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A la poursuite des bateaux qui volent

ParAFP

Publié 09/07/2013 à 16:27 GMT+2

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Eurosport

Crédit: Eurosport

Les cormorans et les pélicans de la baie de San Francisco n'y sont toujours pas habitués et s'enfuient à tire d'aile pour laisser passer les étranges engins à deux coques qui, comme eux, effleurent la surface de l'eau mais à une vitesse au moins deux fois supérieure.
Nous sommes à proximité du Golden Gate Bridge et deux des catamarans AC72 engagés dans la 34e Coupe de l'America -le "defender" américain Oracle Team USA et l'un de ses trois challengers, le bateau italien Luna Rossa- profitent d'une météo idéale pour s'entraîner.
Au programme du jour, des départs et des virements de bord, histoire de peaufiner encore et encore des gestes qui ont déjà été exécutés des milliers de fois. Mais piloter de telles machines, hyperpuissantes, ultra rapides mais dangereuses, ne souffre pas l'approximation.
Pas question pourtant pour les deux AC72 de naviguer bord à bord, de se mesurer. La baie est vaste et les deux multicoques naviguent chacun dans leur coin, s'ignorant superbement. La Coupe de l'America -le plus vieux trophée sportif au monde (1851)- ne fait que commencer, nous n'en sommes qu'aux éliminatoires des challengers (Coupe Louis-Vuitton).
Sur Luna Rossa, immobilisé nez dans le vent à un jet de pierre de l'ex-île prison d'Alcatraz, Patrizio Bertelli -patron de la marque de prêt-à-porter de luxe Prada et du défi italien- est venu encourager Max Sirena et ses dix équipiers.
Le mât-aile, frappé d'un piranha la gueule ouverte, est en drapeau dans le lit du vent et les étraves du grand catamaran (22 m) argenté brillent au soleil. Les équipiers, casqués et harnachés comme des astronautes, vérifient une énième fois les réglages. L'un deux a été hissé en haut de l'étai pour aider le foc à monter en tête de mât.
Une fois les visiteurs remontés à bord des +chase-boats+, pneumatiques semi-rigides et surmotorisés de l'équipe, le monstre s'ébranle. Sirena abat légèrement, les équipiers reprennent un peu l'écoute de l'aile rigide et le spectacle commence.
Epoustouflant
Luna Rossa accélère brutalement et fonce comme un dément vers la bouée à virer. La coque au vent se lève progressivement et, à mesure que sa vitesse augmente, le bateau se met à voler au-dessus de l'eau, ne la touchant plus qu'avec ses safrans et le foil (dérive courbe) sous le vent. Epoustouflant...
Moteurs hurlant à plein régime, nous sommes à 32 noeuds (59,2 km/heure) dans son sillage et peinons à suivre le multicoque lancé comme un missile dans la baie de San Francisco.
Oracle, lui, croise du côté de Sausalito, dont les collines sont coiffées d'une légère brume fréquente en cette période de l'année. Indifférent aux ferries et aux porte-conteneurs qui sillonnent la baie, l'AC72 américain multiplie les départs, les virements de bord, noyant les coques et l'équipage, tout de noir vêtu, sous des gerbes d'écume.
Le catamaran américain semble plus sophistiqué architecturalement que le bateau italien et Oracle Team USA a manifestement beaucoup travaillé l'aérodynamisme de ses deux AC72.
Les accélérations de celui qui navigue sous nos yeux sont tout aussi foudroyantes que celles de Luna Rossa et, profitant d'une brise peut-être un peu plus soutenue, la "bête" vole maintenant à 36 noeuds (66,6 km/heure), dans un vent d'une quinzaine de noeuds.
Dimanche, l'AC72 néo-zélandais Aotearoa a atteint sans forcer la vitesse de 42,8 noeuds (79,2 km/heure). Pas de doute, la Coupe de l'America est entrée dans une autre dimension: les cormorans et les pélicans de la baie de San Francisco vont devoir s'y habituer.
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