils a mis toutes les chances de son côté pour réussir son tournoi et sa saison. Parti deux mois en Australie avec Roger Rasheed, il a sacrifié son confort européen pour aller plus haut. Après sa victoire au 1er tour, il nous expl

Vous êtes arrivé ici presque un mois avant le début de cet Open d"Australie. Cette préparation, différente de celle des autres saisons, est-ce un vrai plus ? Cela vous a-t-il permis de prendre vos repères ?
GAËL MONFILS: Un plus, je ne sais pas. Mais c'était surtout vraiment différent. Partir en Australie aussi tôt, cela me prouvait que j'étais vraiment motivé. Ce n'est pas facile de quitter l'Europe, mes amis, tous les repères que j'avais là-bas. Je suis parti sans trop savoir ce qui allait m'arriver.
Un défi ?
G.M. : Oui, un défi... Un choix de ma part, car je suis motivé pour bien jouer tout au long de l'année. Ça passe par des sacrifices, et celui-là en était un gros ! Je ne suis pas mécontent de l'avoir fait (sourire). Pour l'instant, ça marche bien, et l'on verra au premier tour si les sacrifices que j'ai fait paient.
Aviez-vous besoin de vivre cette expérience pour trouver un élan ?
G.M. : Pour un joueur, quitter son « cocon », ce n'est pas évident. Ça me fait du bien. Et ça fait du bien aussi à mon staff : on ne se connaît pas encore très bien, notamment avec Stéphane- Falchi, mon kiné. Nous travaillons ensemble depuis une semaine - ou Patrick Chamagne (mon préparateur physique). Ils savent que je suis toujours motivé. Patrick ne pensait pas forcément que j'allais rester autant en Australie, il croyait peut-être que j'allais faire un petit crochet par l'Europe… Mais non ! Ça montre également à ma famille que je veux y arriver, mettre toutes les chances de mon côté, m'en donner les moyens. Quitter l'Europe comme ça, ce n'est pas facile : je n'ai pas vu mes parents depuis hyper longtemps, surtout ma mère et mon frère (mon père vit en Guadeloupe). Ça manque !
Cela va faire pas loin de deux mois que je ne suis pas retourné en France. D'habitude, je vis entre la Suisse et Paris, et ce n'est pas super facile. J'ai déjà du mal à voir mes copains quand je suis en Suisse… Le peu de temps que je peux passer à Paris, ça fait toujours du bien. Là, je suis tout seul, depuis le début. Avec Roger (Rasheed, son coach), que je ne connaissais forcément. Il m'a fait faire des trucs de dingue à l'entraînement, donc ça m'a mis bien en jambes. Mais bon, sur le coup, quand on va dormir le soir, on n'a pas franchement envie de se lever le lendemain matin ! (rires)
Parlez-nous de votre relation avec Roger Rasheed. Cela fait désormais sept mois que vous travaillez ensemble, vous avez posé les "bases". C'était nécessaire pour construire quelque chose ?
G.M. : Oui. De toute façon, je travaille toujours à l'affectif. Roger est très dur, mais me comprend très bien. C'est quelqu'un- peut-être pas avec vous, mais avec moi- qui laisse voir ses émotions. On parle énormément. C'est un meneur d'hommes. Il y a des moments où je déconne vraiment avec lui. Par contre, quand on arrive à l'entraînement, que ce soit physique ou tennis, il est à 300 % ! C'est un militaire... Ces moments-là sont incroyables. Tout en sachant qu'après, il y a des moments de détente, où je vais souffler.
Vous avez trouvé le bon équilibre...
G.M. : Voilà. Maintenant qu'il commence à me connaître, on se comprend très bien, c'est beaucoup mieux.
Vous avez toujours clamé votre désir d'indépendance, tout en choisissant d'évoluer avec des coachs réputés " difficiles". Un paradoxe... Quel est votre avis sur la question ?
G.M. : Je pense qu'au niveau du tennis, j'ai vraiment besoin de quelqu'un qui me mène, qui me « rentre dedans ». Après, en dehors des courts, j'ai ma propre vie. Comme je l'explique à chaque entraîneur, sur le terrain, c'est sûr, je serai à 300%. Mais dans ma vie, je fais, entre guillemets, ce que je veux. Je ne suis pas très fou. J'aime bien les belles choses. J'ai peut-être des délires différents, mais je ne fais rien d'extrême. Je suis jeune, j'ai mes hauts et mes bas, mais quand j'arrive sur un terrain de tennis ou dans une salle de fitness, j'essaye de donner tout ce que j'ai.
Roger Rasheed est considéré par certains comme un simple "prof de gym". Qu'en pensez-vous ?
G.M. : Pour moi, c'est mon entraîneur tennis. Je ne réagis pas par rapport à ça. Les gens disent ce qu'ils veulent...
Quel est son truc en plus ?
G.M. : Ce n'est pas un truc en plus, c'est différent. Sa mentalité est différente. Il est toujours à l'extrême à l'entraînement. Je ne sais pas vraiment comment le définir, mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas une journée facile avec lui, c'est toujours au bout des limites. Et c'est pas mal ! Comme on se l'était dit au départ, on a travaillé dur. Honnêtement, je ne m'attendais pas forcément à avoir des résultats immédiatement, et je ne m'attends pas forcément à jouer super bien durant cet Open d'Australie. Mais si je peux le faire, je le ferai. On bosse, et l'on essaye de bien se construire pour la saison.
Même si les séances sont intenses, on a pu voir que la bonne humeur était au rendez-vous à la fin de l'entraînement.
G.M. : Oui. Roger était relâché. J'avais bien tapé la balle pendant 45 minutes. En gros, quand je lui montre que je suis sérieux, et que je m'entraîne bien, il est beaucoup plus tendre. En revanche, si je fais un entraînement pourri, c'est certain, il ne rigole pas du tout à la fin. Là, en tant qu'entraîneur, il était serein, puisque j'avais bien bougé mes jambes, j'avais chaud, j'avais bien tapé, j'avais fait ce qu'il me demandait. Il était content.
Êtes-vous d'ores et déjà en mesure de tirer un bilan de ces premiers mois de collaboration avec Roger Rasheed ?
G.M. : Pour l'instant, ce que je vois de lui, c'est qu'il sait ce qu'il veut. Il a des objectifs bien précis, est très professionnel. Quand je suis arrivé en Australie, il m'avait préparé un livre, d'une bonne trentaine de pages, où il a marqué les objectifs, les statistiques, sur chaque match, les points à améliorer, etc ! Il se renseigne tout le temps. Au départ, Roger, je ne le connaissais pas forcément très bien. Mais j'ai rapidement vu qu'il était hyper pro, hyper carré.
Quelle leçon retenez-vous de la saison qui vient de s'écouler ?
G.M. : Continuer à se dépasser sur le terrain. A l'entraînement surtout. Mieux je m'entraîne, mieux j'arrive à recréer les systèmes de jeu en match. Je dois continuer sur la ligne que je suis en ce moment.
Vous avez pris énormément de masse musculaire ces derniers temps. Cela vous rassure-t-il ? Est-ce nécessaire pour appliquer votre jeu ? Pensez-vous impressionner davantage vos adversaires ?
G.M. : Pour mon jeu, ça me sert vachement. Je tiens un peu mieux ma ligne, mes appuis sont plus forts, et quand je suis en bout de course, je pense que je peux balancer un peu plus la sauce. En même temps, en étant plus fort, cela me permet de prévenir les blessures. J'essaye de renforcer mes quadriceps car mes genoux tirent parfois. Si mes quadris sont plus forts, ça allège un peu mes genoux. Pareil pour le haut du corps : j'avais des problèmes d'épaule, je l'ai renforcée, et cela me permet de servir un peu plus fort. Donc je dirais qu'il y a un peu de renforcement, et en même temps, un peu de prévention.
Une place dans le top 10 est accessible très prochainement. Y penses-vous ? Si oui, où situez-vous cela dans vos priorités ?
G.M. : Je ne m'en préoccupe pas, vraiment. Je n'y pense pas. Je suis là, je fais mon tournoi, tranquillement, on verra ce qu'il se passe.
Le Gael cru 2009 se sent-il de plus en plus fort ? Vous sentez-vous plus attendu que les autres années ?
G.M. : Je ne sais pas. Mais je comprends de plus en plus de choses. J'apprends beaucoup de mes défaites, et j'essaye de bien écouter. J'acquiers de l'expérience au fur et à mesure. J'ai pris conscience de certaines choses. C'est sûr qu'on est un minimum attendus... En plus, j'ai bien joué il y a deux semaines. Donc... Je sais qu'il vaut mieux gagner ce premier tour (sourire).
Repensez-vous à ce qu'a réalisé Jo ici-même il y a un an ?
G.M. : Non, pas du tout. J'arrive dans mon tournoi, je sais que le premier tour est toujours très dur, on est toujours très tendu, on a toujours envie de bien faire, on nous attend toujours au tournant, donc...
Vous qui avez l'habitude de ne jamais regarder le tableau, avez-vous fait une exception cette fois ci ?
G.M. : J'ai vu vite fait... Mais je me concentre uniquement sur mon premier tour. Les premiers matches sont vraiment les plus importants, donc si on commence à se concentrer sur le deuxième ou le troisième tours, on ne s'en sort jamais !
Un parcours similaire à celui que vous avez pu avoir à Roland-Garros (Gael Monfils avait atteint les demi-finales, où il s'était incliné face à Roger Federer, ndlr)... Pensez-vous être en mesure de le faire, ici, à Melbourne ?
G.M. : Je me suis bien préparé. A moi d'arriver à mettre tout en place et jouer mon meilleur tennis. Il faut y parvenir au meilleur moment, c'est-à-dire maintenant.
A Roland-Garros, vous bénéficiez du soutien du public tricolore...
G.M. : Ici, je l'aurai dans le coeur ! (sourire)
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