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Richard Gasquet, loup puis agneau

Laurent Vergne

Mis à jour 01/06/2016 à 21:13 GMT+2

ROLAND-GARROS - Il y a eu deux quarts de finale mercredi entre Andy Murray et Richard Gasquet. Le premier, superbe d'intensité, a été marqué par un Gasquet conquérant, agressif et menaçant. Dans le second, le Français, devenu totalement inoffensif, n'a pas existé.

Richard Gasquet à Roland-Garros

Crédit: Panoramic

L'histoire du jour

Entre Richard Gasquet et Andy Murray, c'est toujours un peu l'histoire du lièvre et de la tortue. Le Biterrois démarre souvent fort, pour se faire presque toujours croquer à la fin. C'était mercredi la huitième fois que l'Ecossais dominait le Français. Et sur ces huit victoires, il a perdu le premier set (au moins) à six reprises. Mais c'est aussi une autre fable qui vient en tête. Le loup et l'agneau. Pas besoin de vous faire un dessin pour que vous deviniez lequel des deux champions incarne chacun de ces animaux. Le paradoxe, c'est que, dans ce quart de finale, Gasquet a été tout à la fois loup et agneau. Ou pitbull et caniche. Ou plutôt pitbull, puis caniche.
Pendant deux sets, il a sauté à la gueule de Murray. Exactement comme il le fallait. Il était superbe, "Ritchie". Parce qu'à la palette tennistique qu'on lui connait, il ajoutait alors les autres ingrédients indispensables dans un match de cette ampleur : l'engagement, la densité physique, la volonté d'agresser, de faire mal. C'était parfait. Une main de velours dans une raquette de fer. Mais comme si souvent dans les matches entre ces deux-là, la bascule s'est opérée, et de façon extrêmement brutale. D'un combat ultra-intense de 2h15 pour deux sets, nous sommes passés à un non match d'une toute petite heure. Le 5-7, 7-6 a fait place à un douloureux 6-0, 6-2.
La potion magique n'avait pas assez d'autonomie
Murray sentait probablement que le match était plié après le tie-break du deuxième. Sans doute même Gasquet le pressentait-il. Tout se passe toujours comme si "Richix"jouissait momentanément des effets d'une potion magique dont Murray savait pertinemment que, tôt ou tard, ils allaient se dissiper. Il lui suffit que le pitbull redevienne docile. Un pitbull qui vous agresse, ça peut faire vilain. Un caniche qui s'accroche à votre pantalon peut vous mordiller la cheville, ça n'a jamais tué personne.
Aujourd'hui, Richard Gasquet n'a pas encore la carrure pour être ce pitbull pendant trois, quatre ou cinq sets, en tout cas sur terre battue. Sur le gazon londonien, oui, sans doute. A Roland, c'est une autre affaire. Son tournoi n'en reste pas moins une vraie source de satisfaction. Et n'oubliez pas que sur ses trois derniers majeurs (il était absent à Melbourne), Gasquet, c'est une demie et deux quarts.
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Gasquet est parti fort mais Murray était plus costaud : les temps forts du match

On a aimé

Voir une journée commencer à 11 heures du matin et aller à son terme sans que la pluie ne vienne interrompre les débats à aucun moment. C'est certes banal dans l'absolu, mais dans le contexte historiquement maussade de ces derniers jours, cela donne presque envie de hurler : "alleluiah!"
L'idée de voir Dominic Thiem ou David Goffin dans le dernier carré. On ne peut que déplorer que Rafael Nadal et Jo-Wilfried Tsonga, dans ce quart de tableau, se soient retrouvés hors course pour des problèmes physiques. L'Espagnol aurait probablement tracé sa route jusqu'au dernier carré. Et après lui, JWT aurait fait un joker de luxe. Mais Thiem et Goffin livrent une superbe saison. Notamment sur terre. Ils montent en puissance et c'est bien de voir un peu de sang neuf dans le dernier carré de Roland.
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Goffin - Gulbis, les temps forts

On n'a pas aimé

Le central quasi-désert pour le dernier match de la journée. Samantha Stosur et Tsvetana Pironkova ont joué devant un court Philippe-Chatrier où ne subsistaient que quelques grappes de spectateurs. L'immense majorité du public avait quitté le stade à la fin du quart de finale entre Murray et Gasquet. Les gens râlent quand ils ne voient pas assez de tennis, comme mardi, mais quand le programme est complet, beaucoup s'en vont avant le terme. Difficile de ne pas y voir un agaçant paradoxe.

Juste pour savoir

  • Le titre peut-il échapper au trio Djokovic-Murray-Wawrinka ? Je ne vois pas qui pourrait renverser la table. Trop tôt pour Goffin et Thiem ? Trop tard pour Berdych ?
  • Jouer un huitième le mercredi, un quart le jeudi et une demie le vendredi, au meilleur des cinq sets, sur terre battue, est-ce vraiment raisonnable ? Djokovic n'a joué qu'un set et deux jeux mercredi. Mais Goffin a joué quatre sets moins trois jeux...
  • Et s'il pleut jeudi, ce qui parait probable si l'on en croit Météo France, on fait comment pour finir dimanche ?
  • Et si c'était le Roland-Garros de la consécration pour Muguruza ?
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Garbiñe Muguruza (Roland Garros)

Crédit: AFP

Trois stats à retenir

19. Le pourcentage de points gagnés par Svitolina sur sa seconde balle lors de son match contre Serena Williams. Une vraie boucherie. Et sur sa première, c'était à peine mieux (38%).
31. Le nombre de défaites consécutives de Richard Gasquet face au numéro un ou numéro deux mondial. Le Biterrois avait remporté son tout premier duel de ce type, en avril 2005, lorsqu'il avait battu Roger Federer, alors numéro un mondial, en quart de finale à Monte-Carlo. Depuis, il a donc joué et perdu 31 matches face aux deux premiers du classement ATP.
34. Celle-ci est assez incroyable. Andy Murray a remporté ses 34 derniers matches face à des joueurs évoluant à domicile. Qu'il s'agisse de la Coupe Davis, des tournois du Grand Chelem ou de n'importe quel autre type de tournoi, l'Ecossais est toujours sorti vainqueur de ses 34 dernières rencontres face aux autochtones. "Muzz" se nourrit de ces contextes a priori difficiles. Il adore ça.
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Andy Murray

Crédit: AFP

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