Super Saturday, finale lundi ou... les deux : et maintenant, on fait quoi ?

Un vrai casse-tête. Journée blanche lundi, à peine deux heures de jeu mardi et voilà l'édition 2016 de Roland-Garros dans une situation pas loin d'être inextricable. "Nous ne sommes pas trop en retard, il y a encore des raisons d'être optimiste et nous le sommes d'ailleurs", clamait encore Guy Forget, lundi.

Mais contrairement à ce qu'espérait le directeur du tournoi, le programme est loin d'avoir rattrapé son retard mardi. Au contraire. Seuls les deux huitièmes de finale dames interrompus dimanche soir ont pu s'achever. C'est peu, trop peu pour que le tournoi ne se retrouve pas, désormais, confronté à un mal de crâne avec l'obligation de repenser entièrement l'architecture de la fin de cette quinzaine.

Non, c'est désormais impossible. Le coup était encore jouable, à condition de pouvoir beaucoup jouer ce mardi et terminer l'ensemble des huitièmes de finale. Mais il en reste encore quatre à finir dans le tableau masculin et quatre autres dans le tableau féminin. Aucun des huitièmes du haut du tableau dames n'a d'ailleurs pu commencer. Première conséquence, les huitièmes de finale s'achèveront, au mieux, mercredi, date à laquelle les... quarts de finale doivent en théorie s'achever.

Il est donc désormais sûr et certain que les demi-finales dames, initialement programmées jeudi, vont être décalées au vendredi puisque les joueuses du haut du tableau enchaineront dans le meilleur des cas, leur huitième mercredi et leur quart jeudi. Ce n'est pas forcément dramatique, dans la mesure où, comme l'a rappelé Guy Forget, les filles sont habituées toute l'année à jouer tous les jours. Chez les hommes, c'est beaucoup plus compliqué à envisager, puisque les rencontres sont au meilleur des cinq manches, et non trois, comme le reste de la saison.

Mais c'est désormais indispensable. Les joueurs du haut du tableau savent que, tôt ou tard, ils devront enchainer deux matches deux jours de suite. Prenons un exemple : admettons que, mercredi, Goffin batte Gulbis et que Thiem sorte Granollers. De deux choses l'une : soit le Belge et l'Autrichien rejouent leur quart dès jeudi, soit ils bénéficient d'une journée de repos et se retrouvent face à face vendredi. Mais le vainqueur devrait alors disputer sa demi-finale le samedi. D'une manière ou d'une autre, un enchainement de ce type est donc inévitable. "Un gars qui va gagner en 5 sets peut être amené à rejouer le lendemain et rejouer 5 sets à nouveau. Ce sont des choses que l'on veut essayer de leur éviter", plaidait Forget lundi. C'est désormais un voeu aussi pieux que caduque.

C'était jouable lundi soir. Cela reste possible mais, comme l'a confié un membre de l'organisation, "nous sommes désormais sur un fil." C'est le moins que l'on puisse dire. Il faudrait, d'abord, que les huit huitièmes de finale puissent s'achever mercredi. Heureusement, car il y a enfin une bonne nouvelle, la météo devrait être plus clémente après deux journées apocalyptiques.

Si l'on en croit les prévisions de Météo France, sans être idéal, loin de là, le ciel devrait rester sec quasiment toute la journée. En commençant dès 11 heures et en étalant les rencontres sur les courts Philippe-Chatrier, Suzanne-Lenglen mais aussi les courts 1 et 2, le coup est jouable. Et si tout se passe bien, les deux quarts Murray-Gasquet et Wawrinka-Ramos pourraient aussi être pliés. Mais cela ne résoudrait pas l'ensemble de l'équation, il est trop tard pour cela. Chez les hommes, le schéma "demi-finales vendredi, finale dimanche", n'est plus viable. Devant lui, le patron du tournoi a deux solutions.

Il est désormais presque acquis que la demi-finale du haut du tableau masculin se tiendra samedi. Il n'est en effet pas raisonnable d'envisager de faire jouer un huitième mercredi, un quart jeudi et une demie vendredi, sauf à voir débouler la CGT pour s'occuper du syndicat des joueurs. Les organisateurs pourraient décider, par mesure d'équité, de faire jouer les deux demi-finales masculines samedi.

Dans ce cas, Roland-Garros vivrait un samedi comme l'US Open en a longtemps vécu, avec les deux demi-finales masculines et la finale dames. Un "Super Saturday" à la française, jamais vu Porte d'Auteuil. Mais, on l'aura compris, cette édition 2016 n'est pas comme les autres. "A Flushing, pendant de nombreuses années, on jouait les demi-finales et les finales samedi et dimanche. Donc on peut gérer la situation", a d'ailleurs esquissé Forget dès lundi après-midi.

Si, à l'inverse, la première demi-finale (Murray-Wawrinka, si la logique est respectée) est maintenue au vendredi, il est probable que la finale, elle, serait décalée au lundi, sauf à ne pas mettre les deux finalistes sur un pied d'égalité. Certes, il est déjà arrivé qu'un des deux finalistes se qualifie le samedi, comme Agassi en 1999 ou Djokovic en 2015, mais l'Américain comme le Serbe n'avaient joué qu'un bout de match (7 jeux pour Agassi, un set et demi pour Djokovic). La donne, cette année, ne sera pas la même.

On en saura sans doute davantage à l'issue de la journée de mercredi. Guy Forget y verra un peu plus clair et il sera temps de trancher entre ces différentes options. Il n'y a de toute façon plus de scénario idéal. Reste que ces différents cas de figure ne tiendront que si la pluie se calme. Une nouvelle journée comme les deux dernières, et la cuvée 2016 de Roland-Garros serait assurée de s'achever la semaine prochaine...