Tous fans de Hewitt !

Lundi soir, Lleyton Hewitt va s'attaquer à une montagne. Elle est sans doute beaucoup trop haute pour lui. Novak Djokovic, numéro un mondial, tenant du titre et si dominateur depuis un an sur le circuit, parait trop fort et trop solide pour que l'Australien puisse fissurer l'armure serbe. Surtout après un début de tournoi où il n'a pas ménagé ses efforts. Bref, c'est presque mission impossible. Mais quoi qu'il arrive sur la Rod Laver Arena lors de la prochaine session nocturne, Hewitt aura marqué de son empreinte cet Open d'Australie, suscitant l'admiration de son public, mais aussi de ses confrères.

Retombé à la 187e place mondiale fin 2011, au terme d'une année où il a peu gagné parce qu'il a très peu joué, l'ancien numéro un mondial revient de très loin. "Il y a deux mois, je ne savais même pas si je pourrais jouer ici", a-t-il rappelé samedi après sa victoire pleine d'émotions contre le jeune Milos Raonic. Ces derniers mois, il a passé plus de temps dans les cliniques et en rééducation que sur les courts. Sa seule présence ici a donc valeur de victoire. Mais en se hissant en deuxième semaine, une première depuis un an et demi pour lui, le natif d'Adélaïde a prouvé qu'il pouvait rester compétitif pour peu que son corps le laisse un peu tranquille. Et l'Australie, jadis folle de l'enfant prodige qu'il fut, prend un plaisir fou à adorer le vieux grognard qu'il est devenu.

Ce qui est magnifique avec Hewitt, c'est de le voir rugir sur le court de la Rod Laver Arena, 15 ans après sa première participation. Il est riche et, sportivement, ses meilleures années sont largement derrière lui. Mais personne ne pourra jamais lui enlever son amour de la compétition et son plaisir pour le jeu. Un plaisir communicatif. Roger Federer fait partie de ses plus grands fans cette année à Melbourne. Les deux pères de famille se comprennent mieux que jamais. Dimanche, le Suisse a fait cet aveu très sympathique envers celui qu'il a contribué, plus que tout autre, à faire rentrer dans le rang voici quelques années. "Quand il a gagné hier (samedi), j'ai levé le poing, raconte-t-il. J'étais vraiment heureux pour lui. Heureux de le voir gagner des matches comme ça, de si belle manière. Il n'a rien à perdre ici et il en profite."

Même respect chez Rafael Nadal. Le Majorquin ne le cache pas, il a "une grande admiration" pour Lleyton Hewitt. "Je pense qu'il mérite le plus grand respect de tous ceux qui aiment ce sport. Il a eu, combien, cinq ou six opérations ces dernières années, et il est toujours là, il a encore la même motivation, la même envie de se battre sur tous les points. C'est fantastique." Et lui aussi n'a pas pu s'empêcher d'être content de la victoire de l'Australien contre Raonic. "J'ai regardé le match à la télé, poursuit Rafa. C'est dur, parce que j'ai une très bonne relation avec Raonic. Son coach vient d'Espagne et je suis proche de lui. Mais franchement, j'étais très ému quand Lleyton a gagné. C'est un des joueurs les plus charismatiques du circuit. Je l'ai toujours aimé, j'adore son esprit de compétition."

Hewitt, c'est la belle histoire de cet Open d'Australie 2012. Malheureusement pour lui, elle risque de prendre fin lundi. Il a battu Raonic à l'expérience, mais comme il le concède lui-même, face à Djokovic, "ça ne suffira pas". "Je suis sûr qu'il va faire un bon match contre Novak", pronostique pourtant Federer. "Je vais me préparer du mieux possible, mais il n'est pas numéro un mondial pour rien. Mais je vais profiter à fond du moment", assure Hewitt. On peut lui faire confiance. Comme on peut lui faire confiance pour tout donner sur chaque point. Hewitt est plus que jamais Hewitt.