Simon au bout de l'effort

Gilles Simon est un marathonien des courts de tennis. C'est une chose entendue par tout le monde, y compris par son adversaire du soir, Juan Martin Del Potro. Face à cet Argentin, qui a déjà battu le Français à deux reprises en trois rencontres, chaque match a été serré. Le 3e tour de l'US Open 2011 n'y a pas fait exception. Au bout d'un combat de près de quatre heures, le Niçois a réussi à battre l'Argentin et gagner le droit de défier sur son sol un Américain, John Isner, pour une place en quart de finale du dernier tournoi du Grand Chelem de la saison. Un exploit dans la même veine de celle de Tsonga la veille face à Fernando Verdasco car Del Potro avait déjà dominé le Français deux fois de suite en Grand Chelem, dont une dernière en cinq sets au 3e tour du dernier Wimbledon. Mais ce dimanche, c'était au tour de Simon de prendre sa revanche, même si l'Argentin est encore loin de son meilleur niveau.

Déjà auteur de deux matches de plus de 3 h 30 aux deux premiers tours, Simon est pourtant resté plus constant que son adversaire, qui a commis la bagatelle de 72 fautes directes, dont 29 dans le quatrième set et quatre cruciales dans le dernier jeu décisif. Simon (13 aces) a en outre mieux servi que l'Argentin avec 61% de premières balles contre 53. Des statistiques qui révèlent une forme physique en dent de scie pour Del Potro qui a semblé absent à certains moments du match et complètement épuisé à d'autres. Mais quelques coups d'éclats à l'échange et au service ont tout de même donné du fil à retordre à Simon qui a eu du mal à faire chuter la "Tour de Tandil", revenue sur la terre de ses exploits deux ans après son premier succès en Grand Chelem.

Del Potro a même failli pousser le Français, de plus en plus crispé, dans un cinquième set. Vers la fin de la quatrième manche, qui a duré 1h22, Simon est parvenu à sauver trois balles de set consécutives sur son service à 5-4, malgré un public penchant nettement plus pour son adversaire. Et le Niçois a parfaitement tenu ses nerfs au moment de disputer un second jeu décisif, contrairement à l'Argentin. C'est sur ce tie-break parfaitement maîtrisé que Simon porte à deux le nombre de Français en huitièmes de finale à Flushing Meadows, avec Jo-Wilfried Tsonga. Il s'agit du meilleur résultat en carrière pour le Niçois à Flushing Meadows. Contre son prochain adversaire, il aura l'occasion d'égaler son meilleur résultat en Grand Chelem, un quart à l'Open d'Australie en 2009. Si toutefois il parvient à récupérer physiquement...

En revanche, l'aventure de Julien Benneteau s'arrête au 3e tour de l'US Open. L e Français a été battu en trois manches par Andy Roddick (6-1, 6-4,7-6). Il ne sera donc pas pour la première fois de sa carrière en deuxième semaine à Flushing Meadows, comme Gilles Simon. Et pourtant avant la rencontre, beaucoup de spécialistes voyaient le Bressan battre celui qui a déjà gagné le tournoi new-yorkais en 2003. En effet, le Français avait été finaliste à Winston-Salem avant l'US Open et avait très bien commencé ce dernier tournoi du Grand Chelem de l'année avec deux victoires en trois manches face à Denis Istomin mais surtout contre Nicolas Almagro (10e joueur mondial) au premier tour. Quant à Andy Roddick il n'a guère brillé pour le moment cette saison, mis à part les deux premiers mois avec un titre à Memphis et une finale à Brisbane, l'Américain s'est raté dans les grands rendez-vous avec un huitième de finale à l'Open d'Australie et seulement un 3e tour à Wimbledon. Mais sur le terrain, toutes ses considérations se sont vite envolées.

En 25 petites minutes, le premier set était déjà dans la poche du Texan. Andy Roddick a vite donné le ton de la rencontre avec des services percutants (21 aces et 65% de premières sur l'ensemble de la partie) et des coups droits tranchants dignes de ses meilleures années. Pendant que l'ancien numéro un mondial déroulait, Julien Benneteau ne trouvait pas la solution, le Français étant constamment agressé par les montées au filet mais aussi les revers slicés de l'Américain qui lui ont fait commettre beaucoup d'erreurs. Mais le 81e joueur mondial s'est ensuite réveillé. Le Français n'a pas démérité, loin de là. Un vrai combat a eu lieu entre les deux hommes avec des échanges à couper le suoffle dans la dernière manche : même si Benneteau était au bord de la rupture, il a tout de même sauvé 7 balles de break...

"C'était dur. L"entame de match m'a pompé pas mal d’énergie pour la suite. J'avais du mal à trouver mes marques sur le court, ce qui est rare. D'abord, mon adversaire est solide et il sert bien. Ensuite, il y a ma fatigue. J’étais entamé et ça a joué sur mon niveau de jeu" Il a ensuite cédé dans le jeu décisif non sans avoir sauvé une balle de match. L'ancien numéro un mondial affrontera en huitièmes de finale David Ferrer. L'Espagnol, tête de série numéro 5 du tournoi, devra ce méfier d'Andy Roddick, auteur dimanche d'une partie solide avec 45 coups gagnants pour 16 fautes directes. Benneteau, lui, attendra de savoir s'il est retenu par Guy Forget pour disputer la demi-finale de Coupe Davis en Espagne. Après un bel été comme le sien et sans blessure à regretter, le Bressan a toutes les raisons d'espérer.