Bartoli, c'est logique

Marion Bartoli a voulu y croire. Croire qu'en retrouvant les courts de Roland-Garros, la magie opèrerait à nouveau, comme lors de son formidable parcours qui l'avait menée jusqu'en demi-finales l'an dernier. Mais s'il y a parfois des alchimies inexplicables qui permettent de soulever des montagnes, il y a aussi, souvent, l'implacable réalité. Pour Bartoli, la réalité, en ce printemps 2012, c'est un cruel manque de résultats, de références et de repères sur la surface ocre (deux matches gagnés en cinq tournois !). Après une préparation peu convaincante, le numéro un française s'exposait à une grosse déconvenue. Elle n'a pas tardé à venir, avec cette disparition dès le deuxième tour, mercredi, face à Petra Martic.

La Croate n'était pas une inconnue pour Bartoli, qui l'avait dominée à Coubertin au mois de février. Mais cette fois, ce n'est pas passé. Et si elle était prévisible, cette sortie de route n'en est pas moins douloureuse. "Ce n'est pas évident de me dire que Roland-Garros est fini pour moi parce que j'ai vraiment tout donné pour être prête. J'ai vraiment fait le maximum pour être prête tennistiquement, mentalement et physiquement. C'est dur de voir que tout s'arrête maintenant", confie la huitième joueuse mondiale, qui n'aura donc jamais trouvé de bonnes sensations sur terre cette saison.

Mercredi matin, pourtant, elle se voulait optimiste. "Je me sentais mieux à l'échauffement que le jour de mon premier match, raconte-t-elle. Je me sentais prête à aller au combat." Mais une fois sur le court, rien ne s'est passé comme elle l'espérait. "Je commence vraiment mal le match, peste Marion. Au-delà du score, mon niveau de jeu était faible, les intentions pas bonnes. C'est dans le premier set que je perds le match à mon avis. J'ai commencé à mieux jouer à 6-2, 2-0 pour elle. C'est trop tard." Et même si à l'énergie, elle a réussi à enlever le deuxième set, ses doutes ont ressurgi au grand jour dans la manche finale. "Le manque de matches m'a forcément handicapé à la fin, concède-t-elle. Je n'ai pas ce supplément de confiance qui fait qu'à des moments cruciaux, je peux imposer des schémas de jeu qui me conviennent. J'ai eu l'impression de subir tout le temps."

L'anomalie, finalement, n'était-elle pas cette demi-finale en 2011? Roland-Garros n'a jamais vraiment réussi à Bartoli, qui disparait pour la neuvième fois avant le troisième tour ! "Je pensais vraiment pouvoir faire aussi bien que l'année dernière, assure-t-elle pourtant. J'ai tout donné, autant que l'année dernière, mais cette fois, ce n'est pas passé." Elle réfute en revanche l'idée selon laquelle le poids de son parcours 2011 aurait pesé sur sa prestation cette semaine. "Non, je suis partie sur d'autres bases au début de la saison, sans me dire que j'avais des points à défendre. Franchement, je n'avais pas de pression particulière, si ce n'est celle de vouloir bien faire, comme tous les ans."

Il ne lui reste plus qu'à se tourner vers la suite, qui passera par la saison sur gazon, mais pas par les Jeux Olympiques, même si ses relations avec la fédération française sont peut-être en phase de normalisation. Mercredi, Jean Gachassin, le président de la FFT, est venu soutenir la leader du tennis féminin sur le court Suzanne-Lenglen. "J'ai trouvé l'attitude de Jean touchante et gentille. C'était gentil de sa part venu me soutenir encore aujourd'hui", apprécie Bartoli, qui devrait rencontrer Gachassin et Gilbert Ysern prochainement pour "repartir sur des bases saines et constructives", dit-elle. C'était à peu près la seule éclaircie d'une journée bien sombre pour elle.