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Débat : le tennis du futur

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 27/05/2011 à 01:23 GMT+2

Eurosport a organisé un débat sur l'avenir du tennis à l'ère numérique. Pendant plus d'une heure, les participants, dont Mats Wilander notamment, ont livré le fruit de leur réflexion. Entre humanisation des stars et développement des règles de ce sport, le tennis doit se rendre accessible à tous.

Eurosport debat tennis

Crédit: Eurosport

Le tennis peut-il et doit-il être sujet à des changements ? A entendre les différents acteurs du monde de la balle jaune, ce thème est aussi vieux que le monde. Pourtant, certains sont contre pour des raisons de traditions à respecter. D'autres pour, en raison d'une dynamique davantage économique. Eurosport, diffuseur des tournois de tennis tout au long de l'année, a eu l'audace de relancer le débat au sein des locaux de TF1 ce jeudi avec différents personnes aux regards et avis aussi différents que contrastés. Le but ? Essayer de savoir ce que pourrait être le tennis de demain, un "sport réservé à tous", selon un slogan bien connu de la Fédération Française de Tennis.
Le problème révélé est le suivant : la télévision est le support le plus utilisé pour regarder et apprécier le tennis, devant Internet, les journaux et magazines et les réseaux sociaux. Et la tendance de l'audience télévisée ne serait pas à la hausse, mais davantage à la baisse, voire à la stabilité. Le premier constat avancé est que le tennis a des règles compliquées, pour ne pas dire mal pensées. Entre le mode fonctionnement du calcul des classements mondiaux et le noms des tournois qui changent en fonction des sponsors, seuls les fanatiques - ceux qui dorment avec une raquette en somme - s'y retrouvent, mais peu les autres, ceux qui tombent sur un événement par hasard si leur abonnement télévisé le leur permet ou ceux qui reprennent le contact avec ce sport une fois par an avec Roland-Garros, pour ne parler que de la population française... De ce constat, une inquiétude du mode de consommation de ce sport et de la population qu'il touche est née, une inquiétude relayée par les uns, les acteurs économiques, et étouffée ou minimisée par les autres, les sportifs ou directeurs de tournois.
"Caroline Wozniacki sur Facebook ou Twitter ne permet pas d'amener les gens dans les stades"
Il faut savoir que le tennis est un sport qui a déjà vu beaucoup d'évolution. Une évolution dans ses règles, l'instauration du jeu décisif pour écourter les matches est un bon exemple, et dans sa technicité avec du matériel nouveau, des courts de nouveaux genres, qui a poussé à l'éclosion d'un nouveau style de joueurs. Pourtant, pour certains, des améliorations sont encore possibles et sont même nécessaires au tennis qui souffre encore d'une image très traditionnelle, voire décalée. L'exemple le plus fréquemment repris est le rapport encore éloigné qu'entretient le tennis avec les réseaux sociaux. Si certains joueurs ont leur compte Twitter ou leur page Facebook, cela ne les rend pas plus accessibles pour le plus grand nombre. Ils restent trop des produits marketing plus que des personnes à part entières.
L'ancien joueur de tennis, Mats Wilander, présent au débat Eurosport, résume bien la situation. "J'aime bien les réseaux sociaux, mais quand on parle de tennis ; pas quand les sportifs disent ce qu'ils mangent au petit déjeuner ou encore qu'ils viennent de rater leur avion." L'ancien N.1 mondial et consultant pour la chaîne en rajoute même une couche en affirmant que "mettre Nadal et Federer au même niveau que Paris Hilton ne joue pas pour eux. Si Caroline Wozniacki, actuelle N.1 mondiale, est sur Facebook, c'est bien, mais cela ne permet pas d'amener les gens dans les stades. Je ne pense pas que les réseaux sociaux sont le centre de préoccupation des joueurs. Ils ont peu de temps pour cela."
"Il faut un Ecclestone du tennis pour pouvoir changer les règles"
Neil Harman, journaliste pour le Times et grand utilisateur de Twitter, voit les choses autrement. "Les réseaux sociaux peuvent devenir des acteurs actifs pour humaniser les joueurs mais aussi pour que l'on parle d'eux davantage." Idée suivie de près par Julien Codorniou, responsable marketing de Facebook en Europe : "Le tennis n'a pas suivi le mouvement des réseaux sociaux. Nous y arriverons, mais le tennis n'a pas su se socialiser. La popularité des joueurs de tennis est encore moindre par rapport à celle des footballeurs. Il faut créer le buzz pour faire parler d'un match, susciter l'intérêt pour regarder le match. Par exemple, le match de Nadal-Isner au 1er tour de Roland-Garros m'a attiré l'oeil grâce à des alertes sur Internet. C'est par ce biais que un buzz se crée et que le lien se crée entre les joueurs et les fans et que les gens qui ne regardent pas le tennis en règle générale y parviennent par ce biais."
Pour attirer davantage de gens à suivre le tennis à la télévision ou ailleurs, l'idée serait également de modifier ses règles. Plusieurs idées sont avancées : supprimer le let au service, les avantages en cas d'égalité dans un jeu, raccourcir les sets en poussant les joueurs à jouer un jeu décisif à 4 jeux partout au lieu de 6-6, avoir des balles et des surfaces encore plus rapides pour plus de spectacle. Neil Harman, qui dialogue souvent avec Andy Murray via Twitter à ce sujet, avance également l'idée de supprimer l'échauffement avant les matches, ce qui représente une perte de temps pour le téléspectateur lambda qui sera distrait par autre chose si le match met du temps à commencer, tout comme s'il met du temps à se terminer, la partie le plus captivante d'un match finalement étant la fin...
Gerard Tsobanian, directeur du tournoi Masters de Madrid, a une vision plus pessimiste du problème. Pour lui, "les règles ne sont pas prêtes de changer dans le tennis, car il y a trop de décideurs. Entre les directeurs de tournois, de Grand Chelem, les sponsors et ma soeur (sic), chacun a son idée et s'y tient. Il faudrait un Ecclestone du tennis, une seule personne ou entité qui prennent des décisions, tranchent les problèmes et imposent cela aux circuits masculin et féminin. Mais nous n'en sommes pas là."
"Nadal est comme Peter Pan"
La vraie solution finalement serait que les joueurs tapent vraiment du poing sur la table pour avoir un poids plus conséquent et parlent d'une seule voix. Là, il y aurait des changements davantage pour leur confort pendant la saison que pour leur image marketing. Une image pourtant importante qui permet aux gens de catégoriser davantage leur "star". Michel Grach, directeur media/sponsoring auprès de la FFT, ouvre à ce titre une autre porte : "Nous avons besoin de travailler sur le charisme des joueurs. Nadal est comme Peter Pan. C'est le joueur le plus populaire auprès des jeunes. Mais nous avons besoin de plus de joueurs différents pour attirer plus de monde."
Le mot de la fin sera pour Wilander : "Il est important que les gens puissent s'identifier à un joueur. Et les stars sont peu nombreuses. Il faudrait plus de diversité, comme dans le football où il y a 22 acteurs. En tennis, il y a trois, quatre stars à la personnalité extraordinaire seulement. Nous avons la chance d'avoir depuis plusieurs années deux champions extraordinaires que sont Federer et Nadal. Mais que se passera-t-il quand ils quitteront le circuit ?"
- Crédit photos : © Stanislas Liban
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